Bataille de Morhange (1914)

  • 4 juin 2015

Informations générales
Date 20 août 1914
Lieu près de Morhange et de Dieuze, en Lorraine allemande
Issue victoire allemande
Belligérants
Drapeau de la France France Drapeau de l’Empire allemand Empire allemand
Commandants
Auguste Dubail
Édouard de Castelnau Kronprinz Rupprecht
Forces en présence
1re et 2e armées 6e et 7e armées
Pertes
 ?  ?

Historique

Offensive française jusqu’au 19 août puis terrible défaite à partir du 20 aôut 1914

La principale offensive française au sud, connue sous le nom de bataille de Lorraine, commence le 14 août lorsque la 1re armée du général Dubail marche sur Sarrebourg alors que la 2e armée du général de Castelnau se dirige d’une part vers Morhange avec son 20e corps d’armée et d’autre part vers Dieuze avec ses 15e et 16e corps d’armée. Les Français y sont attendus par les 6e et 7e armées allemandes réunies sous le commandement du Kronprinz Rupprecht. Le Kronprinz doit engager le combat avec les forces françaises pour les fixer au centre, pendant que l’aile droite de l’armée allemande, dans le cadre du plan Schlieffen encercle ses adversaires. Les troupes allemandes qui disposent de plus de mitrailleuses et d’artillerie et d’une doctrine d’emploi beaucoup plus efficace que celle de l’adversaire, infligent ainsi - notamment depuis leurs lignes de défense fortifiées - de très lourdes pertes à l’infanterie française. Celle-ci encore vêtue d’uniformes datant du xixe siècle, avec des capotes bleues et des pantalons rouges, pratique toujours la tactique d’« offensive à outrance » qui fait peu de cas des pertes humaines car basée sur des charges en rangs serrés dès que le contact est établi avec l’ennemi. Dans ce secteur, la tactique des Allemands est de laisser pénétrer les unités françaises jusqu’à leurs lignes de défense dotées d’artillerie lourde et de mitrailleuses pour les anéantir. C’est ainsi que les deux armées françaises pénètrent d’une vingtaine de kilomètres à l’intérieur du territoire allemand avant que leurs unités ne soient clouées au sol et leurs effectifs réduits comme peau de chagrin, les survivants étant obligés, le 20 août, de se replier face à la puissante contre offensive allemande qui déferle sur eux depuis les hauteurs. C’est ainsi que les « Méridionaux » du 15e corps d’armée du général Espinasse en avancée dans le secteur de Bidestroff au nord de Dieuze sont pris en tenaille entre les positions allemandes de la forêt de Bride à l’ouest et celles de Bassing au nord. Malgré leur héroïsme et leurs très lourdes pertes (930 « mis hors de combat » sur les 1000 soldats du 3e bataillon du 141e RI de Marseille), ils vont être pris comme « bouc émissaire » de la défaite française par le généralissime Joffre puis par le ministre Messimy et ainsi diffamés dans le journal Le Matin par le sénateur Adolphe Gervais. Ce mensonge d’Etat déclenchera une polémique qui perdure aujourd’hui. Deux soldats français notables sont tués dans la bataille de Morhange : Louis Laffitte, ancien secrétaire-général de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Meurthe-et-Moselle, et directeur de l’Exposition Internationale de l’Est de la France à Nancy en 1909 ; et Émile Toussaint, un des architectes de la Chambre de Commerce de Meurthe-et-Moselle, à Nancy. On peut noter aussi qu’un des fils du général de Castelnau a été tué à Conthil le 20 août 1914.

La contre-offensive allemande à partir du 20 août

Le Kronprinz Rupprecht, déçu par le rôle défensif qui lui a d’abord été assigné, demande à ses supérieurs la permission de contre-attaquer.

« "Soldats de la VIe armée ! Des considérations d’ordre supérieur m’ont contraint de réfréner votre ardeur guerrière. Le temps de l’attente et du recul est passé. Nous devons avancer maintenant, c’est notre heure. Il faut vaincre, nous vaincrons !" »

— Proclamation du Kronprinz de Bavière à son armée.

Le 20 août en matinée, la contre-offensive victorieuse débute avec des unités allemandes intactes et très supérieures en nombre qui déferlent des hauteurs. Elle contraint le général de Castelnau à ordonner à ses troupes de se replier et elle force la 1re armée française à évacuer Sarrebourg. Les Allemands ne s’arrêtent pas à la frontière et continuent leur progression ayant pour objectif de prendre Nancy. Un repli en bon ordre qui permet au général de Castelnau (commandant la 2e armée française) - avec des renforts - de défendre avec succès Nancy au cours de la Grand Couronné qui stoppe l’offensive allemande dans ce secteur.

L’issue de la bataille est incertaine jusqu’au 24 août, jour où la bataille de la trouée de Charmes, une offensive allemande d’ampleur réduite, est lancée. Les Français ont été alertés par des observations aériennes et la progression allemande est négligeable. Le jour suivant, une contre-attaque française récupère le terrain perdu la veille. Les combats continuent avec les batailles du Grand Couronné et de la Haute Meurthe jusqu’à la mi-septembre, lorsque les premières tranchées sont creusées.

La deuxième offensive française en Lorraine du 25 août au début septembre 1914

Ayant arrêté leur repli, à partir du 25 août les unités de la 2e armée du général de Castelnau - aux effectifs considérablement réduits - exécutent le nouvel ordre d’offensive générale sur le front de Lorraine du Grand quartier général (GQG). Elles progressent victorieusement vers Lunéville dont elles échouent cependant à s’emparer des hauteurs. C’est le 2 septembre que ce qui reste de son 15e corps d’armée - intégré à la 3e armée commandée par le général Sarail - rejoint à marche forcée son aile gauche pour participer à la victorieuse bataille de la Marne qui se déroule sur un front de 250 kilomètres entre Paris et Verdun du 6 au 17 septembre 1914.