Langres

  • 25 avril 2020

Localisation

Histoire

Toponymie

Andematunum (ou Andemantunnum) est le nom gallo-romain de la ville Langres, la capitale des Lingons. Les mentions de ce nom se retrouvent sur les bornes milliaires (en abrégé AND), la Table de Peutinger et l’Itinéraire d’Antonin.
À l’instar de la plupart des autres peuples gaulois, l’ethnonyme latin des Lingons, en l’occurrence Lingonenses, s’est transmis dans le toponyme actuel de leur civitas en Gaule transalpine, l’ancienne Andemantunnum rebaptisée Langres.

Moyen Âge
Article détaillé : Diocèse de Langres, « héritier de la Cité des Lingons ».
Après un bref déclin résultant des invasions barbares, Langres recouvre sa prospérité dès la renaissance carolingienne, en dépit des raids dévastateurs des Normands de 888 à 8945. L’influence politique grandissante malgré la réforme grégorienne, le développement économique et le rayonnement culturel de l’évêché de Langres à la faveur des renaissances médiévales successives, parallèlement à celle de la féodalité, font de Langres une puissante cité du Moyen Âge classique, héritière de la Civitas des Lingons.

Bénéficiant pleinement de la renaissance du xiie siècle, le diocèse de Langres devient un duché pairie, ses évêques étant à la fois ducs et pairs de la couronne de France6 : en 1179, Hugues III de Bourgogne octroie le titre de comte de Langres à son oncle l’évêque Gauthier, Louis VII de France y ajoutant la pairie et Philippe-Auguste accordant en 1200 le titre de duc aux évêques en confirmant cette dernière.

Couronnement de Louis VIII de France par l’ancien duc-évêque de Langres, Guillaume de Joinville, le 6 août 1223 à la cathédrale Notre-Dame de Reims. Grandes Chroniques de France de Charles VII enluminées par Jean Fouquet, 1455-1460 (Ms.Fr.6465), Paris, Bibliothèque nationale de France.
En qualité de troisième duc et pair ecclésiastique, l’évêque de Langres détient le sceptre royal durant le sacre du roi de France (avec préséance sur son métropolitain, le primat des Gaules). Au cours de cette cérémonie, il présente aussi la couronne royale avec les onze autres grands pairs de France au-dessus du chef royal avant que l’archevêque de Reims l’y dépose. À la fois grands vassaux et grands pairs de France, les ducs-évêques de Langres sont partie prenante dans les affaires générales du royaume de France en tant que membres du parlement du roi et nombre de grands seigneurs leur doivent l’hommage féodal.

Renaissance
Langres devient à la Renaissance un important foyer artistique où s’épanouissent la littérature, la peinture, l’architecture, etc. Ceci est notamment favorisé par sa proximité avec la Cour et l’importance de son diocèse. Dès la fin du xve et le début du xvie, plusieurs personnalités marquent la ville de Langres : Jean III d’Amboise, son successeur Jean V d’Amboise, Michel Boudet.

Une des grandes figures et un des acteurs de la Renaissance à Langres est le cardinal de Givry. Connu pour son mécénat artistique, il commande en 15437 des tapisseries sur l’histoire de Saint-Mammès pour décorer la nef de la cathédrale de Langres. Huit tentures sont ainsi réalisées en 1544-1545 d’après Jean Cousin et par les lissiers Pierre Blasse et Jacques Langlois. Des huit, trois ont été conservées, une au Louvre et deux à la cathédrale de Langres. Le cardinal de Givry commanda également un magnifique jubé, « en forme d’arc triomphal8 ». Détruit au cours du xviiie siècle, il ne reste que très peu de fragments de ce jubé au musée d’histoire de Langres. Peu de temps après, un autre chantier est en cours à la cathédrale, celui de la chapelle Sainte-Croix, dite chapelle d’Amoncourt du nom de son commanditaire. Débuté en 1549 à la demande de Jean d’Amoncourt, archidiacre de Langres et grand ami du cardinal de Givry, cette chapelle est par son décor [archive] un des joyaux de l’architecture renaissante à Langres. L’ornementation de la voûte à caissons [archive] de la chapelle rappelle celle de la galerie François Ier à Fontainebleau. De même, le décor « en miroir » du carrelage [archive], daté de 1551-1552, s’inspire fortement du château d’Écouen. Il est réalisé en faïence émaillée probablement par un atelier rouennais (Geoffroy Du Moustier), ou par Masséot Abaquesne comme le voudrait la tradition. Le dessin, quant à lui, pourrait être9 de Jean Cousin.

