Secteur fortifié du Dauphiné

Le secteur fortifié du Dauphiné (SFD) regroupait de 1924 jusqu’à 1940 les fortifications françaises se trouvant essentiellement dans le département des Hautes-Alpes et des Basses-Alpes, ainsi que les unités qui leur étaient affectées, notamment une puissante artillerie de position. Ce secteur constituait une partie de la ligne Maginot, située entre le secteur fortifié de la Savoie au nord et le secteur fortifié des Alpes-Maritimes au sud.

Il formait une ligne discontinue de 95 kilomètres le long de la frontière franco-italienne, de Névache (dans le département des Hautes-Alpes) jusqu’au hameau du Pra (commune de Saint-Dalmas-le-Selvage, à l’extrémité nord des Alpes-Maritimes)n 1. Les fortifications du secteur barraient les principales vallées et cols permettant de franchir les Alpes, notamment les débouchés du col de Montgenèvre (dans le Briançonnais) et du col de Larche (dans l’Ubaye) ; entre les deux, le massif du Queyras, plus difficile à traverser, était plus légèrement protégé.

Les ouvrages bétonnés du secteur (notamment ceux du Janus, de Roche-la-Croix et de Restefond) furent construits dans les années 1930, servirent pendant les combats de juin 1940 contre l’Armée italienne, puis de nouveau pendant ceux de l’hiver 1944-1945 (plusieurs furent occupés par les troupes allemandes). Les fortifications sont remises en état pendant les années 1950 dans le contexte de la guerre froide, pour être finalement abandonnées à partir de la fin des années 1960. Quelques ouvrages sont désormais ouverts aux touristes.

Briançonnais

Le mont Chaberton (italien jusqu’en 1947), vu depuis le col de Montgenèvre. Le fort italien, construit au sommet entre 1906 et 1910, était armé de huit canons de 149 mm/36 (it) montés sous tourelle : ils pouvaient tirer jusqu’à Briançon.
Le Briançonnais est centré sur la haute vallée de la Durance, c’est-à-dire le débouché du col de Montgenèvre pour rejoindre Grenoble (par la N 91) ou Gap (par la N 94) en venant d’Italie, ainsi qu’un tronçon de la route de rocade passant par le col d’Izoard et le col du Lautaret. C’est pourquoi la place forte de Briançon avait été développée du temps de Vauban (enceinte urbaine ainsi que les forts détachés des Salettes, des Trois Têtes, d’Anjou, Dauphin et du Randouillet) puis de Séré de Rivières (ceinture des forts de l’Olive, de Lenlon, de Malfosse, de la Croix-de-Toulouse, de l’Infernet, du Janus, du Gondran, de la Lausette, de la Grande-Maye et de la Croix-de-Bretagne).

Mais au début du xxe siècle, l’augmentation de la portée de l’artillerie et la construction par les Italiens du fort du Chaberton (à 3 131 m) remettent en cause le dispositif. Dans le cadre de la modernisation des fortifications françaises, un projet est présenté à la Commission d’organisation des régions fortifiées (CORF) le 9 novembre 1929, prévoyant la construction de huit ouvrages bétonnés (au col de Buffère, au col de Granon, sous le fort de l’Olive, à l’ouest des Alberts, sous le Janus, sous le Gondran C, sur la cote 2237 et aux Aittes). Faute de moyens financiers (la loi Maginot étant insuffisante), ce programme est dans un premier temps réduit par la CORF dès le 12 mars 1930 à quatre ouvrages (Alberts, Janus, Gondran C et les Aittes) ; puis le 28 mai 1930, le maréchal Philippe Pétain tranche en ordonnant de consacrer les moyens sur la défense des Alpes-Maritimes et de la Maurienne.

Il ne reste que six millions de francs pour Briançon, obtenus par le général Charles Belhague pour financement l’aménagement du Janus ; tout le reste devait attendre. À partir de 1936, quelques petits ouvrages sont finalement réalisés, en rognant sur les dépenses, notamment en utilisant de la main-d’œuvre militaire (la MOM) et du matériel voire de l’armement de récupération. Les avant-postes (Plampinet et Chenaillet) ne sont réalisés qu’après la mobilisation, le tout complété par quelque 149 petits blockhaus MOM, surnommés « pilules briançonnaises », regroupés en points d’appui. Pour traiter le problème du fort italien du mont Chaberton, le secteur reçoit à partir de la mobilisation de 1939 le soutien d’un « groupement d’artillerie à missions spéciales » :

  • 6e batterie du 154e RAP (intégrée au Ier groupe) à Poët-Moran et Ayrette (quatre mortiers de 280 mm C modèle 1914 Schneider et deux mortiers de 220 mm C modèle 1916 Schneider) ;
  • 8e batterie du 154e RAP (intégrée au IIIe groupe) au col de Granon (quatre canons de 145⁄155 mm L 1916 Ruelle – Saint-Chamond) et au Cros à Briançon (deux canons de 194 mm GPF sur affût chenillé ;
  • 2e batterie du 374e RALVF sur voie ferrée (deux canons de 194 mm modèle 1870/1893 sur affût-truck TAZ.

