Ypres

  • 4 janvier 2015
Localisation

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Histoire

La ville d’Ypres a pris naissance autour du domaine carolingien et d’un marché éloignés l’un de l’autre d’environ 600 m. Au xie siècle, ces deux centres avaient pratiquement fusionné pour former un bourg1 doté d’attributions administratives, puisqu’un burgrave y gouvernait la châtellenie d’Ypres au nom du comte de Flandres.

Ce fut la ville natale de Guillaume d’Ypres, un capitaine de mercenaires qui combattit avec succès aux côtés du roi Étienne d’Angleterre contre l’impératrice Mathilde.

Liste des châtelains d’Ypres

Théobald Ier † 1100/1105, son fils ;
Wulfric † 1112 son fils aîné ;
Fromold Ier † 1126 son frère,
Thobald II † 1112 son frère ;
Théobald III † 1123 fils de Fromold Ier ;
Fromold II † 1161 son frère.
Baudouin de Bailleul † 1123 épouse Euphémie de Saint-Omer ;
Anselme † 1147 leur fils ;
Baudouin II † 1176 son frère
Baudouin III † 1201 son fils
Mabille † 1243 sa sœur, épouse Adam de Walincourt puis Hugues de Rethel
Marguerite † 1255 sa sœur, épouse Baudoin III d’Aire
Marguerite-Marie leur fille épouse Jean d’Aubigny ;
Hugues † 1289, leur fils ;
Baudoin IV † 1316, son fils.

La cité drapière médiévale

C’est au xiie siècle qu’Ypres devint florissante. En tant que troisième ville de Flandres (derrière Gand et Bruges), Ypres fut appelée à jouer un rôle de premier plan dans l’histoire du comté. Son marché annuel avait un rayonnement européen, et elle devint pour un temps la seconde plus importante ville de la Hanse flamande de Londres2 ; dès le début du xiie siècle, Ypres commerçait avec Novgorod, l’Angleterre, les villes de Champagne, l’Italie et les pays du Levant3. C’était aussi avec Arras l’un des grands centres artisanaux de la draperie, dont le commerce était alors des plus lucratifs, et pendant tout le xiie siècle la capitale du drap en Flandres4. L’artisanat du drap (de laine) atteignit son apogée vers 1250. Ypres pouvait être facilement approvisionnée avec une laine de haute qualité, qui était acheminée par bateaux sur l’Yser et l’Yperlée (qui n’est plus aujourd’hui navigable) depuis la côte où les moutons étaient élevés, puis vendus sur les faubourgs5. Ypres rejoignit la scabini Flandriæ, une ligue de villes du nord qui, par suite de l’invasion française entre autres, se réduisit finalement à quatre membres : Gand, Bruges, Ypres et le Franc de Bruges. Ypres y conserva son droit de vote jusqu’en 1678. La cité drapière fut affectée par la plupart des conflits qui agitèrent le Moyen Âge, parmi lesquels la bataille des éperons d’or, la bataille de Mons-en-Pévèle, la paix de Melun qui suivit la bataille de Bouvines, la bataille de Cassel.

Le déclin de l’artisanat du drap s’amorça, comme un peu partout en Flandre, au tournant du xive siècle. La ville demeura malgré tout un centre administratif et hospitalier majeur. Les premières fortifications semblent dater de 1385 : une partie en est encore visible près de la Porte de Lille (Rijselpoort). La célèbre Halle aux draps date du xiiie siècle. C’est vers cette époque qu’on précipitait, hors de la Halle aux draps, les chats, qui symbolisaient alors le Malin et la sorcellerie, sans doute pour signifier par cet acte que les transactions seraient vierges de toute action maléfique. Ce rituel est commémoré aujourd’hui par la « fête du chat » triennale.

