Fort Saint-Nicolas Marseille

Le fort Saint-Nicolas est un fort surplombant le Vieux port de Marseille. Il a été édifié de 1660 à 1664 par le chevalier de Clerville sur ordre de Louis XIV afin de mater l’esprit d’indépendance de la ville de Marseille.

Occupation ancienne du site

À cet emplacement se trouvait dès le Moyen Âge une petite chapelle fondée entre 1150 et 1218, placée sous le vocable de Saint-Nicolas et dépendant de l’abbaye Saint-Victor. Au pied de cette chapelle, au niveau de l’ouverture la plus étroite entre les forts Saint-Jean et Saint-Nicolas, le sénéchal de Provence ordonna en 1322 l’aménagement d’une palissade en bois à l’extrémité de laquelle était fixée une chaîne barrant la passe du port. Cette palissade est progressivement renforcée pour former en 1381 deux véritables piles de pont. À cette date la chapelle Saint-Nicolas fit l’objet d’importants travaux avec édification d’un chemin de ronde et d’une muraille allant jusqu’à la chaîne du port.

Ce système de défense s’avéra inefficace lors de l’attaque de la ville par le roi Alphonse V d’Aragon le 20 novembre 1423. Débarqués dans une anse voisine, les Aragonais prirent à revers la chapelle et les galères catalanes purent pénétrer dans le port. La ville fut pillée pendant trois jours et les Aragonais emportèrent comme trophée la chaîne du port qui se trouve toujours exposée dans la cathédrale de Valence (Espagne).

En 1591 quatre particuliers Louis Naudet, Gabriel Delassus, Jean Beolan et Antoine Mascaron firent rebâtir la chapelle Saint-Nicolas.

Marseille rebelle

Afin de reprendre en main la gestion de la ville de Marseille, le duc de Mercœur, gouverneur de la Provence, fait nommer consul Lazare de Vento seigneur de la Baume par lettres patentes d’octobre 1657. Les deux autres consuls étaient Boniface Pascal et Joseph Fabre. Sous prétexte de défendre la ville contre les pirates mais surtout pour être agréables à Mercœur, les consuls décident d’armer aux frais de la ville la galère du chevalier de Vendôme, fils du duc de Mercœur. Cette décision provoque une vive opposition à la tête de laquelle figurait Gaspard de Glandevès de Niozelles. Des émeutes agitent la ville ; Niozelles et ses partisans s’emparent de l’hôtel de ville qui est repris par les troupes du gouverneur entrées dans la ville dans la nuit du 18 au 19 juillet 1658. En octobre 1658 les partisans de Niozelles remportent les élections qui sont cassées par le roi. Louis XIV ordonne aux chefs de l’opposition de venir le trouver. L’entrevue a lieu à Paris le 6 janvier 1659, mais ensuite les incidents se multiplient. Henri de Forbin-Maynier, baron d’Oppède, président du parlement de Provence estime que seule une intervention personnelle du roi est indispensable pour soumettre Marseille et propose cette solution à Mazarin. L’occasion est fournie par un grave incident. Gouvernelle, lieutenant des gardes de Mercœur, fut chargé de porter à Niozelles une nouvelle convocation à la Cour. Ce document portant la signature du roi lui est arraché et lacéré. L’intervention du roi devenait inévitable devant une telle rébellion. De la côte basque où il venait de signer le traité des Pyrénées, Louis XIV, accompagné de Mazarin, de la reine mère et de la Cour, se rend à Toulouse, Beaucaire, Tarascon ; il est à Arles le 13 janvier 1660 et à Aix-en-Provence le 18 janvier 1660.

La décision de construction d’une citadelle

Le 19 janvier 1660, le roi Louis XIV adressait une lettre au duc de Mercœur, gouverneur de Provence, précisant sa décision d’envoyer des troupes sur Marseille afin d’empêcher la continuation des désordres. Cette lettre était accompagnée d’une instruction qui prescrivait à Mercœur plusieurs obligations dont la construction d’une citadelle « en l’endroit de ladite ville qui sera jugé le plus propre ». Ce projet avait été suggéré à Mazarin par le duc de Mercœur et Henri de Forbin-Maynier, baron d’Oppède. Mazarin envoya à Marseille le célèbre ingénieur militaire, le chevalier Louis Nicolas de Clerville, qu’il avait fait venir exprès de Nancy. Clerville procéda en premier lieu au choix de l’implantation qui devait permettre à la fois la surveillance de la ville mais également sa protection contre une attaque en provenance de la mer. Clerville écarta la colline Saint-Charles car trop éloignée du rivage pour permettre un ravitaillement par mer. Il retint donc l’emplacement actuel, derrière l’abbaye de Saint Victor et dont l’étendue était suffisante « pour y maintenir pour jamais l’autorité du roi » ». Cet emplacement était de plus doté d’une fontaine d’eau douce qui figure sur les anciennes cartes.

Le bas fort

Afin de relier le Vieux Port au palais du Pharo qui n’était accessible que par le boulevard de la Corderie et l’avenue de la Résidence actuellement avenue Pasteur, la commission municipale vota le 18 avril 1860 l’ouverture d’une voie, actuellement boulevard Charles Livon. Les murs de soutènement de la tranchée réalisée pour le passage de cette nouvelle voie sont en calcaire urgonien blanc tranchant nettement les pierres roses du cap Couronne utilisées pour la construction du fort. La partie indépendante fut appelée fort Ganteaume en hommage à un ancien vice-amiral, préfet maritime. L’autre partie entre le fort Saint-Nicolas et le sud du boulevard est le haut fort, également appelé fort d’Entrecasteaux du nom d’un amiral parent du bailli de Suffren. Il est composé de deux enceintes imbriquées.

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