LDE carnet de route p.34 1917

  • 23 novembre 2014
Mardi 7 août. - Pour la 5ème fois je quitte La Réole.

Mon frère Paul, guéri de sa blessure m’accompagne jusqu’à Bordeaux. Il rejoint son dépôt à Bourg-en-Bresse.

Mercredi 8 août. - Jessain, gare régulatrice.

On me dirige sur Revigny-sur-Ornain dans la Meuse.
Ici je renonce à coucher dans les baraquements pourris par la vermine et je passe la nuit sur le pas d’une porte tandis que les boches viennent jeter du côté de la gare de nombreuses bombes.
Au jour un train m’amène à Bar-le-Duc, passe à Commercy et me dépose à Sauvoy où je trouve une baraque pour la nuit.
Le régiment serait dans le secteur de St-Mihiel.

Vendredi 10. ━ Avec un groupe de permissionnaires, je rejoins à pied le petit village de Loxéville où une voie 60 nous conduit à Gondrecourt, station de la chevauchée de Jeanne d’Arc.

Tous les permissionnaires du 128e doivent rejoindre le " village nègre " au sud de St-Mihiel.
« Au village nègre », ma Compagnie est prête à monter ce soir en ligne, mais je ne peux la rejoindre, car mon sac et mes armes sont à Marcaulieu aux bureaux.

Samedi 11. ━ À Marcaulieu, j’ai récupéré mon matériel que le caporal fourrier Virton m’a remis et suis parti pour les lignes à 10 h. du matin.

Ce n’est plus cote 304. Paysage de paix, vallons frais, bois profonds et giboyeux. Le ciel est beau, les oiseaux chantent, pas un coup de canon.
Avec deux compagnons de route cheminons dans la forêt jusqu’au P.C. Pierre, P.C. du Colonel. C’est un village mi-troglodyte, mi-huttes. Devant un superbe abri le Colonel Berthouin est en conversation avec le Commandant Gentis. À sa hauteur, le Colonel nous interpelle :
━ Hé, là ! les permissionnaires ! venez un peu ici !
À chacun de nous il demande des nouvelles des nôtres, de nos enfants...
━ Et toi, me dit-il, es-tu marié ?
━ Non, mon Colonel.
━ Alors qu’attends-tu pour te marier ?
J’ai pensé en moi-même : que vous donniez l’exemple. Le colonel est vieux garçon.
Nous voici aux cuisines. Casse-croûte au milieu de nos vieilles connaissances : le caporal cuistot et sa bande de diables crasseux et gras.
Vers 3 heures de l’après-midi nous entrons dans les lignes par le boyau Joffre sous un soleil éblouissant. Le boyau Joffre est magnifique. Il peut être comparé à ceux des camps d’instruction, tout neuf, parois parfaitement étayées, caillebotis propres, alignés impeccablement. Il longe une crête qui domine toute la vallée de la Meuse, magnifique de beauté dans sa draperie verte. Jalonné par des peupliers, le fleuve coule ses eaux moirées devant la ville de Saint-Mihiel. Cette ville qui est derrière les lignes ennemies abrite paraît-il toute sa population civile. Sur notre gauche, l’éperon du fort des Paroches. Au pied du fort le village des Paroches traversé par nos lignes. Voilà notre champ de bataille. Cependant à mesure qu’on avance, on découvre dominant Saint-Mihiel la masse imposante du fort du camp des Romains livré honteusement par son commandant à l’ennemi en 1914.
Par un boyau nous descendons dans la vallée, et dans la tranchée Besson je retrouve mon escouade.
━ T’as rapporté de la gnôle ?
Le Coniat est le premier à m’interpeller.
Selon la tradition, je vide mes musettes et le paquet que mes parents ont eu la bonté de me préparer. Bruyamment l’escouade avale vin, gnôle et poulet.
━ T’ sais, me dit Dekoninck, ici c’est pépère. Deux fois la soupe chaude. On en écrase le jour et on garde la nuit à cause des gazs. Les boches sont comme nous, y s’en foutent. Deux ou trois 105 par jour et c’est tout. Un vrai filon.
À la nuit, sous un firmament bleuté, deux hommes restent dans la tranchée, le reste dort paisiblement dans une sape confortable.

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