OPERATION TONGA

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’opération Tonga faisait partie des débarquements de troupes aéroportées britanniques dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, appuyant le débarquement de Normandie (opération Overlord).
Elle était menée par la 6e division aéroportée britannique qui fut débarquée par voie aérienne sur le flanc est du canal de Caen à la mer et à Ranville, près du fleuve (l’Orne).

Pegasus Bridge, June 1944

Les parachutistes et les troupes aéroportées des planeurs de la division, commandées par le major-général Richard Nelson Gale, se virent assigner un certain nombre d’objectifs
La division devait capturer deux ponts stratégiquement importants sur le canal de Caen et la rivière Orne qui devaient être utilisés par les forces terrestres alliées pour avancer une fois les débarquements maritimes effectués, détruire plusieurs autres ponts pour refuser leur utilisation aux Allemands et sécuriser plusieurs villages. La division s’est également vu confier la tâche d’attaquer et de détruire la Merville Gun Battery, une batterie d’artillerie qui, selon les renseignements alliés, abritait un certain nombre de pièces d’artillerie lourde, qui pourraient bombarder la plage d’invasion la plus proche (nom de code Sword) et éventuellement infliger de lourdes pertes aux Alliés troupes qui devaient y débarquer. Ayant atteint ces objectifs, la division devait alors créer et sécuriser une tête de pont concentrée autour des ponts capturés jusqu’à ce qu’ils s’associent à l’avancée des forces terrestres alliées.

Ces opérations furent un succès.

Opération Deadstick - « Coup-de-main »

Prise et défense des 2 ponts Pegasus et Horsa à 00h20 le 6 juin par les équipages de 6 planeurs Horsa, rejoints par des parachutistes largués sur DZ "N". Ils sont renforcés par les troupes en provenance de Juno Beach vers 15h00 et des renforts matériels des planeurs atterris sur la LZ "N".

Au cours de l’étape de la planification de l’opération Overlord, la décision fut prise de faire atterrir la 6e division aéroportée — commandée par le major-général Richard Gale — sur le flanc gauche des plages d’invasion, entre les fleuves Orne et Dives. Son principal objectif était de capturer les deux ponts routiers au-dessus du fleuve Orne et du canal de Caen et d’empêcher une attaque allemande sur les flancs de la zone de débarquement.
Gale décida que la seule façon de capturer les ponts intacts était d’effectuer un assaut de type « coup de main » à l’aide de planeurs. Il demanda ensuite au brigadier Hugh Kindersley, de la 6e brigade aérotransportée, de désigner sa meilleure compagnie pour l’opération.

La D Company, du 2d battalion (Airborne), de l’Oxfordshire and Buckinghamshire Light Infantry — commandée par le major John Howard4, assisté du Second-in-command le captaine Brian Priday — fut sélectionnée pour la mission.

Vols et atterrissages

Le 5 juin 1944 à 22 h 56, les six planeurs, remorqués par des bombardiers Halifax, décollèrent de la base aérienne Tarrant Rushton de la Royal Air Force33. Le Horsa no 1, premier des trois planeurs dirigés vers le Canal de Caen, transportait Howard et le platoon du Lieutenant Den Brotheridge, le no 2 transportait le platoon du Lieutenant David Wood (en), et le no 3 transportait le platoon du Lieutenant Smith. Priday, avec le peloton du Lieutenant Hooper, se dirigea vers le pont du fleuve avec le planeur no 4. Le no 5 transportait le peloton du Lieutenant Fox, suivi par le no 6, transportant le peloton de Tod Sweeney (en). Chaque planeur transportait également cinq Royal Engineers.

Survolant la Manche à 7 000 pieds (2 100 mètres) d’altitude, les bombardiers atteignirent la côte normande à 0 h 7 le 6 juin 1944 et larguèrent leurs planeurs33. Avec Wallwork aux commandes, le planeur no 1 effectua un atterrissage forcé dans les fils de fer barbelés entourant les défenses du pont du Canal de Caen, à 0 h 1635. Les autres planeurs suivirent, à des intervalles d’une minute. Le planeur no 2 se cassa en deux et s’arrêta au bord d’un grand étang33. L’un des hommes tomba à l’eau et se noya, devenant la première perte humaine de l’opération. Les pelotons de Brotheridge et Smith se dirigèrent vers le pont, pendant que le peloton de Wood se dirigea vers les tranchées situées sur son côté nord-est36.