Sous-secteur Haute-Clarée – Guisane

Le sous-secteur de la Haute-Clarée et de la Guisane est confié au 82e BAF, avec son PC au bois du Villar. Il a pour mission de défendre l’extrémité nord du Briançonnais, avec le soutien du IIIe groupe du 154e RAP :

  • 9e batterie aux Barteaux (deux canons de 155 mm L modèle 1877 et deux mortiers de 150 mm T modèle 1917 Fabry et à Poët-Ollagnier (deux canons de 155 mm L modèle 1877) ;
  • 10e batterie sur le Sapey (trois canons de 65 mm M modèle 1906), sur la montagne de Sachet (trois 65 mm et quatre canons de 75 mm modèle 1897) et au fort de l’Olive (sous casemate, deux canons de 75 mm).

Quartier Chardonnet

Le quartier du Chardonnet doit couvrir les cols du Chardonnet (à 2 638 mètres d’altitude), du Raisin (à 2 691 m) et de Roche Noir (2 693 m), qui permettent de passer de la vallée de la Clarée à celle de la Guisane (où passe la route reliant Briançon à la Maurienne par le col du Galibier). Mais ces cols sont franchissables que par des sentiers difficiles d’accès : aucun ouvrage fortifié n’a donc été construit en temps de paix ; seuls des points d’appui ont été aménagés à partir de la mobilisation de 1939 sur les cols et plus bas au nord-est au refuge du Chardonnet.

Quartier Buffère–Granon

Le quartier est composé d’avant-postes couvrant le nord de la place de Briançon, contrôlant les cols de Buffère et de Granon.

  • point d’appui des Thures ;
  • point d’appui du Col-de-l’Échelle ;
  • petit ouvrage du Col-de-Buffère ;
  • petit ouvrage du Col-de-Granon.

Quartier Peyrolles

  • blockhaus des Acles (construit en 1904) ;
  • blockhaus de l’Enlon (1891-1893) ;
  • avant-poste de Plampinet (inachevé) ;
  • fort de l’Olive (construit en 1881-1882).

Sous-secteur Haute-Durance – Cerveyrette

Le sous-secteur de la Haute-Durance et de la Cerveyrette est confié au 72e BAF, avec pour mission principale d’interdire le débouchée du col de Montgenèvre (à 1 850 mètres d’altitude) et plus accessoirement du col de Bousson (à 2 154 m, donnant sur la vallée de la Cerveyrette). Le sous-secteur dispose du soutien de deux groupes du 154e RAP :

  • Ier groupe affecté au quartier Gondran–Aittes :
    • 1re batterie à l’Ombilic (quatre canons de 75 mm modèle 1897), au Gondran D (trois canons de 65 mm modèle 1906), à Poët-Morand (quatre canons de 155 mm C Saint-Chamond, l’Eyrette (quatre canons de 75 mm), Gondran et Clot de l’Infernet (deux mortiers de 150 mm T ;
    • 3e batterie autour du blockhaus de la Lausette (quatre canons de 75 mm, six canons de 120 mm L modèle 1878 et deux mortiers de 150 mm T) et au Laus (trois canons de 65 mm modèle 1906) ;
    • 11e batterie dans l’ouvrage du Janus ;
  • IIe groupe affecté au quartier Vachette–Janus :
    • 2e batterie au Champ-de-Mars de Briançon (quatre canons de 155 mm L modèle 1877), à Fontchristiane (quatre canons de 155 mm L modèle 1877/14 et à Serre-Paix (quatre canons de 105 mm L modèle 1913) ;
    • 4e batterie au fort Dauphin (quatre canons de 75 mm) et à Malafosse (quatre canons de 65 mm) ;
    • 5e batterie au moulin Faure (quatre canons de 75 mm) et avenue du Lautaret (quatre canons de 155 mm C Saint-Chamond) ;
    • 7e batterie au fort de la Croix-de-Bretagne (quatre canons de 155 mm L modèle 1877 et quatre canons de 105 mm modèle 1913)19.

Quartier Vachette–Janus

  • barrage rapide de Montgenèvre ;
  • point d’appui du Rocher-Diseur (ou Rocher de Dix-Heures) ;
  • point d’appui du Bois-de-Sestrières ;
  • ouvrage de la Vachette (à peine commencé,) ;
  • barrage de route du Pont-de-la-Vachette ;
  • abri de La Lame ;
  • gros ouvrage du Janus ;
  • avant-poste du Chenaillet (inachevé).

Quartier Gondran–Aittes

  • ouvrages d’infanterie du Gondran A (1886-1893), Gondran B, Gondran C et Gondran D ;
  • petit ouvrage du Gondran E ;
  • point d’appui du Bois-des-Bans ;
  • petit ouvrage des Aittes ;
  • observatoire du fort de l’Infernet (1876-1880).

Le quartier oublié

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Sainte-Anne (rue)

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Place Neuve (côte Ouest de Victor Gelu)