Troyes

  • 4 novembre 2014

Troyes (prononcer [tʁwa ]) est une commune française, située dans le département de l’Aube (dont elle est la préfecture) et la région Champagne-Ardenne. La commune est divisée en sept cantons dont elle est le chef-lieu.

Avec une population légale de 60 280 habitants, la ville de Troyes est la 2e ville la plus peuplée de la région Champagne-Ardenne derrière Reims et devant Charleville-Mézières et Châlons-en-Champagne. Elle est le centre d’une communauté d’agglomération : le Grand Troyes qui compte 124 037 habitants en 2008 et qui s’étend sur une quinzaine de kilomètres le long de la vallée de la Seine.

Son passé historique, de la tribu des Tricasses à la libération de la ville, le 25 août 1944, lors de la Seconde Guerre mondiale en passant par la bataille des champs Catalauniques, le concile de Troyes, le mariage d’Henri V et de Catherine de France et les Foires de Champagne ainsi que son riche patrimoine architectural et urbain avec ses nombreux édifices protégés au titre des monuments historiques, ont permis à Troyes d’être désignée Ville d’art et d’histoire par le Comité national des Villes et des Pays d’art et d’histoire. L’once troy, unité de mesure des métaux précieux depuis les Foires de Champagne, tient son nom de la ville.

Le textile, développé à partir du XVIIIe siècle est l’un des atouts historiques de l’économie troyenne jusqu’aux années 1960. De plus, Troyes est la capitale européenne des magasins d’usine et de négoce grâce à ses trois centres de marques. Du point de vue géographique et touristique, la Seine reste le principal avantage ainsi que sa proximité avec le parc naturel régional de la forêt d’Orient et le lac-réservoir ou Lac d’Orient. La ville de Troyes située géographiquement au centre du département voit se développer autour d’elle un tourisme vert : outre le parc de la forêt d’Orient, le pays d’Othe et le pays d’Armance offrent leurs étendues vallonnées, boisées et de plaines.

Ses habitants sont appelés les Troyens.

Administration

Pays France
Région Champagne-Ardenne
Département Aube (chef-lieu)

Localisation

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Histoire

La ville de Troyes, capitale historique des comtes de Champagne et des vicomtes de Troyes, et forte d’un grand passé historique et d’un riche patrimoine architectural et urbain, a été désignée Ville d’art et d’histoire le 5 juin 2009.

Préhistoire et Antiquité

Des fouilles archéologiques ont permis de dater l’occupation du site de Troyes à la préhistoire, mais les premiers à avoir laissé des traces tangibles de leur présence sont les Tricasses, tribu de la Gaule lyonnaise mentionnée à partir du Ier siècle av. J.-C. dans les écrits de géographes grecs. Ce peuple a donné leur nom à la ville qui prit alors le nom de Augustobona notamment lors de la Guerre des Gaules à partir de l’année 58 av. J.-C.41. Les Lingons, voisins de cette tribu, ont aussi habité dans la moitié sud-est de la ville.

L’empereur romain Hadrien a séjourné dans la ville avec ses troupes durant les années 120 après Jésus-Christ.

La construction de la Via Agrippa à partir de 27 av. J.-C. entre Lyon à Saintes est l’un des facteurs du développement futur de la cité des Tricasses.

En l’an 271, le Grec Savinien, premier apôtre du christianisme dans le diocèse de Troyes, venu de l’île de Samos, arrive à Troyes pour enseigner l’évangile. Cependant, l’empereur Aurélien qui se trouvait alors en Gaule et qui persécutait les chrétiens, effrayé par son idolâtrie, le fit enfermer ; mais Savinien arriva à s’enfuir en suivant la Seine et chercha refuge à Rilly. Poursuivi par les soldats, il fut rejoint à Rilly et c’est dans cette ville qu’il eut la tête tranchée.[réf. nécessaire]

La ville prit le nom de Tricassium à partir du IIIe siècle.

C’est à l’ouest de la ville, vers Méry-sur-Seine ou Dierrey-Saint-Julien que s’est déroulée en 451 la bataille des champs Catalauniques au terme de laquelle saint Loup, évêque de Troyes, réussit à préserver sa ville de la fureur d’Attila et des Huns.