Capture des ponts

Même s’ils ne connaissaient pas le lieu exact, les Allemands savaient que l’invasion était imminente. Le major Schmidt, responsable des ponts, fut informé qu’il était sur l’un des points les plus critiques de Normandie. Toutefois, les défenseurs ne furent pas totalement en alerte, et seulement deux sentinelles étaient de service lorsque les planeurs atterrirent. Le son d’un coup de feu alerta les deux sentinelles sur le pont du Canal de Caen. Alors que le peloton de Brotheridge attaquait, l’une des sentinelles s’enfuit en courant et en criant « parachutistes ! », alors que la deuxième sentinelle utilisa son pistolet de détresse pour tirer une fusée éclairante afin d’alerter les défenseurs alentour. Brotheridge le tua, pendant que les autres membres de son peloton nettoyèrent les tranchées et le bunker à la grenade. Alertés par la fusée éclairante, les mitrailleurs allemands ouvrirent le feu sur le pont, blessant Brotheridge au moment où il lançait une grenade. La grenade fit taire l’une des positions de mitrailleuses, tandis qu’une autre fut neutralisée par le feu des mitrailleuses BREN.

Le premier peloton traversa le pont pour prendre une position défensive sur la berge ouest. Les Royal Engineers du planeur no 1 localisèrent les charges explosives et coupèrent leurs détonateurs lorsqu’ils en trouvèrent. Le peloton de Smith traversa le pont après, échangeant des tirs avec les défenseurs allemands, lorsque Smith fut blessé par une grenade. Faisant usage de grenades et de leurs pistolets-mitrailleurs, les pelotons nettoyèrent les tranchées et les bunkers. À 0 h 21, la résistance allemande sur la berge ouest du pont du canal était vaincue. Vérifiant la zone, les hommes du peloton de Brotheridge réalisèrent alors que leur chef était blessé. Il ne parvint pas à se remettre de ses blessures et mourut, devenant le premier soldat allié tué par une action ennemie pendant l’invasion40. Sur la berge est, le peloton de Wood nettoya les tranchées et les bunkers avec peu de résistance. Wood fut touché à la jambe par une balle de mitrailleuse au moment où il ordonna à son peloton de prendre d’assaut les défenses allemandes. Les commandants des trois pelotons au pont du canal étaient désormais morts ou blessés. À peu près au même moment, des éclaireurs de la 22nd Parachute Company atterrirent dans la zone entre les fleuves Orne et Dives. Le Brigadier Nigel Poett, commandant la 5e brigade parachutiste, ainsi qu’une petite équipe, accompagnèrent les éclaireurs. Désorienté après l’atterrissage, Poett entendit tirer la Sten de Brotheridge et partit en direction des ponts, en emmenant avec lui l’unique homme qu’il parvint à localiser. L’Unteroffizier (sous-officier) Weber, le seul Allemand parvenant à échapper à l’attaque de la Compagnie « D », fuit vers Bénouville et rapporta que le pont avait été capturé.

Le planeur de Fox — le no 5 — fut le premier à atterrir à 300 mètres du pont du fleuve, à 0 h 20, alors que le planeur no 4 fut reporté manquant. Quand les Allemands ouvrirent le feu avec une MG 34, le peloton répondit avec ses mortiers « deux pouces » (calibre 51 mm) et détruisit la position défensive avec un coup direct. Il traversa ensuite le pont, sans autre opposition. À 0 h 21, le sixième planeur atterrit, à 700 mètres du pont. Sweeney laissa une de ses sections sur la berge ouest, puis déplaça le reste du peloton à travers le pont pour prendre des positions défensives sur la berge est.

Depuis son nouveau poste de commandement établi, dans les tranchées de la berge est du canal près du pont, Howard apprit que le pont du fleuve avait également été capturé. Le Captain Neilson, des Engineers, rapporta que, bien que les ponts furent préparés pour une démolition, les explosifs n’avaient pas été installés, ni raccordés, et n’auraient jamais pu être activés « dans l’urgence ». Howard ordonna à ses signaleurs de transmettre par radio les codes « Ham » et « Jam », puis emmena le peloton du Lieutenant Fox à travers le pont du canal, les positionnant comme peloton de tête de la compagnie au carrefour entre Bénouville et Le Port.

Arrivée du 7e bataillon parachutiste

À 0 h 50, les avions transportant le reste de la 6e division aéroportée apparurent dans le ciel et les parachutistes atterrirent sur des drop zones (DZ) balisées par les éclaireurs50. Howard commença à souffler le code Morse de la lettre « V » avec son sifflet, afin d’aider le 7e bataillon parachutiste à se diriger vers les ponts. Les premiers parachutistes à arriver, à 0 h 52, furent le Brigadier Poett et le soldat qu’il avait embarqué en chemin. Informé de la situation par Howard, ils entendirent des chars et des poids lourds bouger autour, à Bénouville et au Port. Sur la DZ, seulement une centaine d’hommes du 7e bataillon parachutiste parvinrent à atteindre leur point de ralliement, mais tout leur équipement de signalement, leurs mitrailleuses et leurs mortiers manquaient. Pine-Coffin, conscient que son bataillon était la seule unité affectée à des positions défensives à l’ouest des ponts, décida qu’il ne pouvait pas attendre plus longtemps et, à 1 h 10, partit en direction des ponts.