La concurrence avec la laine anglaise et hollandaise, la guerre avec la France, les jacqueries, le siège de la ville et un bombardement soutenu par l’armée anglaise en 1383, la grande peste de 1347 et les épisodes de disette accablèrent Ypres6, dont la production manufacturière chuta à 50 % de ce qu’elle était en 13007. La ville ne parvint pas à préserver ses débouchés commerciaux aussi bien que d’autres villes flamandes (Bruges, par exemple). L’effondrement économique et les épidémies provoquèrent l’exode de la plus grande partie des familles ouvrières au xve siècle. La peste ravagea encore la ville à de nombreuses reprises entre le xive et le xviie siècle8.

L’échevinage

La ville était administrée par un bailli et des échevins. Ces magistrats étaient assistés par un Grand Conseil. Les échevins, après un mandat de deux ans, devaient attendre une année avant de pouvoir présenter à nouveau leur candidature à cet office. Ils pouvaient toutefois conserver une activité politique dans l’intervalle en siégeant au Grand Conseil9. Au Moyen Âge, l’échevinage était pratiquement détenu par une oligarchie de quelques familles. Contrairement à d’autres villes flamandes, un mandat d’échevin pouvait être détenu par la même personne pendant plusieurs années : tant que l’on restait fidèle au comte de Flandres, la charge était pérenne.

Le Grand Conseil était composé du bailli, des échevins, et de 27 conseillers, dont quatre représentants des quartiers, quinze représentants de la bourgeoisie et cinq représentants des artisans (tisserands et foulons essentiellement)10. Le collège des échevins était composé (en tout cas au xviie siècle) pour l’essentiel d’aristocrates, seigneurs et chevaliers, ce qui peut s’expliquer de la façon suivante : on sait qu’au cours du Moyen Âge, 75 % des échevins se consacraient au commerce et à l’artisanat ; à la chute de Charles le Téméraire, tous les échevins étaient devenus propriétaires de terres, et en 1521, les trois quarts de ces échevins vivaient de rentes foncières et des tenures. C’est ainsi que les artisans devinrent minoritaires au sein du Grand Conseil.

Enfin il faut ajouter que, contrairement aux autres villes de Flandre, l’échevinage employait des clercs rémunérés. Ces fonctionnaires, qui devaient prêter serment, assuraient l’interim du collège des échevins.

Réforme et Contre-Réforme

À la fin du xve siècle, la ville commença à se repeupler. Des tisserands possédant leur propre métier à tisser s’y installèrent. Ils amenaient une nouvelle mentalité, faite de curiosité et de foi intériorisée (devotio moderna). Ces nouveaux citoyens grossirent les rangs de la vague évangélique. En 1525, les échevins de la ville mirent en application le programme politique proposé par le philosophe Juan Luis Vives, particulièrement la mise à contribution des congrégations pour le traitement social de la mendicité. Cette initiative, combattue par les Franciscains, fut finalement sanctionnée favorablement par la Sorbonne et l’empereur Charles Quint. C’est à Ypres, en 1566, que prirent naissance les premiers troubles de la fureur iconoclaste aux Pays-Bas11. Ce déchaînement de violence gagna rapidement les provinces du nord. Ypres, comme Bruges, tomba aux mains des calvinistes gantois en 1577. Le parti protestant conserva le pouvoir jusqu’en 1583, lorsque Farnèse envahit les Pays-Bas.

Dès 1559, suite au Concile de Trente, Ypres était devenu siège d’un évêché, suscitant l’arrivée de plusieurs congrégations religieuses. Elle eut notamment pour évêque Cornelius Jansen, dit Jansenius, le père du jansénisme. La ville retrouva une certaine prospérité au début du xviie siècle : on le voit à la recrudescence de construction d’édifices en pierre.

Ce n’est qu’à ce moment qu’on songea à reprendre les fortifications de la ville. Depuis Ypres, il était facile de contrôler tous les ports du littoral flamand : Nieuport, Bruges, Ostende, Furnes, et surtout Dunkerque. Les Espagnols abattirent les vieilles murailles médiévales et entourèrent la ville d’un enceinte bastionnée, ce qui n’empêcha pas les Français de s’emparer d’Ypres, d’abord en 1658, puis à nouveau le 25 mars 1678 par les traités de Nimègue.

