Marcel Rigaud, premier débarqué à l’aube du 15 août



Dans la nuit du 14 au 15 août un vétéran de la guerre 1914-1918, le Capitaine Rigaud, eut l’honneur de prendre pied le premier sur la côte de Provence afin de guider le débarquement des commandos d’Afrique, qui ouvrirent eux-mêmes la voie au gros de l’armée.

En août 1944, sur la terre africaine à laquelle il a emprunté son nom, le groupe de commandos d’Afrique se prépare à accomplir sa mission. Je viens d’avoir la très grande chance d’être désigné, parmi de nombreux volontaires, pour faire ce que l’on appelle en termes militaires " la reconnaissance de plage ", un certain temps avant le débarquement proprement dit.

Vers 23 heures, lorsque, à environ cinq milles de la côte, j’ai aperçu pour la première fois les monts des Maures se détacher peu à peu en ombres chinoises sur un ciel de mousse bleue, j’ai presque hurlé : " La France, c’est la France qui est là ! "

Le lieutenant de vaisseau Johnson, de l’U. S. Navy, qui est avec moi, ne comprend pas plus le français que je ne parle l’anglais, mais après quelques bourrades il a parfaitement saisi ce que je voulais dire, et passant son bras sur mes épaules, il me répond simplement : " Old fellow ! "

Nuit tiède, silencieuse.

Maintenant la terre n’est plus qu’à un mille. Déjà des parfums de thym, de lavande, de pin, arrivent jusqu’à nous à pleines bouffées. Le L.C.A. glisse sans bruit sur la mer. Il me faut pourtant le quitter. C’est mon quatrième changement de bateau depuis 21 heures. L’ultime étape est arrivée. Ce sera désormais, sur une petite barque de caoutchouc équipée d’un moteur électrique, l’approche muette et bouleversante de la côte. Dernières poignées de main du lieutenant de vaisseau Johnson. Gorges serrées. Il n’ose rien me dire. Moi non plus.

Objectif : le cap de Malpagne.

Je dois en principe trouver deux petits rochers affleurants à 150 mètres environ en avant du cap, entre les plages du Rayol et du Canadel. Les avoir tellement étudiés sur les cartes me donne l’impression d’en connaître par cœur la moindre aspérité. Dans la nuit pourtant je ne peux compter que sur l’écume qu’ils doivent produire pour les repérer. Or la mer est désespérément calme. Aucun brisant n’apparaît. La Méditerranée s’est faite douce pour nous porter. Alors commence la recherche de la plage du Rayol. Son grand escalier à quatre arches doit normalement me permettre de l’identifier. Hélas ! une erreur initiale de quelques degrés ouest a amené notre surf-boat dans la baie du Canadel. Tout ce que peuvent donner les accus est employé à naviguer tout près de la côte, à la recherche fébrile des repères que la nuit voudra bien nous livrer.

Sur le rivage pas un signe, pas une lueur. Heureusement notre approche a totalement échappé à l’ennemi. Mais bien plus grande que la crainte d’éveiller son attention, je ressens soudain la peur panique de ne pouvoir accomplir ma mission. Je dois en effet d’un point donné émettre des feux verts pour faire d’abord débarquer les patrouilles de sécurité, puis les huit cent dix volontaires du groupe de commandos d’Afrique.

D’interminables minutes s’écoulent, aussi vaines, aussi désespérantes. C’est alors que je reçois une aide inattendue. Une lumière apparaît sur la côte. Une lumière qui se déplace. Un sous-officier allemand probablement, effectuant une ronde et qui nous guide vers la baie du Rayol grâce au faisceau de sa lampe électrique. Je me laisse faire. Je ne le quitte pas des yeux. Doucement j’approche du rivage. S’il savait, le Fritz !

Enfin en place. Signaux verts. Au large, les gars n’attendent que cela. A 0 heure 5 je caresse les rochers et je pleure comme un gosse !

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Iphone - Témoignage du capitaine Marcel Rigaud sur la plage du Rayol dans la nuit du 14 au 15 août 1944

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