Bref historial de Marseille d’après les collections du Musée d’Histoire de Marseille

Aux origines de Marseille : le vieux-port et ses quais

Gyptis et Prôtis (de 600 à 380 av. J-C.)
Développement du commerce

Les Ioniens qui arrivent à Marseille vers 600 av. J.-C. apportent avec eux la civilisation grecque. Au début de leur installation ils importent du vin en provenance de l’Étrurie, puis ils en produisent eux-mêmes et vers le milieu du ve siècle av. J.-C. écoulent leur propre production vinicole vers les populations gauloises. Le vin est alors conditionné pour le transport dans des amphores à pâte micacée de 540/500 av. J.-C. puis micacée de 510/500 av. J.-C.
Marseille est approvisionnée en vaisselle par des navires d’origine grecque comme celui coulé à la Pointe Lequin, île de Porquerolles, vers 520 av. J.-C..

L’empreinte religieuse

.Les Grecs apportent avec eux leurs dieux : Artémis, Apollon et Athéna. La ville se dote de temples consacrés à ces trois divinités. En 1952 les équipes de Fernand Benoit découvrent non loin de la consigne sanitaire au pied de la butte Saint-Laurent un chapiteau ionique en calcaire qui devait appartenir à un de ces temples.

Le monde de Pythéas (de 380 à 49 av. J-C.)

Cette période est marquée par le développement de la puissance et la prospérité économique de la ville qui s’achèvera par la conquête de Jules César en 49 av. J.-C.
Les relations commerciales de Marseille avec la Méditerranée sont attestées par de la vaisselle importée du Latium ou par des amphores grecques ou gréco-italiques qui sont acheminées par des navires de fort tonnage.
Ce commerce rendait nécessaire l’utilisation de monnaies. Ces pièces en bronze étaient fondues dans un atelier datant du IIIe siècle av. J.-C. situé dans l’arsenal des navires de guerre trouvé lors des fouilles de la place Villeneuve-Bargemon. La découverte de cet atelier massaliète, avec ses installations en place, est unique dans le monde grec.
Cette production de monnaie nécessitait un approvisionnement en matières premières attesté par les chargements retrouvés dans les épaves de Plane (IVe siècle av. J.-C.) qui transportait du cuivre sous forme de galettes et celle de Bagaud entre Port-Cros et Porquerolles (Ier siècle av. J.-C.) qui transportait du fer sous forme de barres effilées et de l’étain sous forme de galettes ou de tronc de pyramide.
C’est de cette époque que sont issues les caves Saint-Sauveur. Elles sont situées sous la place de Lenche, entre la butte Saint-Laurent et la butte des Moulins, à l’emplacement de l’ancienne abbaye des religieuses de Saint-Sauveur. Malgré leur classement en Monument Historique, les caves sont sacrifiées lors de la destruction du quartier en 1943 et de sa reconstruction après la Seconde Guerre mondiale.

Le Territoire ou la chora massaliète

Les sites gaulois qui entourent Marseille sont des villages perchés appelés oppida dont les défenses naturelles sont renforcées par des fortifications réalisées en pierre ou en briques. Ces villages fortifiés entretiennent des relations économiques avec la cité marseillaise. Ces populations appartiennent au monde gaulois du Midi et utilisent comme langage le gallo-grec c’est-à-dire le gaulois écrit en écriture grecque. Les principaux sites sont :

  • au nord les oppida du Pain de sucre de Verduron, de Teste-Nègre, du Baou-Roux, de la Cloche et de Roquepertuse.
  • à l’est l’oppidum du Baou de Saint-Marcel.
De Massalia à Massilia (de 49 av. J-C. à 309 apr. J-C.)
Une ville romaine active

Pendant cette période, les rives du port font l’objet de travaux importants qui montrent l’activité économique. L’habitat privé constitue un exemple de romanisation de la ville. En effet les maisons retrouvées sont bâties et décorées selon des procédés romains ; les murs sont décorés de peinture et les sols de mosaïques.

Le monde des morts

Les très nombreux sites funéraires se répartissent autour de la cité antique, formant une auréole funéraire. Un des sites les plus importants est la nécropole de Sainte Barbe qui se situe entre la porte d’Aix et le Centre Bourse. Ce site se trouvait primitivement dans un talweg qui a été progressivement comblé et se situait entre la butte des Carmes et la colline Saint-Charles. Les fouilles ont permis de découvrir 548 tombes antiques dont 532 ont pu être identifiées dont 96 pour la période grecque et 436 pour la période romaine.

