Baïonnette

  • 9 octobre 2014

Histoire

Son origine remonterait à un événement fortuit. Au cours des conflits sporadiques qui agitèrent les campagnes françaises du milieu du XVIIe siècle, les paysans de Bayonne se trouvèrent à court de poudre et de projectiles. Ils fichèrent leurs longs couteaux de chasse dans les canons de leurs mousquets, confectionnant des lances improvisées. Cependant l’usage de ce type d’armes est déjà mentionné au début du XVIIe siècle chez des mousquetaires à pied qui introduisent le manche de leur « soie de cochon » (fine lame d’épée) dans l’embouchure de leurs mousquets. Le Régiment Royal-Artillerie fut le premier à en être doté en 1671.

Ainsi la nécessité donna naissance à l’arme auxiliaire qui allait influencer les techniques de l’infanterie européenne, équipant sous l’Empire toute la cavalerie armée et étant utilisée jusqu’au début du XXe siècle.

Les avantages d’une arme cumulant deux fonctions apparurent rapidement. Les premiers mousquets souffraient d’une faible cadence de tir (un tir par minute avec une poire à poudre et des balles) et d’un manque de fiabilité. Les baïonnettes devinrent un complément utile au système d’arme quand la charge de l’ennemi dans la zone de tir utile du mousquet (100 mètres dans le meilleur des cas) ne l’exposait qu’à une seule décharge avant qu’il n’atteigne les défenseurs. Une baïonnette de 30 centimètres de long (certaines tailles réglementaires atteignirent 43 cm lors de la période napoléonienne), sur un mousquet de près de deux mètres assurait une allonge comparable à la lance d’infanterie, et plus tard même de la hallebarde, utilisée auparavant.

Les premières baïonnettes étaient de type « bouchon ». Elles possédaient une poignée cylindrique qui s’ajustait directement à l’intérieur du canon du mousquet empêchant l’arme de tirer.

Plus tard, les baïonnettes à tenon effacent la lame de l’embouchure. La baïonnette se fixe sur l’extérieur du canon par un logement en forme d’anneau. Sur des modèles ultérieurs, elle sera fixée par un cran à ressort sur la bouche du canon du mousquet.

De nombreuses baïonnettes étaient triangulaires et offraient une meilleure stabilité latérale de la lame sans accroissement significatif du poids. Ce modèle ne comportait pas de poignée permettant de l’utiliser indépendamment du fusil.

Les tactiques militaires des XVIIIe et XIXe siècles intégraient diverses charges et défenses groupées utilisant la baïonnette. L’armée britannique était renommée pour son usage de la baïonnette, bien qu’au début du XIXe siècle où les techniques de guerre napoléoniennes se développent, la supériorité d’un tir de salve rapide et régulier permit aux Britanniques d’éclipser leurs adversaires dans les lignes.

Maniement

Soldat japonais s’exerçant à la baïonnette sur le cadavre d’un soldat chinois.
Des rumeurs circulent parmi les vétérans d’avant la Première Guerre mondiale, sur des techniques de combat à la baïonnette très élitistes, aussi complexes et exigeantes que l’escrime. On suppose qu’au-delà des blocages et frappes modernes simplifiées, il existait des coupes, des parades et des désarmements, pendant lesquels un blocage fluide devenait propice à attaquer ou désarmer. Ces techniques auraient aussi enseigné la frappe d’estoc et de taille ainsi que les vulnérabilités particulières que constituent les chevilles, les poignets, le cou, les artères brachiales et fémorales. On prétend aussi que les mouvements se pratiquaient dans toutes les orientations et positions des deux combattants grâce à des méthodes d’entraînement proches d’un haut niveau d’escrime. L’émergence de ces techniques fut rendue possible par les longues périodes d’entraînement continu que connurent les armées professionnelles avant cette période. De vieux manuels d’entraînement français des années 1850 en témoignent encore. Des copies reproduites sur internet semblent soutenir ces affirmations.

Au Japon, l’art du combat à la baïonnette est appelé juken jutsu.

En dehors des techniques de combat expliquées précédemment, la baïonnette se manie généralement en la pointant vers l’adversaire dans le but de l’embrocher. Une fois l’arme enfoncée, un mouvement de rotation est la plupart du temps nécessaire pour dégager la lame.

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