Ce jour-là, alors qu’Attila a été repoussé à Orléans par les Romains, saint Loup se rend à son camp et le supplie d’« épargner une ville sans défense, car elle n’avait ni murs ni soldats ». Attila lui aurait répondu : « Soit ! Mais tu viendras avec moi et tu verras le Rhin ; je te promets de te renvoyer alors ». Les Huns furent encore arrêtés dans les plaines voisines de Troyes, appelées Champs Catalauniques, par les Romains et par les Francs commandés par Mérovée ainsi que leurs alliés. Attila fut défait. Le roi des Wisigoths, Théodoric, y fut tué. La bataille de Mauriac chassa les Huns de la Gaule.

Moyen Âge

En 484, Clovis s’empare de Troyes et de ses alentours qui seront appelés Champagne (campania) à cause des plaines crayeuses immenses. La Champagne fut attribuée au royaume d’Austrasie, après le partage des possessions de Clovis en 511, sauf Troyes et sa région qui sont attribuées à Clodomir. Ce n’est qu’en 524, à la suite de la mort du roi d’Orléans qu’elle rejoint l’Austrasie jusqu’en 558, année où Clotaire Ier fut proclamé roi des Francs. En 567, la cité de Troyes est placée dans le Royaume de Bourgogne. Entre 592 et 613, elle rejoint à nouveau l’Austrasie. À la mort de Clotaire II en 629, la ville dépend de nouveau de la Bourgogne.

La ville est contrôlée et pillée par les Sarrasins d’Espagne en 720. La Vita Sancti Fidoti, abbatis Trecensis, vie de Fidolin, captif libéré par Eventinus, un prêtre de Troyes, semble indiquer qu’à cette époque, on y pratique le commerce des esclaves. En 820, Aleran devient le premier comte de Troyes à l’époque de l’empereur Louis le Pieux. Son règne prendra fin en 852, l’année de sa mort. Le territoire de Troyes fut également, vers 860, le prix d’une lutte entre l’évêque Ansegise et le comte Rodolphe de Ponthieu. Ce dernier en sort vainqueur. Lors du premier Concile de Troyes en 878, Louis le Bègue reçoit la couronne impériale par le pape Jean VIII et Bernard de Gothie en conflit avec Frotaire et en révolte contre le roi Louis le Bègue a été examiné.

Les Normands, en 889, s’emparent de la ville, la réduisent en cendres et pillent toute la contrée environnante. Au Xe siècle, les Normands reviennent une seconde fois, mais sont éloignés par Ansegise, évêque de Troyes. La ville appartient au duché de Bourgogne au début de ce siècle.

En 1040, Rabbi Salomon Ben Isaac, plus connu sous le nom de Rachi, naît à Troyes. Il crée une importante école de pensée juive dans la ville.

Au XIIe siècle, le comté de Troyes fusionne avec celui de Meaux pour donner naissance au comté de Champagne. Hugues Ier de Champagne est le premier à être proclamé à ce titre vers l’an 1102. En 1129, le second concile de Troyes, qui a eu lieu sur le site de l’actuelle cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul, s’est déroulé en la présence de Hugues de Payns et de nombreuses personnalités religieuses comme le comte Thibaut IV de Blois. Ce concile entraînera la création d’une règle propre à l’ordre du Temple.

Durant cette période des comtes de Champagne, la ville de Troyes est le centre d’une importante vie culturelle dans lequel on retrouve la poétesse Marie de France, le maréchal Geoffroy de Villehardouin mais surtout Chrétien de Troyes, actif entre 1160 et 1190, dont le nom vient de sa ville natale, et qui est considéré comme le premier grand romancier français du XIIe siècle et l’un des grands personnages de la littérature du Moyen Âge grâce à ses nombreux ouvrages.

En 1188, un grand incendie détruit une grande partie de la ville et ravage l’abbaye de Notre-Dame-aux-Nonnains, la collégiale de Saint-Étienne, le palais des comtes de Champagne et l’ancienne cathédrale de Troyes. Cet incendie amène pour ce dernier à la phase dite « gothique » du monument.

En 1264, le pape Urbain IV instaure la Fête de l’Église universelle qui deviendra la Fête-Dieu. Cette fête, dédiée au Saint Sacrement est célébré les jeudis suivant la Sainte-Trinité. Et dès 1273, la commune engage des travaux afin de faire acheminer de l’eau d’une source pour alimenter la ville.

La Champagne est rattachée au royaume de France par le mariage en 1285 de Jeanne Ire de Navarre avec le futur Philippe le Bel, et les foires françaises ont alors une dimension plus locale.

En 1288, un autodafé a lieu après que les juifs troyens ont été accusés de crime rituel. Le 24 avril, le tribunal de l’inquisition condamne 13 d’entre eux à monter au bûcher.

