Lunéville

  • 4 novembre 2014

Localisation

Histoire

Lunéville sort de l’ombre au xe siècle. Auparavant, il n’y avait au confluent de la Meurthe et de la Vezouze que de modestes cabanes qui servaient de rendez-vous de chasse. Un premier château de Lunéville fut construit pour protéger le point de passage que constitue le pont sur la Vezouze, sur la route du sel que les sauniers et marchands empruntaient entre Rosières, Vic-sur-Seille, Marsal d’une part et Deneuvre, l’Alsace et la Bourgogne d’autre part. La seigneurie trouvait ainsi une source de revenus en prélevant un péage au passage du pont.

La ville a d’abord appartenu à plusieurs princes allemands, avant de passer aux mains d’Étienne, évêque de Toul et premier comte de Lunéville. Ses descendants possédèrent la cité jusqu’en 1055. En 1243, le comté fut rattaché au duché de Lorraine. Lunéville ne se développe qu’à partir de 1330 sous le règne du duc Raoul Ier.

Le vieux château féodal subsista jusqu’en 1612, date à laquelle Henri II, préférant Lunéville à Nancy, le démolit et en construisit un nouveau. Celui-ci eut une courte vie. Démantelé pendant la guerre de Trente Ans, il fut totalement détruit lorsque le duc Léopold Ier de Lorraine, arrivant à Lunéville en 1702, choisit de bâtir un palais moderne : c’est le château actuel.

Sous le règne de Léopold, la régence de son épouse Élisabeth Charlotte d’Orléans puis le règne nominal de l’ex-roi de Pologne Stanislas et le rattachement de la Lorraine à la France en 1766, Lunéville, à l’instar de Versailles en France ou Schönnbrunn en Autriche, fut la capitale princière de la Lorraine, tandis que Nancy comme Paris ou Vienne restait capitale administrative.

Dans son siècle de Louis XIV, Voltaire, louant le duc Léopold, affirmait que l’on ne croyait pas avoir changé de lieu en laissant Versailles pour Lunéville.

En 1766, le château échoit au roi Louis XV de France qui, n’osant le détruire à l’instar d’autres châteaux Lorrains de son beau-père, le fit transformer en caserne.

En 1786 est construite sur permission de Louis XVI la synagogue. C’est la première construite dans le royaume depuis le Moyen Âge, et l’une des plus anciennes subsistant à ce jour5.

C’est à Lunéville, dans les salons de l’hôtel Beauvau-Craon, que fut signé le 9 février 1801 le traité de Lunéville par lequel s’est provisoirement conclu l’affrontement entre l’Autriche de François II et la France consulaire de Bonaparte. Ce traité attribue à la France les Pays-Bas autrichiens (Belgique) et la rive gauche du Rhin.

Lunéville connut un essor important après la Guerre de 1870. En effet, le Traité de Francfort signé en 1871, fit de Lunéville une ville frontière. Une importante garnison y est affectée (le château est transformé en caserne) et la ville connaît un afflux de rapatriés Alsaciens ou Mosellans refusant de devenir Allemands. Certaines entreprises de ces régions s’installèrent à Lunéville. Ce phénomène n’est pas propre à Lunéville : des villes comme Nancy ou Belfort ont connu la même situation. On note ainsi l’usine de la Lorraine-Dietrich, fondée dès 1897 par la famille De Dietrich, reprise en 1905 par Edouard, Eugène et Adrien de Turckheim.

À la veille de la Grande Guerre, la ville devient la "cité cavalière", hébergeant la 2e Division de Cavalerie ainsi que ses unités ; Lunéville ne compte alors pas moins de 8 casernes, son château y compris. Parmi les troupes en présence on trouve les 17e et 18e Régiments de Chasseurs à Cheval, le 3e Bataillon de Dragons Portés, les 8e et 31e Régiments de Dragons, les batteries à cheval des 8e et 39e Régiments d’Artillerie de Campagne et le 2e Bataillon de Chasseurs à Pied.

Faïence de Lunéville Saint-Clément
Lunéville est renommée pour sa manufacture royale de faïence, fusionnée avec celle, voisine, de Saint-Clément, qui continue la production de faïence de Lunéville.

La cité est également renommée pour sa broderie : la Broderie de Lunéville (un mélange de perles et paillettes), utilisée dans les ateliers de Haute couture. Un conservatoire a vu le jour pour la promotion de cette technique.

Anecdote : dans le film "La vache et le prisonnier", l’acteur Fernandel s’évade d’Allemagne. Il se sait en France quand, arrivant dans une gare, il entend l’annonce "Lunéville".

Toponymie

Le nom de la localité est mentionné sous les formes Lineatis villa en 1034, Lunaris villa en 11351, Linerville en 1140, Lunivilla en 1154 ou 11572 et encore Liniville, Linéville.

Les deux formes les plus anciennes s’opposent. Albert Dauzat, Charles Rostaing et Ernest Nègre ne prennent en compte que la première qui explique phonétiquement la plupart des formes attestées :

Les premiers qualifient ce toponyme d’« obscur » et penchent pour la réutilisation d’un nom de lieu antérieur, avec adjonction plus tardive de l’appellatif ville « domaine rural, village », si la finale -atis est exacte. Ils suggèrent simplement une origine gauloise ou germanique pour Lineatis. En effet, on rencontre parfois ce type de formation toponymique, comme Tonneville, anciennement Taunacum villa. L’élément Taunacum est bien un nom antérieur en -acum.
Ernest Nègre suppose un alienata « aliénée, vendue », explication qui repose sur une aphérèse de a- et une hypothétique métathèse * Liena- > Linea-. Cette théorie complexe, quoique plausible phonétiquement, est spéculative, car aucune forme ancienne ne la soutient. De plus, la plupart des toponymes médiévaux en -ville sont combinés à un nom de personne (généralement germanique) et non pas avec un participe passé.
La forme Lunaris villa est une forme artificielle de clercs latinistes qui ont relié cet élément au latin lunaris « semblable à la lune ». Les formes ancienne Lunivilla et actuelle Lunéville résultent de l’étymologie populaire par analogie avec le mot « lune ».

Anciens noms en allemand : Lünstadt, Lünenstadt, Lünstädten.

Administration

Pays Drapeau de la France France
Région Lorraine
Département Meurthe-et-Moselle

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