Incendie des nouvelles galeries Marseille 28 octobre 1938

Incendie des Nouvelles Galeries à Marseille 1938

L’incendie des Nouvelles Galeries est une catastrophe qui s’est déroulée le 28 octobre 1938, dans un grand magasin situé sur la Canebière à Marseille1. Il a causé la mort de 73 personnes.

Contexte

Construit à la fin du XIXe siècle par l’architecte Léon Lamaizière, le magasin est inauguré le 6 avril 1895. Sa façade se situe au milieu de la Canebière et l’arrière rue Thubaneau. Il couvre un important quadrilatère de 3 500 m2. Face à lui, l’hôtel de Noailles, le Grand Hôtel et l’hôtel Astoria où il est de bon ton de loger les personnalités politiques, les vedettes du spectacle, les riches armateurs, négociants et commerçants et tout le gotha de passage à Marseille.

Ce 28 octobre 1938, le 35e congrès du Parti républicain, radical et radical socialiste se déroule au parc Chanot et la plupart des responsables politiques logent à l’hôtel Noailles. C’est ainsi qu’Édouard Daladier, président du Conseil, Édouard Herriot, président de l’Assemblée nationale et maire de Lyon, et Albert Sarraut, ministre de l’Intérieur, entre autres personnalités, assisteront au drame.

Le prestigieux magasin marseillais, présenté comme le plus grand de la région et dont le directeur est Raoul Foucher, est en travaux en prévision des fêtes de fin d’année. Bien que la conjoncture économique ne soit guère brillante, le magasin continue son activité commerciale pendant les travaux. Malgré leur apparente opulence, les Nouvelles Galeries éprouvent de sérieuses difficultés financières.

Le magasin est constitué de parquets cirés, tentures, tapis épais, bois, tissus… L’armature de type Eiffel est métallique.

Déroulement de l’incendie

Le vendredi 28 octobre 1938, le mistral souffle fort sur Marseille. Une épaisse fumée noire s’échappe du magasin des Nouvelles Galeries. Des passants aperçoivent des gens qui crient : « Au feu… Au feu… ». Il est 14 h 37. Dans le magasin à l’intérieur duquel se trouvent surtout des clientes, le feu va prendre avec une incroyable rapidité.

Les sapeurs-pompiers de Marseille interviennent rapidement, mais par petits groupes successifs. La première autopompe arrive à 14 h 41 et 16 minutes après l’alerte seulement, sept autopompes, une échelle aérienne, un monitor et 54 hommes sont sur les lieux.

Les forces de police, mobilisées au parc Chanot, sont insuffisantes pour assurer l’ordre. Quelque 10 000 badauds bloquent la Canebière, gênant l’arrivée et la manœuvre des secours, certains voulant maladroitement prêter main-forte aux sapeurs-pompiers5. Les voitures roulent sur les tuyaux qui éclatent.

Le commandant Fredenucci, chef de corps, a été blessé quelques jours plus tôt lors de l’incendie d’une usine, c’est son adjoint, le capitaine Durbec qui dirige les secours. Celui-ci est blessé au début de l’intervention. Privés de leur chef, les « soldats du feu » marseillais sont alors dépassés par l’ampleur du sinistre. Plusieurs officiers sapeurs-pompiers, ayant assisté le matin à une réunion de la défense passive, sont présents sur les lieux et donnent des ordres sans aucune coordination aux pompiers arrivés en renfort. Enfin, comble de malchance, le débit des nombreuses lances à incendie fait chuter la pression sur le réseau d’eau qui alimente les établissements. Un employé d’une société des eaux suppose une fuite sur une canalisation. Aussi il coupe l’alimentation, privant d’eau les sapeurs-pompiers.

À 15 h 20, le contre-amiral Émile Muselier, commandant la Marine nationale à Marseille et dont les locaux se situent à proximité des Nouvelles Galeries demande des renforts au contre-amiral Marc Mottet, major général de l’arsenal de Toulon.

À 15 h 30, le lycée Thiers est évacué sur ordre du préfet6 car le vent attisait les flammes dans sa direction.

Action des marins pompiers de Toulon

À 15 h 30, un détachement de 32 marins pompiers de Toulon décale vers Marseille sous les ordres de son commandant, l’officier principal des équipages Louis Godart. Le matériel engagé consiste en un fourgon pompe, une échelle mécanique pivotante de 30 mètres, une voiture électro ventilateur, une autochenilles tractant une motopompes lourde, une camionnette de transport de personnel et de tuyaux et un side-car de liaison.

Le détachement arrive sur les lieux à 17 heures pour les véhicules les plus rapides, à 17 h 20 pour les plus lents. Mais il est déjà trop tard, le grand magasin est condamné et il faut faire la « part du feu » car le vent pousse les flammes qui traversent la Canebière et attaquent les grands hôtels. Pour les marins-pompiers, la partie s’annonce difficile car les raccordements aux bouches d’incendie de la ville ne sont pas compatibles avec le matériel des Toulonnais. Il faudra alors mettre le fourgon pompe en aspiration dans les eaux du Vieux Port, en installant des motos pompe en relais pour qu’il y ait assez de pression aux lances, malgré les pertes en charges dues à des établissements de 300 mètres.

Grâce à leur échelle mécanique pivotante de 30 mètres et au savoir faire des échelliers, les marins pompiers sauvent du désastre l’hôtel Noailles et l’hôtel Astoria, dont les toitures et les combles sont embrasés.

Sur ordre du préfet, plus de 160 pompiers avec leurs autopompes, fourgons d’incendie et échelles mécaniques arrivent en renfort des communes voisines, d’Aubagne-les Pennes, d’Aix-en-Provence, de Berre, de Marignane (ville et aviation), de Toulon (ville), de Salon-de-Provence, Martigues, Arles, Tarascon et d’Avignon. Édouard Herriot, maire de Lyon, fait venir vingt de ses pompiers avec leur chef de corps, par train spécial. Ils n’arrivent sur les lieux qu’un peu avant minuit et ne purent que participer au noyage et au déblai.

Bilan

Le bilan est lourd : 73 personnes sont mortes ou disparues7 dont de nombreux corps calcinés non identifiables.

Les victimes, dont la plupart sont des employés du magasin, sont inhumées le 14 novembre au cimetière Saint-Pierre, dans une sépulture collective offerte par la ville. Le nombre de blessés n’est pas connu officiellement, mais les historiens en estiment le nombre entre 150 et 200, incluant les blessés légers, les victimes parmi les pompiers, ainsi que les personnes mortes ultérieurement des suites de leurs blessures.

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