À peu-près au même moment, le major Schmidt décida qu’il devait voir par lui-même ce qui était en train de se passer sur les ponts. Il se dirigea vers le pont à bord de son autochenille SdKfz 250, accompagné d’une escorte motocycliste. Roulant à vive allure, ils passèrent sans le remarquer la ligne avant de la Compagnie « D » et arrivèrent directement sur le pont, lorsque la compagnie britannique ouvrait le feu. Le soldat sur sa moto fut tué, et l’autochenille effectua une sortie de route. Schmidt et son conducteur furent faits prisonniers.

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Vertical aerial photograph of Horsa gliders near the bridge over the Caen Canal at Benouville

Batterie de Merville

Plan de la batterie de Merville

Deuxième objectif assigné à la 6e Airborne, la batterie allemande de Merville faisait partie intégrante du Mur de l’Atlantique construit en prévision d’un débarquement allié. Des photos aériennes avaient convaincu l’état-major allié de la nécessité de l’attaquer aux premières heures de la nuit du jour J.

Les effectifs de la batterie de Merville se composent de 80 artilleurs du 1./AR 1716 et de 50 hommes du Génie. La batterie est placée sous les ordres du Sergent-Major Johannes Buskotte. Son poste de combat est situé à l’intérieur de la batterie dans le bunker de commandement. Son bunker est relié au blockhaus de commandement du poste de direction de tir occupé par le Lieutenant Steiner sur la plage de Merville-Franceville par des câbles blindés enterrés.
Au lieu des 150mm subodorés, sa puissance de feu est constituée de ses quatre obusiers de 100 mm abrités sous casemates bétonnées. Poids : 2 900 kg. Portée maximale 10 km. Poids de l’obus : 16 kg. Cadence de tir : 8 coups par minute.
Les défenses sont faites de champs de mines, de doubles réseaux profonds de barbelés, de tobrouks, d’une Flak pouvant être dirigé vers le sol, d’un énorme fossé anti-chars, de tranchées et de multiples bunkers…

Une mission hautement périlleuse confiée au 9e bataillon de la 6e Airborne : 750 parachutistes commandés par le lieutenant-colonel Terence Otway. Le scénario mille fois répété ne se passa comme prévu : planeurs et hommes sont éparpillés en rase campagne. Quand il compte ses troupes, 1/4 des effectifs répond à l’appel, sans matériel.
Pour autant, il décide de mener à bien sa mission. A l’arme de poing, le bataillon neutralise la garnison de 130 hommes au cours d’un furieux assaut.
Sans les explosifs prévus, les britanniques mettent hors d’état de fonctionner 2 canons, en endommagent deux autres puis se replient. Le commando n°3 devra de nouveau donner l’assaut le 6 juin dans l’après-midi pour faire taire définitivement la batterie.
De multiples escarmouches suivent tout au long de la bataille de Normandie et la batterie de Merville et son village ne tombent aux mains des Alliés que le 17 août en soirée, libérés par les Ox and Bucks de la 6ème division aéroportée lors du déclenchement de l’opération Paddle.

Opération Mallard

DZ ’N’
Landing Zone N The villages of Amfreville and Breville can be seen in the top left of the photograph.

Le 6 juin, l’opération Mallard permet le renforcement de ces unités d’assaut avec des chars légers et des armes lourdes, sur deux zones d’atterrissages : N (entre Ranville et Amfreville) et W (Saint-Aubin-d’Arquenay).

Cette mission de renfort intervint après la contre-attaque des blindés de la 21e division blindée allemande sur un point vulnérable des plages du débarquement.

L’opération Mallard ôte à la 21ème division blindée allemande tout espoir de réussir sa contre-attaque avant la tombée de la nuit. Son état-major envisage que de nouveaux parachutages et atterrissages de planeurs puissent avoir lieu derrière leurs lignes pendant la nuit. Inversement, l’arrivée des renforts de la 6ème division aéroportée aux vues de tous redonne le moral aux Alliés présents dans le secteur et qui se préparent à passer leur première nuit sur le sol de France après une dure journée de combats.

Les combattants de la 6ème division aéroportée attendent les nouvelles contre-attaques adverses et valorisent leurs positions défensives pendant la nuit. Le lendemain, 7 juin, les Allemands attaquent en force utilisant chars et artillerie. C’est notamment le cas à Ranville qui reçoit l’assaut du Major Hans-Ulrich von Luck à la tête du Panzer-Grenadier-Regiment 125 : l’armada alliée effectue plusieurs tirs de barrage qui stoppent ces contre-offensives. Le front sur la rive est de l’Orne reste statique jusqu’au lancement de l’opération Paddle le 17 août 1944.

1 166 soldats de la 6ème division aéroportée ont trouvé la mort pendant la bataille de Normandie. La plupart d’entre eux sont enterrés au cimetière militaire de Ranville.

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