fourragère

  • 8 janvier 2015
Origine

Les origines de la fourragère française sont assez vagues en raison de la confusion faite par la plupart des auteurs entre la fourragère et les aiguillettes.

Ces dernières servaient autrefois, et même jusqu’au début du xve siècle, d’instruments d’attache des vêtements, des pièces d’équipements ou d’armures. Ce qui les caractérise c’est le ferret enveloppe métallique de l’extrémité du cordon d’attache, sorte d’aiguille analogue aux aiguilles métalliques de lacets de chaussures.

La fourragère, elle, dérive du souvenir de la corde à fourrage que le soldat enroulait autour de son épaule. Elle n’avait pas de ferrets. C’était une simple corde avec de gros nœuds, de grosses tresses à ses extrémités, qu’on appelait raquettes.

Il n’est cependant pas niable que les aiguillettes ont pu par la suite rappeler le souvenir des cordes à fourrage et de celles servant à lier les malfaiteurs et à les pendre au besoin.

C’est de là que dérive l’anecdote suivante, si souvent racontée mais dont la source demeure totalement inconnue et qu’il est impossible de contrôler. À la fin du xvie siècle, le duc d’Albe qui fut nommé par Philippe II d’Espagne gouverneur des Pays-Bas, ayant eu à se plaindre d’un corps de Flamands, aurait décidé que toutes les fautes commises à l’avenir par ce corps seraient punies de la corde. Les Flamands, voulant prouver qu’ils n’avaient rien à redouter, n’hésitèrent pas à porter sur l’épaule une corde et un clou pour rendre plus facile l’exécution de l’ordre. Leur conduite devant l’ennemi fut si brillante que le duc d’Albe transforma la corde en passementerie et en fit une marque honorifique pour ce corps d’élite.

Si l’aiguillette est aussi ancienne que la chevalerie, la fourragère, par contre, ne remonte pas aussi loin dans le passé. Bardin, dans son Dictionnaire de l’Armée de Terre dit, au mot aiguillettes : "Les dragons de la milice autrichienne, dans le siècle de leur création, portaient la corde à fourrage à la place et de la manière dont on porte aujourd’hui l’aiguillette sur l’habit". Or, les costumes hongrois furent adoptés en France, avec un véritable engouement, à la fin du xviiie siècle. De même qu’en Hongrie, la mode s’introduisit, dès lors dans nos nouveaux régiments de hussards de porter la corde à fourrage autour des épaules.

Telle est l’hypothèse généralement admise et, de fait, assez acceptable ; elle n’est cependant pas toujours corroborée par les dessins ou gravures du temps.

Cette première fourragère subsistera avec quelques modifications jusqu’après la guerre de 1870. À ce moment, elle disparut. Mais il importe de remarquer qu’elle ne fut jamais portée que par des troupes à cheval et par celles seulement qui étaient coiffées du shako, du kolback ou du chapska.

Description et port

Port de la fourragère "en bataille" sur la tenue de cérémonie
Il s’agit d’une cordelette tressée qui se porte à l’épaule gauche de l’uniforme. Une des extrémités de la tresse a la forme d’un trèfle, l’autre extrémité porte un ferret, c’est-à-dire une pièce métallique conique, selon un texte du 21 avril 1916, le ferret de la fourragère est en métal uni, il existe des ferrets ciselés de motifs aux armes ou emblèmes militaires. Au-dessus du ferret se trouve un nœud à quatre tours et une cordelette.

La fourragère se porte autour du bras gauche (bouton de fixation sous la patte d’épaule, à 1 cm de la couture d’épaule). La fourragère peut aussi se porter « en bataille » : dans ce cas-là, la cordelette est accrochée à un bouton du plastron.

Lors des prises d’armes et des défilés, le port de la fourragère est dit "en bataille" et la partie qui est avant le ferret et le nœud à quatre tours, au lieu d’être fixée sur la patte d’épaule, est attachée sur l’un des boutons de plastron de l’uniforme.

Le droit au port de la fourragère est accordé à tous les militaires comptant à l’effectif et inscrits sur les contrôles des corps, compagnies ou unités auxquels elle a été attribuée. Elle est remise solennellement aux recrues lors de la présentation du drapeau. La fourragère est retirée aux militaires qui ont changé de corps, mais toutefois, ceux qui se sont acquis des titres au port individuel peuvent continuer à la porter. En effet lorsqu’un individu (civil ou militaire) a participé à toutes les opérations, tous les faits d’armes ou de bravoure qui ont permis l’attribution de la décoration de l’unité, il conserve le droit de porter cette fourragère "à titre individuel" (et avec l’autorisation du chef de sa nouvelle unité) même lorsqu’il a quitté l’unité d’origine. Il doit alors arborer sur sa fourragère un écusson portant le numéro de l’unité qui a obtenu la fourragère.

Portfolio