Le XIIIe siècle marque le début de la renommée des foires de Champagne, pour lesquelles des marchands venaient de tout l’Occident. Ces foires ont permis le développement de nombreux métiers industriels comme le textile, la tannerie, la papeterie et la teinturerie. À Troyes, la célébration se tenait durant la Saint Jean et la Saint-Rémi dans les rues historiques du Bouchon de champagne telles que la rue Champeaux, la rue de la Pierre, ou la rue des Anciennes Tanneries.

Pendant la guerre de Cent Ans, la ville de Troyes se prépare à accueillir les Anglo-Navarrais. En 1359, les Troyens, menés par leur évêque Henri de Poitiers libèrent les villes d’Aix-en-Othe, Beaufort et Nogent-sur-Seine.

À la fin du XIIIe siècle, Troyes n’est plus la capitale du comté de Champagne. Celui-ci est en effet passé aux rois de France et Châlons-sur-Marne a été préférée comme capitale administrative de la Champagne.

Le Parlement de Paris fut transféré dans la ville. En 1420, la signature du Traité de Troyes désigne le roi anglais Henri V comme héritier de la couronne de France après que ce dernier épouse Catherine de Valois, l’une des filles de Charles VI.

En mai 1471, Louis XI confirma l’administration municipale par ses lettres patentes.

Peu après toutefois, le Dauphin monta sur le trône sous le nom de Charles VII. C’est Jeanne d’Arc qui vint à son secours ; elle le mena d’Orléans à Reims pour qu’il soit sacré. Le 9 juillet 1429, Jeanne d’Arc délivre la ville des Anglais.

Quelques jours avant la Fête-Dieu 1487, un incendie se déclare dans la boutique d’un apothicaire. Il dure plusieurs jours et détruit une grande partie de la ville. Le fait qu’il démarre la nuit lui assure une certaine rapidité d’expansion, au début, la nuit augmentant les peurs et entravant la lutte contre l’incendie. La ville de Troyes possédait néanmoins, pour lutter contre le feu, des seringues géantes qui permettaient d’arroser les foyers plus efficacement qu’avec des seaux. La même année, les foires de Bourges sont déplacées à Troyes : en effet, une grande partie de la ville de Bourges, dont les marchés couverts, a été détruite par un gigantesque incendie et elle ne peut accueillir sa foire.

Époque moderne

À partir du xvie siècle commence la période de la bonneterie qui a duré jusqu’aux années 1960.

Le 24 mai 1524, un nouvel incendie éclate au cœur de la ville médiévale. Le principal quartier de la ville, une vingtaine de rues, des milliers de maisons et plusieurs monuments historiques et religieux sont détruits. L’incendie est favorisé par la présence de nombreuses camerae, chambrettes aménagées en appentis dans les cours pour loger les pauvres parmi les pauvres, qui fournit un matériau inflammable, réduit les pare-feux que constituent les cours et gênent les secours contre les sinistres. Cette catastrophe provoque un apauvrissement général de la population mais conduit la municipalité à exiger des cheminée construites en matériaux ininflammables (on pouvait trouver des hottes en bois recouvert de plâtre) et des conduits de cheminée dépassant suffisamment du toit.

Le 3 mars 1564, Charles IX passe dans la ville lors de son tour de France royal, accompagné de la Cour et des Grands du royaume : son frère le duc d’Anjou, Henri de Navarre, les cardinaux de Bourbon et de Lorraine. Lors de son voyage, le roi soumet dans un édit royal du 29 mars les ports de Saint-Nazaire et du Croisic au siège royal de Guérande et signe le 11 avril un traité de paix avec la reine Élisabeth Ire d’Angleterre en la Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul. Ce traité permet à Calais de redevenir définitivement française.

À la suite de la Saint-Barthélemy (du 27 août au 4 septembre 1572), plusieurs dizaines de protestants furent massacrés à Troyes.

Après la Journée des barricades, (jeudi 12 mai 1588) qui voit l’occupation de la ville de Paris (13 mai), les Guise veulent prendre la ville. Henri III enjoint aux Troyens de ne pas recevoir le cardinal de Guise. Grâce à un ligueur, Denis Latrecey, l’ecclésiastique fait cependant son entrée, par la porte de Croncels et se rend à l’évêché. Le maire Jean Daubeterre le reçoit. Le lieutenant général du bailliage, Eustache de Mesgrigny, est chassé, avec d’autres, dont des chanoines resté fidèles au roi. Ils trouvent refuge à Châlons-en-Champagne, restée fidèle au roi, ville où se trouve Joachim de Dinteville. Le cardinal de Guise fait démissionner les conseillers de Troyes. Le 11 juin 1588, le favori et trésorier du cardinal de Guise, Nicolas de Hault est choisi comme maire par l’assemblée générale (il le reste jusqu’en 1592). Le 17 juin, de nouveaux conseillers sont élus par une assemblée générale. Parmi eux figure le traître Denis Latrecey. Le 20 juin, la ville envoie des délégués dans la capitale pour jurer fidélité à la Ligue. Le 19 août, la ville s’engage à respecter l’Union qui vient d’être scellée entre le parti des Guises et Henri III. En octobre des députés troyens sont envoyés à Blois aux États généraux.