Maison Renaissance, 20 rue Cardinal Morlot.
La Renaissance voit notamment se construire de beaux édifices qui subsistent aujourd’hui :

 Hôtel de Rose ou d’Amboise, 3 rue des Abbés-Couturier ;

 Maison Renaissance, 20 rue Cardinal Morlot ;

 Maison dite des Cuirasses, 10 rue St-Didier ;

 Hôtel du 3 rue Jean Roussat ;

 Hôtel de Piétrequin, 4 rue du Chanoine-Defay ;

 Hôtel du Breuil de Saint-Germain, aile est.

L’imprimerie, qui s’y serait installé depuis la fin du xve siècle10, est surtout connue par le biais de l’imprimeur Jean Desprez (Jehan des Prey). C’est chez ce dernier que Jean Tabourot, chanoine à Langres en 154211 (de son anagramme Thoinot Arbeau), imprime en 1589 son traité L’Orchésographie. Joseph Boillot, architecte, ingénieur militaire et occupant successivement plusieurs charges à Langres12 dont celle de « contrôleur du magasin des poudres et salpêtres », publie en 1592 chez Jean Desprez son célèbre recueil de termes zoomorphes, Nouveaux Pourtraitz et figures de termes pour user en l’architecture [archive].

Richard Roussat, également chanoine à Langres, imprime son Livre de l’estat et mutation des temps [archive], à Lyon chez Guillaume Rouillé en 1550.

Pour la gravure, Jean Duvet est l’auteur de l’Apocalypse figurée, certaines de ses œuvres se trouvent au Musée d’art et d’histoire de Langres13.

Charles IX rend visite à Langres lors de son tour de France royal (1564-1566), accompagné de la cour et des Grands du royaume : son frère le duc d’Anjou, Henri de Navarre, les cardinaux de Bourbon et de Lorraine14. Pendant les guerres de Religion, les Langrois, pour la plupart, suivent leur maire, Jean Roussat, qui reste fidèle au roi légitime. Le parti de la Ligue est très virulent dans la région, avec les Guise dont le bastion de Lorraine est proche. Les protestants et les reîtres allemands avec, entre autres, le prince Casimir s’y opposent, et les deux partis ravagent le pays alentour. Une bataille a lieu au pied des murailles de Langres, au faubourg de Brevoines, le 31 juillet 1589, sans résultat décisif. Dans la nuit du 19 au 20 juillet 1591, un pétard est placé sur la porte de la place du Marché pour investir la ville, mais l’alerte est donnée à temps15.

Le xviie siècle
Au xviie siècle, Langres est marquée par l’épiscopat de Sébastien Zamet et par le retour d’une période troublée. En effet, après une relative période de paix, elle subit la guerre de Trente Ans comme d’autres villes en France. La peste frappe de nouveau la ville en 1636.

De 1615 à 1655, Sébastien Zamet est l’évêque de Langres.

La ville compte à cette époque entre 6 000 et 7 00016 habitants.

Un artisanat spécialisé se développe dans la ville puis hors les murs vers Nogent, la coutellerie.

xviiie siècle et xixe siècle

Statue de Denis Diderot.
Le 5 octobre 1713, Denis Diderot nait à Langres.

Article détaillé : Denis Diderot.

