Lorraine

  • 27 avril 2020

Histoire

De l’âge du fer à la Lotharingie

Durant l’âge du fer, l’actuelle Lorraine est occupée par les Trévires au nord, les Médiomatriques dans la Basse-Moselle, les Leuques dans la Haute-Moselle, les Lingons à l’extrême sud-ouest26 et les Séquanes à l’extrême sud-est27.

C’est ensuite l’un des foyers d’apparition des Celtes (Civilisation de Hallstatt) dont on retrouve de nombreux sites archéologiques (Camp celtique de la Bure, Colline de Sion…)

Lors de la conquête romaine de la Gaule, la Lorraine est incluse dans la Gaule belgique. Lors de la paix gallo-romaine les principales cités sont : Metz (Divodurum Mediomatricorum), Verdun (Verodunum), Toul (Tullum Leucorum). Après le déferlement des Huns d’Attila, les Francs conquièrent la Gaule belgique. Ils créent en particulier un royaume, l’Austrasie, dont les capitales seront Metz et Reims. Ce royaume est apparu en 511 à la mort de Clovis, lorsque le territoire de celui-ci a été partagé entre ses fils. Cependant, le nom d’Austrasie n’est mentionné pour la première fois que pendant le règne de Childebert II28 ; il fut d’abord désigné comme Royaume de Reims, puis Royaume de Metz, du nom de ses capitales. La Lorraine telle que nous la connaissons aujourd’hui est un vestige du royaume créé pour le Carolingien Lothaire II, la Lotharingie, alors que ses frères recevaient les royaumes d’Italie et de Provence.

Terre du Saint-Empire romain germanique

En 880, la Lotharingie sera intégrée à la Francie orientale, royaume le plus important et noyau du futur Saint-Empire romain germanique (fondé en 962 par Otton Ier). Initialement, le Duché de Haute-Lotharingie s’étend autour du bassin de la Moselle dont les villes épiscopales que sont Metz et Toul et sur la Meuse Verdun, héritières des privilèges carolingiens, s’octroient immédiatement une indépendance de fait. Ainsi l’autorité ducale se retrouve à la tête de vastes possessions, sans véritable ville importante. Rapidement les Ducs établissent un château au centre de leurs possessions, autour duquel un bourg, puis enfin une cité, Nancy deviendra la capitale politique et administrative de leur duché. Tout en étant très liés, les sorts des Trois-Évêchés, et des Duchés de Lorraine et de Bar seront désormais très différents.

État membre du Saint-Empire romain germanique, la Lorraine est au contact direct du Royaume de France (la frontière linguistique partage le duché de Lorraine entre le domaine roman et le domaine germanique), elle bénéficie ainsi d’une double influence culturelle.

Au fil des siècles, le royaume de France n’aura de cesse de prendre le contrôle des territoires lorrains. Déjà en 1301 le comte de Bar voisin a été contraint de prêter hommage au souverain français pour la rive gauche de la Meuse. Le comté de Bar comme celui de Luxembourg sera élevé au rang de duché en 1354 par l’empereur Charles IV du Saint-Empire, lequel promulguera deux ans plus tard à Metz la Bulle d’or qui réglementera jusqu’en 1806 les modalités de l’élection de ses successeurs à l’empire.

En 1420, Charles II de Lorraine consacre la paix en mariant sa fille et héritière Isabelle Ire de Lorraine à l’héritier du Duché de Bar, son voisin et ennemi, un prince français René Ier d’Anjou. Le traité de Foug stipule que les deux duchés seront désormais gouvernés par le même souverain mais conserveront leurs droits, coutumes et indépendance respectives. Quelques années plus tard, il reçoit à Nancy une jeune fille qui souhaite «  bouter les Anglais hors de France  », Jeanne d’Arc, qui lui conseille de renvoyer sa maîtresse et de reprendre son épouse légitime.

René II de Lorraine restera dans l’histoire comme celui qui a préservé l’indépendance des duchés. Enclavée dans les territoires du duc de Bourgogne, la Lorraine était le maillon manquant de la continuité territoriale entre Bourgogne et Flandres. Envahie en 1475, elle fut vaillamment défendue par son jeune duc. Charles le Téméraire trouva la mort et la défaite lors de la bataille de Nancy le 5 janvier 1477. C’est la fin de l’État bourguignon, qui profite surtout au roi de France, Louis XI, et l’un des événements qui clôt le Moyen Âge.

Entre Saint-Empire et royaume de France
Charles III duc de 1545 à 1608

Au xvie siècle, à la rivalité France-Bourgogne succède la rivalité France-Autriche. Le duc Antoine de Lorraine cherche à conserver la neutralité de ses duchés et de bonnes relations avec ses voisins. Son frère François de Guise combat pour la France tandis que son fils François, filleul de François Ier, épouse une nièce de Charles Quint. Peu avant sa mort, par le traité de Nuremberg, la Lorraine est déclarée «  État libre et non incorporable  » par l’empereur. Son successeur François Ier meurt après 363 jours de règne. Il laisse un fils de 2 ans Charles III de Lorraine et la régence partagée entre son épouse Christine de Danemark, favorable à l’empereur et son frère Nicolas de Lorraine, francophile.