De la cité antique à la ville médiévale (de 309 à 948)
Les premiers temps chrétiens

En 309, le futur empereur Constantin assiège et capture son beau-père Maximien. Les boulets exposés au Musée d’histoire de Marseille en témoigne. L’empereur se convertit au christianisme d’où la construction de bâtiments consacrés à cette religion. Le groupe épiscopal qui s’implante près de la vieille Major se dote du plus grand baptistère des Gaules.

L’église de la rue Malaval

Une importante église funéraire du Ve siècle a été découverte rue Malaval. Située à l’époque en dehors des remparts au nord de la cité, elle est orientée à l’est et mesurait 35 m de long et 16,5 m de large. Elle se caractérise par une memoria exceptionnelle (tombe privilégiée) composée de deux sarcophages en calcaire rose dans lesquels était déposé un cercueil de plomb à couvercle emboîté renfermant chacun la dépouille d’un homme adulte vénéré. Cette tombe, destinée à être vue des fidèles, était placée dans un endroit remarquable de l’église à savoir dans le chœur à droite de l’autel. Elle est ornée de marbre polychrome dont deux chancels à motif d’écaille. Autour de cette tombe se trouvait une tumulation ad sanctos soit un grand nombre de sépultures, témoignage d’une ferveur intense à l’égard de deux personnages33. Les fouilles ont livré 228 sépultures d’hommes, de femmes et d’enfants datées du ve et vie siècles. Ces tombes en pleine terre sous tuiles, en sarcophages et en amphores sont installées à l’intérieur et autour de l’église.

Le Moyen Âge marseillais (de 948 à 1481)

Cette période s’ouvre avec l’installation du vicomtat à Marseille et se termine par le rattachement de la Provence à la France. Elle est marquée par l’événement dramatique du sac de Marseille en 1423.

La ville et le pouvoir

Au milieu du Xe siècle la ville de Marseille est administrée par une famille de vicomtes. Au cours du XIIe siècle avec la volonté d’émancipation de la bourgeoisie marseillaise, on se trouve en présence d’une situation particulière avec une cité éclatée en trois zones : la Ville-Haute dont le seigneur est l’évêque, la Ville-Basse administrée par la bourgeoisie et une Ville prévôtale sous le contrôle des chanoines du Chapitre de la cathédrale. Après la mort de Raimond-Bérenger V, comte de Provence, sa fille cadette Béatrice de Provence épouse en 1246 Charles Ier d’Anjou frère de Saint Louis. La Provence passe sous la domination angevine. Charles d’Anjou réunifiera l’administration de la ville sous son autorité.

Marseille devient française (de 1481 à 1596)

À la mort de Charles V d’Anjou appelé également Charles III de Provence, héritier du roi René, la Provence est unie à la France, mais Marseille a le statut privilégié de « terre adjacente ».

  • 1523 Sac de la ville par les Catalans
Architecture

L’architecture civile de ce XVIe siècle a laissé peu de traces à Marseille à l’exception de l’hôtel de Cabre construit en 1535.
Au cours de cette période deux édifices à destination militaire sont construits sur ordre de François Ier : le fort Notre-Dame de la Garde qui englobera la chapelle du même nom et qui sera partiellement démoli pour la construction de la basilique Notre-Dame-de-la-Garde et le château d’If.

La République de Casaulx

Pendant la guerre des religions Marseille est acquise à la ligue. Charles de Casaulx prend le pouvoir en se faisant élire 1er consul et veut faire de la ville une République catholique indépendante. Casaulx est un bon administrateur : il est le fondateur de l’hôtel Dieu en réalisant la fusion des hôpitaux du Saint-Esprit et de Saint-Jacques de Gallice. Cependant Casaulx est de plus en plus contesté pour finir assassiné le 17 février 1596 par Pierre de Libertat alors que la ville allait subir un siège difficile de Charles de Lorraine, duc de Guise et fils du « balafré ».

Le siècle de Louis XIV (de 1596 à 1725)
Commerce maritime et piraterie

Les traités négociés avec les turcs par François 1er sont renouvelés par Henri IV. Louis XIV et Colbert confient l’administration des échelles, c’est-à-dire des comptoirs commerciaux, à la chambre de commerce de Marseille créée en 1599. Ce commerce est cependant largement perturbé par les corsaires d’Afrique du nord qui se saisissent des marchandises transportées et vendent les captifs comme esclaves. Un ordre religieux, les trinitaires, se spécialisent dans le rachat des captifs et collectent des fonds à cet effet.