Intérieur de la gare, au tout début du xxe siècle.
Le chemin de fer arrive à Langres en 1857, avec la mise en service de la ligne de Paris-Est à Mulhouse-Ville par la compagnie des chemins de fer de l’Est.

Au xixe siècle, une citadelle à la Vauban vient étendre le domaine fortifié. Au début de la guerre franco-prussienne de 1870, Langres est une place de guerre qui barre la route de Bâle à Paris et qui contrôle le nœud ferroviaire de Chalindrey. Une ceinture de forts détachés est en cours de construction. La défense de la place est confiée au général de cavalerie Arbellot le 15 septembre 1870.
Après la capitulation de Metz, le 27 octobre 1870, les Prussiens occupent le Sud de la Lorraine et de la Champagne à l’exception de Langres. Afin de ravitailler les troupes positionnées au Sud de Paris, ils utilisent la voie ferrée Saint-Dizier - Chaumont - Châtillon-sur-Seine. En novembre la garnison, mal équipée, mal armée, mal chaussée, compte 12 000 hommes dont une moitié seulement est apte à soutenir un combat.
Du 16 au 20 novembre, une division allemande teste la défense de la ville, se retire en l’encerclant, néanmoins, à distance convenable et au moment où une épidémie de variole se développe dans la cité. La place n’étant pas assiégée, la garnison harcèle les voies de communications allemandes, attaque les avant-postes et pénètre même au-delà de ceux-ci. Parmi les coups de main, on peut citer17 :

le 5 décembre 1870, une compagnie du 56e régiment provisoire capture un convoi de ravitaillement de 27 voitures à Combeaufontaine ;
le 6 décembre, une compagnie de mobiles de Haute-Savoie met en fuite un détachement allemand venu faire des réquisitions à Nogent18 ;
dans la nuit du 8 au 9 décembre, 4 compagnies du 56e régiment provisoire et une section d’artilleurs entreprennent un coup de main contre la garnison de Châteauvillain ;
le 16 décembre, 2 bataillons de mobiles qui effectuent une reconnaissance à Longeau sont contraints de se replier face à une forte colonne allemande.
À partir du 18 décembre, l’ennemi commence un nouvel encerclement de Langres. Le 27 décembre, l’ennemi à totalement quitté ses positions et se dirige vers Vesoul en raison du mouvement des troupes du général Bourbaki. Les coups de main recommencèrent :

dans la nuit du 24 au 25 décembre, un détachement fait dérailler un train près de Bricon ;
dans la nuit du 11 au 12 janvier 1871, des partisans font dérailler un train près de Courban.
Pour la 3e fois, les Prussiens réinvestissent Langres à partir du 14 janvier. Les actions ennemies sont agressives, et les avant-postes français sont obligés de reculer.

le 28 janvier, le combat de Prauthoy fut le dernier exploit des troupes de la garnison de Langres qui chassèrent les Allemands du village.
En 1884, la ville décide de marquer le centième anniversaire de la mort de Denis Diderot. La place Chambeau est renommée place Diderot et une statue en bronze du philosophe, œuvre de Bartholdi, est érigée en son centre. Cet honneur rendu à un farouche représentant de l’athéisme est l’occasion de nombreuses contestations dans une ville reculée et très conservatrice dont la religion avait fait historiquement la puissance.

En 1887, la ville inaugure le premier train à crémaillère de France.

XXe siècle
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le département de la Haute-marne est envahi par les Allemands le 15 juin 1940, une semaine avant l’Armistice. Édouard Dessein, maire depuis 1932, donne sa démission en 1941, il est remplacé par Charles Béligné qui restera maire après la Libération jusqu’en 1959. Langres reste à l’écart de la guerre, l’occupation allemande est surtout présente à la préfecture de Chaumont dont la gare subit plusieurs bombardements. Le 13 septembre 1944 les troupes débarquées en Provence viennent reprendre possession de la ville19.

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