Château de Bécon (disparu)

Histoire
Une première demeure attribuée à Philippe Le Masson, est construite vers 1713-1714, face à la Seine pour bénéficier du paysage.
Entre 1730 et 1739, le domaine de Bécon est segmenté en deux parties distinctes : une section haute organisée autour de la première demeure encadrée de jardins symétriques à la française et une section basse avec les communs ceinturés de terres agricoles. Au centre, un escalier à double volées donne accès à la demeure principale. En 1742, la comtesse de Sainte-Maure, alors propriétaire, effectue la rénovation des intérieurs et des extérieurs. On évoque la « maison de Bécon ». A la fin du XVIIIème siècle, la demeure initiale construite sur les hauteurs du domaine subirait encore des travaux sans que l’on connaisse l’état exact de ces opérations. Le prince Stirbey, futur propriétaire, évoque -dans un petit opuscule- la destruction du château sous la Révolution. Seuls les vestiges de l’escalier central et les caves, encore visibles aujourd’hui, attestent d’une ancienne propriété réalisée à la fin du règne de Louis XV.
Jean-Jacques Huvé, fils d’un procureur fiscal, serait l’architecte du premier château.
Le commanditaire du château serait André Charles Gueux ou plutôt son épouse, propriétaire de la demeure entre 1789 et 1818. Il devient ensuite la propriété de Catherine Didier, épouse en secondes noces de Maximilien Claude Joseph Edmée de Choiseul Meuse. En 1826, la famille Orsini d’Orbassano devient propriétaire jusqu’en 1837.
En 1837, le domaine appartient au Docteur Guillié, médecin et ophtalmologiste.
Il est fondateur d’une revue médicale à laquelle collabore Alexandre Dupuytren, propriétaire à la même époque du château de Courbevoie. L’amitié unissant les deux hommes explique en partie que le peintre James Roberts ait eu accès aux deux propriétés pour réaliser ses aquarelles.
A la fin des années 1840 ou au début des années 1850, un banquier d’origine basque espagnole prend possession des lieux : José Javier de Uribarren.
Adolphe Thiers y demeura quelques mois en 1855 et y travailla notamment à sa monumentale Histoire du Consulat et de l’Empire.
En 1860, quand José Javier de Uribarren revend le château de Bécon à deux coacquéreurs, Monseigneur Joseph Baudichon, ancien prélat originaire d’Indre-et-Loire et Mlle Bergougnoux, le domaine a fortement évolué.
Il semblerait qu’en 1861, la demeure ait hébergé une communauté religieuse frappée d’interdit par l’archevêché de Paris, ce qui alla jusqu’à faire l’objet d’un décret apostolique du cardinal Morlot le 14 avril 1856.
Le château a été racheté et agrandi par le prince George Barbu Știrbei (ou Știrbei, fils aîné de Barbu Știrbei) en 1869, qui y hébergea dans une maison attenante le sculpteur Jean-Baptiste Carpeaux jusqu’à sa mort en 1875.
Pendant la Commune de Paris, après une infructueuse attaque de nuit tentée par Louis Ernest de Maud’huy au cours de la bataille de Courbevoie , l’armée, commandée par le colonel Davout, le prit d’assaut le 17 avril 1871, alors qu’il servait d’avant-poste à 250 fédérés.
Les armées Versaillaises installent des batteries pour bombarder Neuilly et Paris aux mains des insurgés.
L’indemnisation des destructions donna lieu en 1873 à la jurisprudence de l’affaire du Château de Bécon.
Le parc actuel renferme une fontaine aux antiques faite d’éléments sculpturaux acquis par le prince, dont certains proviendraient du Palais des Tuileries, et héberge actuellement le Musée Roybet Fould. Fondé en 1927 par Consuelo Fould, petite fille du banquier Achille Fould qui fut ministre des finances sous Napoléon III, le musée Roybet Fould occupe la villa atelier de la fondatrice, par ailleurs peintre. Il s’agit de l’ancien pavillon que la Suède-Norvège édifia à Paris pour l’Exposition universelle de 1878, légué à la ville de Courbevoie à charge pour elle d’ouvrir un musée dédié à la mémoire de Ferdinand Roybe.
C’est pendant ce siècle que le hameau s’urbanisera progressivement, notamment avec l’arrivée des chemins de fer, faisant passer le château en arrière-plan de l’histoire de Bécon.
Seconde Guerre mondiale
À côté de l’importante gare de triage de la gare de Bécon-les-Bruyères et proche des usines Hispano-Suiza, le quartier a été bombardé pendant la Seconde Guerre mondiale, le 9 septembre 1943, par deux cents projectiles : Maurice Déribéré, habitant du quartier, raconte le 15 septembre 1943 : « On distingue maintenant les croix noires dessinées, ridiculement petites, des forteresses volantes anglo-américaines... L’avenue Séverine est jonchée de pavés... le souterrain qui va sur le côté Asnières est effondré... Pour aller de l’autre côté de la gare, il nous faut passer sur le pont des Couronnes, à demi-coupé par une bombe. »
Un autre témoin, Colette Soulat, explique : « Une bombe était tombée rue Galliéni... Un immeuble de la place de Belgique avait reçu une bombe entrée de biais qui avait tué tous les habitants réfugiés à la cave. Courbevoie ayant de nombreuses usines fournissant du matériel aux Allemands, ces derniers avaient une défense aérienne très au point. » Boulevard Saint-Denis, l’immeuble du 192 (toujours intact) était le plus haut de la région. Côté Seine, grâce à la large vue sur Paris, les Allemands avaient installé une batterie de DCA sur le toit.
Le rôle de ces usines est encore confirmé par ce témoignage : « On bombardait dans le pays où j’habitais, à côté de Bécon-les-Bruyères, à cause des usines Hispano-Suiza. Qu’est-ce que ça pouvait bombarder ! Il n’y avait plus une maison à Bécon, plus rien du tout ! »
Le bilan s’élève à environ 80 morts, 53 maisons et immeubles détruits, ainsi qu’une partie du château et l’usine Guerlain. Des décennies plus tard, des bombes non explosées seront périodiquement déterrées lors de travaux publics.
Malgré tout, la guerre sera l’occasion pour la commune d’acquérir le parc de Bécon en 1940 qui sera classé le 13 mai 1941. Le château fut encore endommagé en 1943, puis définitivement rasé en 1957 : Il n’en reste que les caves, le grand escalier et l’orangerie.
LES ARTICLES DIRECTES

La statue "Michel-Ange faisant sa première œuvre" - Péristyle côté droit

Vue sur {L’amour blessé} de Jean-Baptiste Carpeaux sous le péristyle gauche du château de Bécon-les-Bruyères

Vue sur la façade côté parc du château de Bécon-les-Bruyeres

Vue sur le château de Bécon depuis son entrée sur les quais

Vue sur le péristyle gauche du château de Becon (villa Orsini) à la hauteur du kiosque sud

Vue sur la terrasse du château de Bécon avec le groupe de sculpture "L’amour des anges" de Bergonzoli

Vue sur la façade Est et le péristyle droit de la villa Orsini (château de Bécon) ravagé par les combats de 1870 depuis la terrasse supérieur

Vue sur le château de Bécon (disparu) depuis le bassin
LES ARTICLES INDIRECT DE LA RUBRIQUE
Cadastre Courbevoie P_NUM_COU95 1931 Section BF

Courbevoie P_NUM_COU9 1853 - 1854 Section I dite de la Villa Orsini

Vue sur la batterie du Château de Bécon
