Varangéville

  • 2 janvier 2015
Histoire

À la fin du VIIIe siècle, les moines de Gorze fondent un prieuré qui aidera au développement de la ville. En fait, c’est une donation d’Adalbéron Ier de Metz, évêque de Metz, à l’abbaye de Gorze, d’un vaste domaine rural avec ses appendices et ses droits de seigneurie qui fut à l’origine de l’église et du prieuré lui-même. Les conditions de cette donation ont été embellies par un beau récit de prodige, dû à la plume du bienheureux Jean de Vandières (parfois appelé Jean de Gorze), qui composa au milieu du Xe siècle le recueil des Miracles de saint Gorgon. En 764, rapporte-t-il, saint Chrodegang de Metz, évêque de Metz et fondateur de l’abbaye de Gorze, obtint du pape Paul Ier les reliques de saint Gorgon, martyr romain. On les rapporta en Lorraine et, vers la fin d’un voyage qui avait été fertile en épisodes pittoresques, le cortège arriva un soir en un lieu appelé Varangéville. La nuit obligeant à faire halte, on suspendit le reliquaire à un buisson d’épines. Le lendemain matin, le buisson avait crû de merveilleuse façon et il fallut tout un échafaudage pour reprendre les reliques et continuer vers Gorze. On ne pouvait pas moins faire qu’élever, en l’honneur du saint, une chapelle qui commémorerait le miracle. Ainsi Jean de Vandières, écho sans doute de récits qui avaient cours dans son abbaye de Gorze, racontait-il les origines de Varangéville.

Lieux et monuments

Fosse cultuelle païenne en bordure du cimetière.
Nécropole mérovingienne VIe à VIIIe, correspondant à une population d’environ 20/30 personnes (fouillée en 1943).
Sondages salins de la vallée de la Roanne.

Édifices religieux
  • Église Saint-Gorgon. Cet édifice de style gothique tardif est une réussite exceptionnelle comme église-halle. La construction peut-être attribuée au priorat de Jean de Lorraine (1508-1545) (les armoiries figurent sur la nef du cœur) durant le premier tiers du XVIe siècle (la date de 1528 est inscrite sur une clé de voûte de la 3e travée de la nef). C’est l’époque où se terminait l’église voisine de Saint-Nicolas-de-Port. L’extérieur de l’église manque d’allure et d’élégance (le clocheton est du xixe siècle) ; elle est recouverte d’une seule toiture et les façades latérales sont soutenues par de puissants contreforts séparant des fenêtres irrégulières. La façade est pauvre, mais l’intérieur est tout autre. Cette église-halle,dont les bas côtés sont à la même hauteur que la nef, se caractérise par la pureté de l’architecture dont le seul décor est constitué de colonnes cylindriques sans chapiteaux dont les nervures s’étalent dans la nef comme autant de feuilles de palmiers. Son plan est très simple : une nef centrale de huit travées avec des bas côtés, prolongées par une abside à cinq pans. Il n’y a pas de transept. Sur le bas-côté nord s’ouvrent trois chapelles.
    Le mobilier est particulièrement riche. Un ancien mur retable à trois niches. Il abritent deux statues ; à droite celle du pape Saint Urbain (bois xve siècle) assis tenant un livre et des épis, à gauche celle d’un évêque, assis, sans attributs permettant de l’identifier. La niche du centre contenait une vierge à l’enfant qui a disparu en 1980. Dans la première chapelle une mise au tombeau (xvie siècle) constituée d’un ensemble de dix personnages en grandeur naturelle ; huit sont traditionnels de ces sculptures monumentales ici s’y ajoutent deux anges en prière. Au-dessus trois consoles supportent chacune une statue. Dans la seconde chapelle un autel surmonté d’une vierge assise allaitant l’Enfant Jésus qui joue avec une colombe (xive siècle) entourée de deux anges portant des flambeaux. Cette très belle pièce, typiquement lorraine, a été fort maltraitée vers 1840, quand un sentiment de fausse pudeur a fait gratter le sein de la Vierge. Dans la troisième chapelle, une Piéta de bois peint datant du xvie siècle elle aussi caractéristique de la région lorraine.
  • Les "Encastrés". Sur le mur nord de l’église, dans le cimetière, on peut encore lire (en particulier à hauteur de la chapelle du sépulcre) diverses inscriptions signalant : Le chef de Marie-Anne Thomassin, Le chef de Barbe Pitoux, Le chef de Nicolas Colas, etc. Dans un cimetière autrefois très exigu et servant à deux localités importantes, Varangéville et Saint-Nicolas de Port, les inhumations successives bouleversaient fréquemment les tombes. Les ossements étaient alors déposés dans trois charniers adossés à l’église, entre les contreforts. Certaines familles, désirant conserver l’identification des restes de leurs défunts, faisaient encastrer directement dans le mur de l’église leurs chefs, c’est-à-dire leurs crânes. Après avoir enlevé une pierre du mur, on y plaçait le crâne. On repositionnait la pierre avec une inscription indiquant à qui il avait appartenu. Cette coutume se retrouve ailleurs, mais elle avait pris à Varangéville une telle ampleur que la stabilité des murailles fut finalement compromise par ces innombrables trous qu’on y faisait. A diverses reprises cette pratique fut interdite ; elle disparut progressivement au cours du XVIIIe siècle.
  • Ancienne église prieurale, rue Jean-Jaurès, restes du prieuré xie/xiie, dont le portail de l’église primitive et sa façade remaniée.
  • Vestiges de l’ancien couvent des capucins xviie bâti en 1611 par Eric de Lorraine-Chaligny, évêque de Verdun. Il y fut d’ailleurs enseveli avec ses neveux François de Lorraine-Chaligny, évêque de Verdun et Henry de Lorraine, marquis de Mouy et comte de Chaligny (Leurs restes ont été transférés dans l’Église des Cordeliers de Nancy). Ce couvent est construit en partie avec d’anciens bâtiments (notamment la chapelle) de l’ancien hôpital Saint Germain. Cet hôpital avait été bâti par des chanoines de la primatiale.
Autres

Seule mine de sel gemme encore en activité en France.