L’artillerie lourde à grande puissance

ALGP

  • 1er mai 2020

L’artillerie lourde à grande puissance (ALGP) était une subdivision de l’artillerie de l’Armée française, créée pendant la Première Guerre mondiale. Elle comprenait les canons et mortiers de très gros calibre, capables de tirer à plus longue distance et avec plus de puissance de destruction que l’artillerie de campagne.

Ces énormes pièces d’artillerie furent utilisées pour toutes les offensives alliées sur le front occidental, leurs batteries organisées pour former administrativement des régiments d’artillerie à grande puissance (RALGP). Progressivement dissous après l’armistice de 1918, ces unités sont remises sur pied lors de la mobilisation de 1939 pour disparaître définitivement pendant l’été 1940.

Organisation de l’ALGP

Le 28 juin 1915 est créé un commandement de l’artillerie lourde à grande puissance (ALGP), regroupant l’artillerie lourde sur voie ferrée (ALVF), les péniches et plusieurs autres gros tubes, le tout confié au général Vincent-Duportal, avec mission d’assurer la formation et de fixer les conditions d’emploi. L’ensemble est affecté à la réserve générale d’artillerie lourde lors de la création de cette dernière le 14 février 1917.

Les différentes batteries sont regroupées pour former six puis huit régiments d’artillerie lourde à grande puissance (RALGP, prenant les nos 70 à 78)5 gardés en réserve, en complément d’une partie de l’artillerie lourde de campagne organisée en régiments d’artillerie lourde hippomobile (RALH) ou tractée (RALT), l’autre partie étant dispersée dans les divisions, corps d’armée et armées. Le 70e RALGP a la particularité d’être spécialisé uniquement dans la construction des voies ferroviaires à écartement normal, dont dépend le transport et le ravitaillement en munitions de toute l’ALGP.

Armement

Les trois calibres les plus utilisés pour l’ALGP furent les 190, 240 et 320 mm, essentiellement des canons de côte modifiés (les dénominations 19, 24 et 32 cm indiquent que les frettes sont en fonte, enserrant le tube en acier). S’y rajoutent huit obusiers de 370 mm modèle 1915 et douze de 400 mm modèles 1915 et 1916, qui sont des canons de marine (de 305 mm et de 340 mm) réalésés : ils défoncèrent le fort de Douaumont en octobre 1916, les tunnels du mont Cornillet en mai 1917 et du Mort-Homme en août 1917.

Au moment de l’armistice, un obusier de 520 mm modèle 1916 est disponible (son jumeau a explosé le 27 juillet 1918 lors d’un tir d’essai à Saint-Pierre-Quiberon), le développement d’une pièce très longue portée (TLP) est en cours (chemisage d’un 340 mm avec un tube plus étroit et très long), tandis que le nouveau 220 mm long modèle 1917 Schneider commence à être livré.

Pour les matériels d’artillerie lourde sur voie ferrée (ALVF), le type d’affût-truck (souvent écrit « truc » à l’époque) dépend de leur masse. Les pièces jusqu’au 240 mm sont montées sur des affûts tous azimuts (TAZ) pivotants, ancrés au sol par des vérins. Les pièces les plus lourdes sont fixées sur des affût-poutres qui ne peuvent tirer que dans l’axe de la voie : un tronçon courbe, appelée épis, sert de circulaire de pointage en direction. Pour les modèles à glissement, le recul est freiné par des traverses en chêne frottant sur des poutrelles parallèles aux rails6. Pour les modèles à berceau, le tube glisse dans celui-ci, pour revenir ensuite en position.

ALVF

Portfolio

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