En 1552, après avoir passé un accord avec les protestants allemands, le roi Henri II de France, au cours de son « voyage d’Allemagne », annexe successivement les trois villes épiscopales de la région Metz, Toul, Verdun qui seront unies sous le vocable «  Trois-Évêchés  ». À cette occasion, il séjourne à Nancy. Il donne la régence au seul prince Nicolas et soustrait l’éducation du jeune duc à sa mère en l’emmenant à Paris. Le jeune duc ne reviendra en Lorraine que 7 ans plus tard nanti d’une épouse française, Claude de France, fille cadette du roi. Les Trois-Évêchés ne seront officiellement réunis à la France qu’en 1648 par les traités de Westphalie qui mettent fin à la Guerre de Trente Ans, qui fut très durement vécue par les Lorrains.

En effet, en Lorraine, le xviie siècle commence par un conflit de succession. Le duc Henri II de Lorraine meurt en 1624 en ne laissant que deux filles. D’abord promise à Louis XIII, l’aînée, Nicole de Lorraine, a été mariée à son cousin Charles de Lorraine-Vaudémont. Le testament du duc stipule que les époux régneront conjointement, Charles tenant son pouvoir de Nicole. Charles réussit à évincer Nicole du pouvoir mais sa politique fantasque et son opposition ouverte à la France causeront le malheur de ses États et de ses sujets.

Léopold Ier, duc de Lorraine et de Bar (1703).

En 1661, La lorraine cède plusieurs localités à la France dans le cadre du Traité de Vincennes.

Le duché de Lorraine est occupé par la France sous Louis XIII et Louis XIV mais retrouve son indépendance (surveillée) en 1697 avec le duc Léopold Ier, qui entreprend de restaurer ses États. Pour bien montrer sa détermination, il fait construire le château-résidence de Lunéville. Estimé de tous, le duc meurt en 1729 laissant le trône à son fils François III qui, élevé à Vienne, est le fiancé potentiel de l’héritière de l’empereur. La France ne saurait accepter que l’influence de l’Autriche, qui possède alors l’actuelle Belgique et le Luxembourg, s’étende jusqu’à Bar-le-Duc.

En 1738 l’empereur Charles VI obtint l’acceptation par la France de la Pragmatique sanction en échange des duchés de Lorraine et de Bar. Ces deux duchés appartenaient à celui qui deviendra en 1745, l’empereur romain du saint empire, François Ier du Saint-Empire. Les duchés seront donnés, à titre viager, au roi déchu de Pologne, Stanislas Leszczynski, beau-père de Louis XV qui avait épousé sa fille Marie Lesczynska. À la mort de Stanislas en 1766, la France reçut les duchés qui devinrent des provinces du Royaume de France «  à l’instar de l’étranger  », ce qui signifiait que les taxes douanières sur les produits passant de Lorraine en France étaient maintenues. Le duc de Lorraine recevait la Toscane et épousait la fille de l’empereur. Il sera le père de Marie-Antoinette d’Autriche qui, devenue reine de France, sera condamnée à mort lors de la Révolution française.

Stanislas Leszczynski, souverain imposé par la France.

Stanislas Leszczyński, homme affable, placé deux fois sur le trône de Pologne par des puissances étrangères et chassé deux fois par son rival Frédéric-Auguste Ier de Saxe, abandonna immédiatement la réalité du pouvoir à un intendant nommé par la France et s’appropria le Château de Lunéville dont il fit sa résidence favorite. Il fut à Nancy un acteur important des Lumières. Souverain fantoche, après les destructions ayant suivi les guerres de Louis XIII et Louis XIV, il dota la ville d’un ensemble architectural exceptionnel, la Place Royale conçue à la gloire de son gendre Louis XV. Cet ensemble urbain est inscrit depuis 1983 au titre du patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco29. Il se distingua par des initiatives sociales en avance sur son temps : écoles, hôpitaux et bibliothèques publiques, greniers collectifs, secours aux plus démunis, et obtint le surnom de «  Bienfaisant  » tandis que l’intendant français Chaumont de La Galaizière remplaçait les administrateurs lorrains par des Français, imposait la langue française dans les actes de justice (alors qu’une partie de la Lorraine était de langue germanique) et envoyait les récalcitrants aux galères royales.

Province française de l’Est

En 1769, l’université fondée en 1572 à Pont-à-Mousson est transférée à Nancy par édit royal de Louis XV. En 1777, Nancy devient le siège d’un nouvel évêchénote 7. La même année, Saint-Dié - où résidait le primat de Lorraine avant l’annexion - devient une ville épiscopale30. Le premier évêque du diocèse de Saint-Dié est un des fils de l’intendant haï.