Marseille, terre adjacente

Marseille, comme Arles, avait le statut de terre adjacente c’est-à-dire que tout en faisant partie de la Provence, elle ne dépendait pas du comte de Provence. Au milieu du xviie siècle la ville se tient à l’écart des troubles de la Fronde mais son premier consul Gaspard de Glandevès de Niozelles s’engage imprudemment dans un rapport de force avec le jeune roi Louis XIV. Niozelles ayant refusé de se rendre au Parlement, Mazarin décide de la convoquer à la Cour. Un messager se rend à l’Hôtel de ville de Marseille où des émeutiers déchirent l’ordre du roi. Une telle désobéissance ne peut être tolérée ; le duc de Mercœur, gouverneur de Provence, investit la ville de Marseille le 22 janvier 1660.
Louis XIV décide alors de marquer sa domination sur la ville en faisant construire par l’ingénieur et architecte militaire le chevalier de Clerville deux ouvrages militaires à l’entrée du Vieux-Port : le fort Saint-Nicolas et le fort Saint-Jean.

Les transformations urbaines de la ville

L’agrandissement de Marseille est ordonné par lettres patentes du 10 juin 1666. Les remparts médiévaux sont démolis et une nouvelle est construite, ce qui permet de tripler la superficie de la ville et de réaliser dans les nouveaux quartiers (rive sud et est du Vieux-port) des îlots d’immeubles avec des rues rectilignes. Les travaux sont confiés à Nicolas Arnoul, intendant des galères. Cette nouvelle enceinte sera progressivement démolie au cours du xixe siècle ; il n’en subsiste qu’une toute petite partie située rue des Lices. Le grand Cours, actuel Cours Saint-Louis et Cours Belsunce, est achevé en 1687.

L’arsenal des galères

Louis XIV transfère la flotte des galères de Toulon à Marseille. Il nomme intendant des galères Nicolas Arnoul qui s’installe à Marseille en 1665 et y mène une politique radicale et coercitive d’aménagement du port. L’arsenal occupe à la fin du XVIIe siècle environ 9 ha de superficie et abrite jusqu’à 20 000 personnes dont 12 000 galériens.

La peste de 1720

Malgré un système de contrôle sanitaire rigoureux, la ville est durement frappée par la peste en 1720. En effet le navire le Grand-Saint-Antoine en provenance de Syrie arrive à Marseille le 25 mai 1720 Durant la traversée neuf personnes sont décédés ; malgré les suspicions sur l’état sanitaire du navire, la quarantaine est écourtée et la cargaison débarquée aux infirmeries, lazaret situé au nord de la ville. la peste se propage rapidement et fait dans la seule ville de Marseille entre 30 et 35 000 victimes sur une population évaluée à 90 000 personnes environ. Marseille rend hommage à l’évêque de Marseille de l’époque, Mgr de Belsunce qui est resté à son poste.

Des lumières à la Révolution (de 1725 à 1794)

Après le transfert de l’arsenal des galères à Toulon en 1748, le port de Marseille est exclusivement destiné au commerce avec les Antilles, le bassin méditerranéen et, à partir de la levée en 1769 du monopole de la Compagnie des Indes orientales, l’Extrême-Orient.

Marseille au XIXe siècle

Le développement des activités humaines étant freiné par le manque récurrent d’eau, la ville décide de détourner une partie des eaux de la Durance pour les amener en 1849 sur une hauteur où sera construit le palais Longchamp et desservir ainsi l’ensemble du territoire marseillais. Cette belle réussite technique a été possible grâce à la construction de l’aqueduc de Roquefavour.

Marseille, porte du sud (de 1905 à 1945)
La Première Guerre mondiale

Pendant la Première Guerre mondiale, Marseille loin des champs de bataille, devient une base de ravitaillement et une cité refuge.

L’entre-deux-guerres

Deux événements tragiques marquent cette période. Tout d’abord l’Assassinat du roi Alexandre Ier et de Louis Barthou. Le second est l’Incendie des Nouvelles Galeries qui eut lieu le 28 octobre 1938 et fit soixante-treize victimes

La Seconde Guerre mondiale

Cette période est marquée par la rafle de Marseille qui eut lieu les 22-23-24 janvier 1943 et fut suivie de la destruction des vieux quartiers du port.

Le quartier Saint-Jean de Marseille : destin tragique

12 Avril 1871 - chute de la colonne Vendôme

Second siège de Paris :
La commune décide la destruction de la colonne Vendôme.
« La Commune de Paris, (…)

MATHURIN HENRIO, plus jeune compagnon de la libération (à titre posthume). Tué à 14 ans

16 Avril 1929 - Baud (56150 MORBIHAN FRANCE) Décédé le 10 Février 1944 - Baud (56150 MORBIHAN FRANCE) Compagnon de (…)