Le rattachement d’Ypres à la France est une conséquence de la bataille de la Peene livrée à Noordpeene un an plus tôt. Vauban, qui avait pu juger des défauts du dispositif en place, modifia à son tour profondément les ouvrages d’enceinte : il s’agissait pour lui d’une place frontière du « Pré carré ». La ville abrita dès lors une importante garnison (5 000 hommes), à laquelle toutes les activités manufacturières et commerciales étaient subordonnées. Il se mit en place une économie autarcique et surtout très dépendante du contexte politique et militaire.

Lors des Traités d’Utrecht (1713), les Provinces-Unies obtinrent le droit de garnison à Ypres et dans 7 autres villes des Pays-Bas espagnols (cf. Traité des Barrières).

En 1782, l’empereur Joseph II ordonna le démantèlement des fortifications. Cette décision facilita la prise de la ville par les Républicains français commandés par Pichegru le 17 juin 179417.

Première Guerre mondiale

Après les inondations de Nieuport, les Allemands ont reporté leurs attaques sur la région d’Ypres, en octobre 1914. Depuis lors, Ypres a été le siège de plusieurs batailles extrêmement sanglantes, étant situé au centre de la zone dite du saillant d’Ypres, une saillie en forme de demi-cercle sur la ligne de front de l’ouest. L’armée allemande utilisa, pour la première fois, les gaz de combats contre les troupes canadiennes. Celles-ci, n’étant pas équipées pour faire face à ce type d’attaque, résisteront malgré les dommages que causent les gaz moutarde. C’est le premier usage militaire du gaz moutarde (qui sera appelé également dès lors ypérite), lors de la troisième bataille d’Ypres (bataille de Passchendaele) en juillet 1917. En avril 1918, une importante offensive allemande est arrêtée à Merkem, au nord, par les Belges, et aux monts de Flandre par les Britanniques et les Français. À partir de septembre, la contre-attaque des Alliés, commandée par le maréchal Foch, va permettre de libérer la Belgique. Plus de 300 000 Alliés dont 250 000 soldats du Commonwealth ont trouvé la mort au cours des combats. Soumise aux bombardements de l’artillerie allemande, la ville médiévale était presque entièrement détruite à l’issue de la guerre. La campagne environnant Ypres n’est qu’une vaste nécropole : on y compte quelque 170 cimetières militaires.

Lieux et monuments

Halle aux draps (Lakenhal) d’Ypres (11 octobre 2004)
la grand-place
la Halle aux draps (Lakenhal)
la cathédrale Saint Martin
le mémorial de la porte de Menin (Menenpoort)
la porte de Menin, sous laquelle se déroule les soirs depuis 1928 au son du clairon, le "Last Post", cérémonie d’hommage aux victimes de guerres.
St. George’s Memorial Church pour les soldats anglais et du Commonwealth (sacré 1929) 22
la promenade sur les remparts construits par Vauban. Peut se faire au départ de la porte de Menin.
la « maison Biebuyck » (1544) - Diksmuidsestraat 48
le musée de la guerre "In Flanders Field" dans les halles.
le musée Merghelynck (xixe siècle) - A. Merghelynckstraat 2
le parc d’attractions et animalier Bellewaerde.
l’abbaye de la Nouvelle-Plante. Elle existe sous le patronage de Notre-Dame. Établie à l’origine à Roesbrugge, l’abbaye a été transférée à Ypres en 1588. Vendue comme bien national en 1798, rebâtie au milieu du xixe siècle, détruite au cours de la Première Guerre mondiale, elle a été réédifiée de 1921 à 1928 selon les plans de l’architecte bruxellois Camille Damman.