Les foires de Troyes ont été interdites durant le XVIIIe siècle. Puis finalement, en 1694, elles y sont de nouveau autorisées.

Les premiers métiers de la bonneterie font leur apparition à Troyes en 1745 grâce à l’apparition du métier à tricoter les bas (invité par William Lee en 1589) et la création des premières manufactures. En 1770, Troyes compte 40 bonnetiers, la ville devient alors la capitale de la bonneterie.

En 1789, alors que la ville se trouve au cœur de la Révolution française, le maire Claude Huez est assassiné après avoir été accusé à tort d’avoir voulu empoisonner le peuple.

Époque contemporaine

La première gare de Troyes, construite en 1847.
Le bâtiment fut incendié en 1855 après avoir été désaffecté du fait du déplacement de la gare. Il devient une école (Collège Pithou) de 1861 à 1978. Au début des années 1990 le site est restructuré en un espace culturel (Espace Argence) qui a conservé une partie de sa façade d’origine de la gare

Napoléon Bonaparte a fait plusieurs passages dans la ville en 1805 et 1814 lors de sa campagne de France. En 1849 a lieu à Troyes le premier festival chantant d’orphéons, organisé par Charles Delaporte. Il rassemble 200 orphéonistes. En 1870, l’armée prussienne prend à son tour l’occupation du territoire troyen.

En 1834, la ville occupe à elle seule environ 10 000 métiers de la bonneterie de coton et 12 000 ouvriers, ce qui caractérise un PIB de près de 7 000 000 francs.

La ville est reliée à la capitale par le chemin de fer en 1845, favorisant son développement.

Saint-Martin-ès-Vignes est rattaché à Troyes en 1856.

Vers 1855-1860, Troyes devient un centre important de construction de métiers circulaires. La réussite de l’industrie de la maille, au XIXe siècle, est due, majoritairement, aux inventions des mécaniciens champenois. La concurrence anglaise est bien présente ; les Anglais ayant utilisé plus hardiment la vapeur, le fabricant bonnetier doit donc créer des services commerciaux et d’exportation.

Du 21 au 23 janvier 1910, la ville de Troyes est victime d’importantes inondations à la suite du débordement de la Seine, provoquant d’importants dégâts.

Lors de la Première Guerre mondiale, la ville de Troyes pris le rôle de ville-hôpital. Elle échappe aux conflits entre la Triple-Entente et la Triple-Alliance.

Le succès de la bonneterie se confirme lors de l’entre-deux-guerres, et de nombreuses grandes entreprises sont créées dans la ville notamment Petit Bateau, Lacoste, et Dim. D’autres sont créées plus tard, notamment Absorba.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, le 15 juin 1940, l’armée allemande, après avoir pris Sens, Paris et une vaste partie du département de l’Aube entre dans Troyes. Face aux bombardements des nazis, les Troyens, paniqués, décident de fuir la ville. Après la capture, il ne restera qu’environ 4 000 Troyens dans la cité.

Le 24 août 1944, l’armée allemande a commis à Buchères dans le sud de l’agglomération de Troyes un massacre communément appelé « martyre de Buchères » : 68 civils furent exécutés sans raison apparente, de nombreuses maisons furent incendiées. Le lendemain, huit cents hommes s’emparent de la commune et son agglomération. Le début des combats pour la libération a fait environ 60 morts et 572 prisonniers. Le jour d’après, la ville de Troyes est définitivement délivrée par les troupes du Général Patton.

À partir des années 1960, la ville est Troyes est victime de la crise du textile. En effet, les entreprises sont en concurrence avec d’autres pays, notamment en Asie du Sud-Est et en Extrême-Orient et on assiste à une désaffection des consommatrices pour le bas couture. Malgré tout, la commune et son agglomération comptent aujourd’hui près de 250 entreprises liées à la fabrication textile et des grands centres de magasin d’usines, ce qui en fait le premier centre de maille en France.

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