Génocide arménien

Le génocide arménien (en arménien : Հայոց ցեղասպանություն, Hayots tseghaspanoutyoun ; en turc : Ermeni Soykırımı), ou plus précisément le génocide des Arméniens, est un génocide perpétré d’avril 1915 à juillet 1916, voire 1923, au cours duquel les deux tiers des Arméniens qui vivent alors sur le territoire actuel de la Turquie périssent du fait de déportations, famines et massacres de grande ampleur. Il est planifié et exécuté par le parti au pouvoir à l’époque, le Comité Union et Progrès (CUP), plus connu sous le nom de « Jeunes-Turcs », composé en particulier du triumvirat d’officiers Talaat Pacha, Enver Pacha et Djemal Pacha, qui dirige l’Empire ottoman alors engagé dans la Première Guerre mondiale aux côtés des Empires centraux. Il coûte la vie à environ un million deux cent mille Arméniens d’Anatolie et d’Arménie occidentale.

Camps de réfugiés arméniens en Syrie (1909).

Les déportations et massacres sont préparés et organisés depuis Constantinople, capitale de l’Empire, et mis en œuvre à l’échelle locale par les autorités des divers districts et provinces. Chaque responsable local est chargé de rassembler ses administrés arméniens, puis les soldats et gendarmes ottomans escortent les convois jusqu’au désert dans des « marches de la mort » et procèdent eux-mêmes aux assassinats ou laissent libre cours à la violence de groupes de bandits armés, majoritairement kurdes. De nombreux criminels, regroupés dans ce qui sera connu comme l’« Organisation spéciale », ont été libérés par les autorités à cette fin.

Sa reconnaissance politique à travers le monde fait encore l’objet de controverses, à cause de la négation de ce génocide, notamment en Turquie. En avril 2017, le génocide est reconnu par les parlements de vingt-neuf pays.

Le génocide arménien peut être comparé sur de nombreux aspects à d’autres génocides du XXe siècle. Des liens ont été établis avec la Shoah, comme dans le cas du contrôle étatique des mouvements de la population à exterminer mais aussi avec le génocide rwandais par le caractère souvent très « local » de la violence exercée, et l’intervention massive de populations civiles qui deviennent des bourreaux.

Massacres des populations pontiques, assyro-chaldéo-syriaques et yézidies

De 500 000 à 750 000 morts assyriens représentant environ 70 % de la population de l’époque sont massacrés selon le même modus operandi sur la même période que le génocide arménien. Environ 350 000 Grecs pontiques sont massacrés à la suite de meurtre et de pendaison, ainsi que de la famine et des maladies85. Selon un conseiller auprès de l’armée allemande, Ismail Enver, le ministre turc de la défense aurait déclaré en 1915 qu’il voulait « résoudre le problème grec […] de la même façon qu’il pensait avoir résolu le problème arménien ».

Prélude

Le XIXe siècle est caractérisé par un mouvement d’émancipation des minorités de l’Empire ottoman, marqué par la guerre d’indépendance grecque de 1821 à 1830, les soulèvements dans les Balkans qui conduisent à l’unification de la Roumanie en 1859 et l’indépendance de la Bulgarie et la Serbie en 1878. Ces mouvements conduisent aux traités de San Stefano et de Berlin en 1878 à la suite de la guerre russo-turque de 1877-1878, qui entérinent l’indépendance des Balkans ainsi que le démembrement de l’Empire ottoman dans sa partie européenne et dans lesquels « la Sublime Porte s’engage à réaliser, sans plus de retard, les améliorations et les réformes qu’exigent les besoins locaux dans les provinces habitées par les Arméniens et à garantir leur sécurité contre les Circassiens et les Kurdes ».

En cette fin du XIXe siècle, les Arméniens de l’Empire ottoman prennent conscience de l’inégalité de leurs droits face aux autres citoyens ottomans. À la suite de la non-mise en place des réformes promises par les traités de 1878, des groupes arméniens, la plupart du temps révolutionnaires, se forment. Ils dénoncent les méthodes du sultan, exigent l’application des réformes et veulent la liberté pour tous ainsi que l’égalité entre Arméniens et musulmans. Le parti Arménagan est créé en 1885, le parti social-démocrate Hentchak (« la cloche ») en 1886 (ou 1887), de tendance socialiste, et la Fédération révolutionnaire arménienne, ou Tachnagtsoutioun, en 1890 (de tendance relativement indépendantiste). Les adhérents de ces partis ramènent l’espoir chez les Arméniens de l’Empire ottoman (principalement paysans). À l’inverse, l’émancipation voulue par ces partis va être l’un des principaux motifs de l’Empire pour massacrer les Arméniens. Des soulèvements de faible ampleur se produisent dans des vilayets dans lesquels beaucoup d’Arméniens vivent — Zeïtoun par exemple — mais la répression ottomane est sanglante et se termine par des massacres, préludes du génocide.

Vatican

Le Vatican reçoit les premiers rapports des massacres en juin 1915. Le pape Benoît XV intervient personnellement à deux reprises auprès du sultan Mehmed V par courrier, ce qui ne fait qu’empirer la situation globalement, malgré des promesses et quelques concessions turques comme la grâce d’une soixantaine d’Arméniens à Alep. En même temps, le Vatican conserve systématiquement tout document relatif au génocide dans ses archives secrètes, dont l’existence n’est révélée qu’en 2011 à l’occasion de l’exposition Lux in Arcana.

Selon l’historien Michael Hesemann, la contre-productivité des actions du Vatican au moment du génocide des Arméniens est la cause de l’attitude du pape Pie XII lors de la Seconde Guerre mondiale. Le Vatican était resté silencieux au moment de la Shoah face aux actions nazies, alors que dans le même temps, le pape multipliait les actions visant à sauver le plus de juifs possible. En effet, Pie XII en 1915, alors secrétaire de la Congrégation pour les affaires extraordinaires du Secrétariat d’état, était informé de toutes les répercussions des actions papales sur le déroulement du génocide des Arméniens. C’est ainsi qu’une interprétation de son silence lors du génocide juif serait qu’il aurait décidé de ne pas formuler de protestation ouverte en 1942 contre les nazis, craignant un effet similaire aux protestations de 1915.


Voir en ligne : wikipedia

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