Moselle

  • 25 avril 2020

Histoire

La Moselle est l’un des 83 départements conçus à la Révolution française, le 4 mars 1790 en application de la loi du 22 décembre 1789, à partir notamment de la partie nord de la province de Lorraine et d’une partie de la province du Barrois, ainsi que de la principauté épiscopale de Metz. L’un de ses premiers préfets est le comte de Vaublanc, de 1805 à 1814. Le département est alors divisé en quatre arrondissements : Metz (chef-lieu du département), Briey, Sarreguemines et Thionville.

Il connaît plusieurs rectifications de frontière jusqu’à la convention d’octobre 1829. D’autre part, trois de ses communes sont rattachées au Bas-Rhin : Bouquenom3 et Sarrewerden4 en novembre 1793n 6, ainsi qu’Obersteinbach en 18335.

Annexion par l’Allemagne

Conformément au traité de Paris de 1814, la Moselle perd au profit de la Prusse le canton de Tholey ainsi que sept communes du canton de Sierck-les-Bains6. L’année suivante, dans le cadre d’un autre traité de Paris, les cantons de Relling et de Sarrelouis sont partiellement cédés aux Prussiens ; certains des villages et hameaux concernés redeviennent français en 18297.

Le 10 mai 1871, ce département est rayé de la carte à la suite du traité de Francfort, celui-ci ayant pour origine une défaite militaire contre les Allemands. À la suite de cette défaite, la création de l’Empire allemand fut proclamé le 18 janvier précédent, dans la galerie des glaces du château de Versailles. La nouvelle Allemagne annexe la plus grande partie du département, ainsi qu’une part du département de la Meurthe et des Vosges8. Seul l’extrême-ouest de la Moselle, correspondant à l’actuel arrondissement de Briey, reste français et forme avec les arrondissements du département de la Meurthe restés français, le nouveau département de Meurthe-et-Moselle. Les territoires devenus alors allemands comprennent non seulement la partie germanophone de la Lorrainen 7, territoire dans lequel les habitants parlent le francique lorrain, ou Platt, mais aussi des régions où l’on parle français, comme le Pays messin et la majeure partie du Saulnois. Les arrondissements existants depuis 1800 sont redécoupésn 8, et l’on crée le Bezirk Lothringen, ou district de Lorraine, correspondant à l’actuel département de la Moselle. Il forme alors, avec l’Alsace, le Reichsland Elsaß-Lothringen, avec Strasbourg pour chef-lieu.

De là est né le mythe des « provinces perdues », correspondant en fait à cette nouvelle terre d’Empire, ou Reichsgebiet, dont les traces subsistent dans le statut particulier de l’Alsace-Moselle. L’esprit de revanche, que nourrissait la perte de la Lorraine et de l’Alsace au sein de la population française et de sa classe politique, exalte en France un sentiment profondément germanophobe9, propice aux velléités guerrières de la France. Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, les Mosellans sont incorporés dans les troupes allemandes. Entre 1914 et 1918, si 18 000 Alsaciens et Mosellans s’engagent dans l’Armée française, 380 000 Alsaciens-Lorrains, soit plus de 95 % des conscrits, nés Allemands se battent pour l’Empire allemand jusqu’à la fin de la guerre. Pour éviter les désertions, la plupart sont envoyés sur le front Russe.10. Leurs tombes sont aujourd’hui entretenues par le Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge. Ceci explique la spécificité des monuments aux morts du département, qui ne portent souvent que l’inscription lapidaire « À nos morts », en lieu et place du traditionnel « Morts pour la France ».

Résurgence

Carte du Nord-Est de la France montrant la frontière de l’Empire allemand séparant le Haut-Rhin de l’actuel Territoire-de-Belfort, rajoutant deux cantons vosgiens au Bas-Rhin, coupant l’ancien département de la Meurthe en son tiers nord-est et l’ancien département de la Moselle en son quart ouest. Les deux territoires nord-est ont formé le département actuel de la Moselle et ceux du sud-ouest l’actuel département de Meurthe-et-Moselle.
Redécoupage des frontières départementales à la suite de l’annexion de 1871.
Entre l’armistice du 11 novembre 1918 et la promulgation du traité de Versailles le 10 janvier 1920, la Moselle est, juridiquement, un territoire sous occupation de l’armée française. Quand en 1919, le traité de Versailles rend à la France les territoires lorrains perdus, on ne reconstitue pas les anciens départements, mais le « Bezirk Lothringen » devient le « Département de la Moselle », conservant les anciens arrondissements de Boulay-Moselle, Forbach, Metz, Sarreguemines et Thionville et ceux de Château-Salins et Sarrebourg, qui avant 1871, appartenaient à la Meurthe. Le département de Meurthe-et-Moselle reste de ce fait inchangé, conservant l’arrondissement « mosellan » de Briey.

Dans l’entre-deux-guerres, la Moselle reste traumatisée par les déchirures de la guerre et les dommages collatéraux des nationalismes.

