LDE carnet de route p.55 1917

  • 20 décembre 2014
Samedi 10 novembre. ━ Relève par le 87e R. I., sans histoire.

À 5 heures du matin, sommes au bois. Le lendemain nettoyage général des armes et des effets et apprenons notre nouvelle affectation, 7e corps d’armée, Région de Belfort-Besançon.

Mercredi 13. ━ À 4 heures du matin, les unes après les autres, les Compagnies quittent définitivement le Bois de Béthelainville.

Depuis le 7 juillet, nous sommes dans ce secteur à guerroyer sans arrêt, aussi nous ne le regrettons pas. Nous y laissons plusieurs centaines des nôtres, lourde contribution aux combats victorieux de ces derniers temps.
Sur le bord de la route qui conduit à Dombasles, les camarades du 272e R. I. nous crient leur dernier adieu.
La marche s’achève à Waly après 25 kilomètres de route.

Les 14, 15, 16 novembre. ━ Le régiment attend des ordres.

On astique. A partir de ce jour nous passons au secteur postal 194. J’avise de suite mes parents de ce changement d’adresse. Nous ferons partie de la 41e D. I.

Samedi 17. ━ Une file de camions boueux nous emporte vers la rive droite de Verdun.

Nous n’en sortirons donc jamais de ce secteur ! On passe à Ippécourt, à Nixéville et débarquons à Glorieux.
Couchons à la caserne Niel en partie détruite. C’est l’étape des régiments qui montent vers Bras-sur-Meuse.

Dimanche 18. ━ Nous rejoindrons les lignes ce soir, pour nous associer à nos deux nouveaux camarades de Division le 23e R. I. et le 41e R. I.

Le premier est de Bourg-en-Bresse, ancien régiment de mon frère Paul où il fut blessé pendant la bataille de la Somme. Le 41e est de Belfort. Troupes de l’Est.
Nous quittons la caserne Niel à 6 heures du soir pour relever le 229e R. I. qui est dissout. Nous montons sans sac, couverture et toile de tente roulées en sautoir. Il y a 15 km. à parcourir dans un secteur très accidenté. Je suis premier pourvoyeur de F. M., l’homme le plus chargé de l’escouade ; sur le dos un sac de chargeurs d’un poids de 18 kg.
En colonnes par 2 les sections suivent le chemin de halage du canal. La nuit est descendue froide et brumeuse. Dans un calme général, la longue file d’ombres avance lentement. En maints endroits le canal est crevé et des péniches enlisées se profilent sur la vase. Certaines sont occupées et de faibles lueurs s’échappent de leurs flancs.
Nous avons quitté le canal avant Bras-sur-Meuse que nous trouvons sur la droite. Le village est rasé des décombres, de la pierre et des poutres. Contre le flanc d’une côte qui s’élève sur main gauche, quelques lueurs falotes marquent la présence de cagnas d’artillerie. C’est la Côte du Poivre bien connue des communiqués. Ici plus de convois, c’est la zone d’infanterie.
Par une ancienne route nous contournons la Côte du Poivre pour descendre ensuite dans un ravin chaotique. La nuit est très noire et c’est avec peine qu’on suit la file constamment désarticulée par le bouleversement du terrain boueux.
Une côte à monter : c’est paraît-il la cote 344 où nous allons prendre ligne. Jusqu’à présent il n’y a pas eu la moindre trace de boyaux.
Le sol est glissant et l’ascension commence dure, lourde, écrasante. À mi-côte, épuisé par le poids de la ferraille que je porte, je me laisse couler sur le côté. Étendu sur le sol, je laisse passer la série des sections.
Au dernier homme, je me redresse et reprends l’ascension. Au sommet, avec beaucoup de mal, je retrouve ma section égrenée dans un petit boyau de 40 cm. de profondeur, petit fossé de boue et d’eau. Il y a bien un petit abri, un escalier de 10 à 15 marches entièrement occupé par les premiers arrivés. Je n’ai plus qu’à m’accroupir dans le fossé ruisselant sans aucune protection contre la pluie. Avec deux camarades, je vais à la recherche d’un abri, au moins pour se protéger de la brume qui fond à fines gouttes. Rien. Nous passerons la nuit accroupis sous une tôle ondulée.

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