Carte de la région Lorraine avec ses quatre départements, montrant les États et provinces qui existaient sur son territoire au milieu du xviiie siècle.
Duché de Lorraine
Duché de Bar
Les Trois-Évêchés (Metz, Verdun, Toul)
Champagne et Clermontois
Prévôté de Montmédy, partie du Luxembourg français
Duché de Carignan
Principauté de Salm
Comté de Dabo
Alsace
Franche-Comté
Comté de Créhange
En 1790, durant la Révolution, quatre départements sont créés : Meuse, Meurthe, Moselle et Vosges. Les derniers territoires sont rattachés à la France : Salm, Dabo et Créhange en 1793, Lixing en 1795, Hundling et Rouhling en 1797-98.

À cette même époque (1790), des députés lorrains ont demandé la création d’un département de «  Lorraine allemande  », cela par exemple pour que les citoyens germanophones ne soient pas administrativement obligés d’aller dans les communes francophones, mais cette proposition fut refusée3.

Puis l’histoire de la Lorraine se confond avec celle de la France jusqu’en 1871.

Entre Empire allemand et France

Redécoupage des frontières départementales à la suite de l’annexion.
En 1871, le traité de Francfort attribue à l’Empire allemand les territoires lorrains correspondant à une partie du département de la Moselle et du département de la Meurthe : géographiquement cela recouvre la Moselle actuelle qui forme avec l’Alsace le Reichsland d’Alsace-Lorraine jusqu’en 1918 ; l’arrondissement de Saint-Dié dans le département des Vosges est également amputé des parties anciennement rattachées à l’Alsace, c’est-à-dire des cantons de Saales et Schirmeck, dès lors rattachées au Bas-Rhin. Les habitants des territoires annexés sont contraints de choisir entre l’Empire allemand, s’ils veulent rester, ou la France. Beaucoup d’« optants » choisissent de migrer vers la France, en particulier vers Nancy, dont la population double rapidement.

La Première Guerre mondiale marque profondément la Lorraine qui voit ses habitants s’affronter sur son sol sous des uniformes ennemis.

La majorité des Mosellans, sujets loyaux de l’Empire allemand, se battent pour l’Empereur. Entre 1914 et 1918, si 18 000 Alsaciens et Mosellans s’engagent dans l’Armée française, 380 000 Alsaciens-Lorrains, soit plus de 95 % des conscrits, se battent pour l’Empire jusqu’à la fin de la guerre31, souvent jusqu’à l’ultime sacrifice. Leurs tombes sont entretenues par le Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge. La bataille de Verdun, l’une des plus longues et les plus meurtrières, se déroule en 1916 dans la Meuse. Plusieurs villages, entièrement détruits par les combats, ne seront jamais reconstruits. Cette région dévastée, appelée zone rouge, comporte d’importants mémoriaux, dont le plus fameux est l’ossuaire de Douaumont. Le traité de Versailles de 1919 restitue l’Alsace-Lorraine à la France. Le droit local en Alsace et en Moselle, contenant notamment le régime concordataire abrogé en France en 1905 et le régime de sécurité sociale Bismarkien, fut maintenu dans ces territoires après 1918.

Durant l’entre-deux-guerres, la Lorraine voit l’édification de la ligne Maginot, qui va se révéler stratégiquement inutile. La Moselle est de nouveau annexée en 1940. À partir d’août 1942note 8, cette annexion de fait permet à l’Allemagne nazie d’incorporer de force les jeunes Mosellans dans les armées du Troisième Reich32. La libération de la Lorraine se fait par étapes à partir du 31 août 1944note 9 et se termine le 19 mars 1945. La première phase de la campagne de Lorraine, menée par la IIIe armée américaine, se termine par la victoire des Alliés dans les secteurs de Nancy, Lunéville, Épinal, Saint-Dié, Thionville, Sarrebourg et Metz, où les opérations durent trois mois. La seconde phase de la campagne, menée par la VIIe armée américaine, voit la libération des territoires mosellans encore occupés après décembre 1944. L’opération Undertone marque la fin des combats dans cette zone du front, permettant la libération de Forbach le 13 mars 1945, de Bitche le 16 mars, et de Sturzelbronn le 19 mars 1945.

Lorraine, région européenne

L’après-guerre se révèle une période prospère pour la région disposant de réserves de matières premières quasi intactes. De nombreux immigrants, principalement d’Italie et de Pologne, viennent s’y installer. Ceci a pour conséquence un accroissement de la population et fait progresser la Lorraine au rang de 3e pôle économique français. Depuis la fin des Trente Glorieuses, la Lorraine, comme d’autres régions industrielles qui ont fait la richesse nationale, est touchée par d’importantes restructurations33.

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