LDE carnet de route p.6
━ Je n’ai plus un rond et j’avais plusieurs tunes. J’ peux plus brifer et j’ai la dent !
Pour s’en débarrasser, le commissaire lui donne 10 francs et à plusieurs nous le suivons vers le premier caboulot.
De retour à la gare, on nous annonce qu’un train militaire allait passer vers 3 heures. À l’heure dite le train rentre en gare et c’est le 128e R.I. qu’il transporte. Je saute dans le wagon de ma section. C’est le sixième jour de pérégrinations.
Le soir même nous arrivons à Maron, petit village situé sur la rive rocheuse et encaissée de la Moselle entre Toul et Pont-Saint-Vincent. À 4 km. toute la D. I., occupe le camp du Bois l’Évêque, sur le plateau qui domine la rive droite du fleuve.
31 décembre. ━ Fin de l’année. Cet événement se passe sans histoires.
La région est pittoresque et d’un caractère sauvage. Des hauteurs qui surplombent le fleuve, de nombreuses sources versent en cascades leurs eaux ferrugineuses. Elles vont en bondissant, étouffer leurs bouillonnements dans les eaux rapides et sombres de la Moselle. Vers l’Est, en suivant les eaux, on distingue les localités de Neuves-Maisons et de Pont-Saint-Vincent ou s’élèvent les tours noires des hauts fourneaux. Des fumées épaisses vont se fondre vers la crête dominante que couronne un fort de la ceinture de Toul.
On s’est installé dans des granges avec le concours empressé de la population. Quelle différence avec les gens de la Somme !
Ici affabilité, là-bas indifférence.
Ma section occupe la grange d’une petite ferme sur la route de Neuves-Maisons.