Les intellectuels mosellans réagissent diversement au rattachement de la Moselle à la France. L’avocat Robert Schuman se montre conciliateur et recherche une synthèse entre le sentiment d’appartenance à la nation et les nombreuses spécificités alsaciennes-mosellanes. Il sera notamment l’un des architectes du Droit Local d’Alsace et de Moselle. D’autres par contre s’engagent sur la voie d’un nationalisme pro-français, revanchard et cocardier. D’autres s’engagent sur la voie antagoniste d’un nationalisme pro-allemand, tout aussi vindicatif et belliqueux. D’autres enfin, comme Adrienne Thomas11, Polly Maria Höfler (1907-1952), Ernst Mungenast ou Alfred Pellon12, hésitent entre un pacifisme sincère, mais naïf, et un régionalisme culturel identitaire13. Ces mouvements, plus ou moins autonomistes, seront ensuite largement exploités par les nazis14. Ce combat identitaire, souvent mené par des intellectuels idéalistes, qui s’inscrit parmi des courants de sensibilité à l’œuvre dans l’Europe entière, traduit aussi une crise d’identité propre à l’ensemble des Alsaciens-Lorrains15.

Seconde Guerre mondiale

Modèle de vase en faïence de Sarreguemines.
Articles détaillés : Annexion de la Moselle (1940) et CdZ-Gebiet Lothringen.
La Moselle est touchée par la Seconde Guerre mondiale, dès la déclaration de guerre le 3 septembre 1939 : près de 30 % du territoire de la Moselle se trouve entre la Ligne Maginot et la frontière franco-allemande16. 302 732 personnes, soit 45 % de la population du département, sont évacuées pendant le mois de septembre 1939 vers des départements du Centre et de l’Ouest de la France, essentiellement la Charente, la Charente inférieure, la Vienne, la Haute-Vienne et enfin la Haute-Loire qui accueillent les mineurs17. L’ordre d’évacuation pour les villages frontaliers comme Oberdorff a été donné dès le 1er septembre18. Parmi les quelque 300 000 évacués, 200 000 reviendront après la défaite19.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, malgré l’armistice du 22 juin 1940, la Moselle est à nouveau annexée, en juillet de la même année, par l’Allemagne nazie. Elle n’est pas réunie à l’Alsace, qui subit le même sort, mais intégrée au Gau Westmark, la "Marche de l’Ouest", comprenant aussi la Sarre et le Palatinat, Sarrebruck en était le chef-lieu. L’importance de la population francophone en Moselle, ou tout simplement francophile, amène le Gauleiter Bürckel à procéder à des expulsions massives vers la France. L’évêque de Metz, Joseph-Jean Heintz, expulsé dès le mois d’août, en est un bon exemple. Moins bien traités que les Alsaciens, les Lorrains expulsés se félicitèrent bientôt de leur destin quand, en 1942, les jeunes Mosellans restés ou retournés au pays furent soumis à l’incorporation de force dans les armées allemandes.

Comme dans le reste de la France, plusieurs types de résistance à l’annexion virent le jour, prenant parfois la forme de groupes organisés et structurés, comme le Groupe Mario, animé par Jean Burger, ou le Groupe Derhan. Au cours de ces années noires, plus de dix mille Mosellans furent déportés dans des camps, notamment dans les Sudètes, pour s’être opposés publiquement à l’annexion en janvier 194320. Si des villages lorrains furent libérés dès le début de septembre 1944, au début de la Bataille de Metz, la ville elle-même ne fut libérée que le 21 novembre et il fallut attendre le mois de mars 1945 pour voir les combats cesser dans le nord-est du département.

Le bilan matériel de la guerre est très lourd en Moselle. À partir du printemps 1944, les bombardiers américains se sont succédé par vagues au-dessus de la Moselle, faisant d’énormes dégâts collatéraux. Si les populations civiles furent durement touchées, les dégâts matériels furent plus grands encoren 9. Les dévastations sont généralisées dans la vallée de la Seille, entre Dieuze et Metz, et au nord d’une ligne Forbach-Bitche. 23 % des communes de la Moselle furent détruites à plus de 50 %, et 8 % des communes le furent à plus de 75 %21. Dans la seule journée du 9 novembre 1944, un total de 1 299 bombardiers lourds B-17 et B-24 déversèrent 3 753 tonnes de bombes, de 1 000 à 2 000 livres, sur les ouvrages fortifiés de la Moselstellung et les points stratégiques situés dans la zone de combat de la IIIe armée. Ce funeste ballet aérien ne prendra fin, au-dessus de la Moselle, qu’en mars 1945, lorsque le département sera entièrement libéré.

Portfolio

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La région a été formée entre autres à partir des anciens duchés de Lorraine et de Bar ; des Trois-Évêchés de Metz, Toul et Verdun ; des comtés de Vaudémont, de Dabo et de Créhange ; des principautés de Salm et de Commercy et de la partie sud du duché de Luxembourg. Le comté de Sarrewerden, d’abord rattaché aux districts de la Moselle et de la Meurthe, a finalement été attribué au département du Bas-Rhin en novembre 17933 car sa population était en majorité protestante.

La Lorraine culturelle s’étend également en Belgique, avec la Lorraine belge, composée de la Gaume (patois : gaumais) et du pays d’Arlon (patois : arlonais).