Dunkerque

  • 4 janvier 2015
Localisation

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Histoire
L’origine

L’histoire de Dunkerque commence il y a plus d’un millénaire lorsque des pêcheurs décident de s’installer sur des bancs de sable. La future ville est alors un bourg sans nom. Quelques décennies avant l’an 1000, on installe une église afin d’évangéliser le hameau de pêcheurs, dès lors le hameau est appelé Duinkerk (« L’église des dunes » en flamand occidental40) qui devient Dunkerque en français au fil des siècles. En 960, Baudoin III construit une première muraille autour du hameau devenu une « bourgade » car la ville connaît les premières invasions de son histoire. Au cours du xiie siècle, la ville obtient le statut de « ville nouvelle ».

De 1297 à 1789

Le 20 août 1297, Dunkerque devient française pour la première fois de son histoire. Cinq ans plus tard, elle redevient flamande. À cette époque, la ville dispose déjà d’un « corps échevinal » (l’ancêtre du conseil municipal), composé d’un mayeur et de neuf échevins.

Le 13 juillet 1338 éclate la guerre de Cent Ans, le comte de Flandre Louis de Nevers reste fidèle au trône de France, et décrète donc l’arrêt du commerce avec l’Angleterrea 1. Les villes flamandes, y compris Dunkerque, vivant du commerce avec les Anglais, se soulèvent alors contre le comte de Flandrea 2. La Flandre ralliée à l’Angleterre, les bateaux accostent à Dunkerque, le port prend l’importance jour après jour.

En 1395, Robert de Bar autorise la construction d’une nouvelle muraille autour de Dunkerque. La seule trace qui nous reste aujourd’hui est le Leughenaera 3. Au milieu du xve siècle, les Dunkerquois construisent un amer, c’est la naissance de l’actuel Beffroia 4. Dix ans après, l’église Saint-Éloi l’utilise comme clochera 4. La ville de Dunkerque est, à cette époque, entièrement tournée vers la mer et le commerce. La ville hérite les traditions festives des gens de la mer et des Flamands, c’est d’ailleurs à cette époque que nait l’ancêtre du carnaval de Dunkerque.

En 1520, Charles Quint est reçu triomphalement dans la ville en tant que trente-et-unième comte de Flandrea 5. Dunkerque est impliquée dans la guerre que le Habsbourg mène contre le roi de France, François Ier. En représailles, les pêcheurs dunkerquois sont attaqués par les corsaires françaisa 6. Le magistrat de Dunkerque prend la décision d’armer des bateaux en course41 afin de protéger ses bateaux de pêchea 7.

Dunkerque connut également des chambres de rhétorique, abolies en mai 1584 par le duc de Parme ; de celles-ci, celle des Carsonniers fut reconstituée plus tard et donna naissance à, du moins, un illustre représentant : Michel de Swaen42.

Le 25 mai 1658, le maréchal Turenne fait le siège de la ville. Dix-neuf jours plus tard, le 14 juin 1658, une coalition franco-anglaise menée par Turenne et Lockhart attaque la ville, c’est la bataille des Dunes. Le 25 juin 1658 est une date symbolique de l’histoire de la ville, soumise à de multiples convoitises. Au cours de la « folle journée », la ville est espagnole le matin, française au cours de la journée et enfin anglaise le soir.

Le 27 octobre 1662, Dunkerque, rachetée par Louis XIV au roi d’Angleterre, devient définitivement française. Le 28 novembre 1662 marque l’arrivée de dix troupes de cavalerie venues prendre officiellement possession de la ville. Le 2 décembre, le Roi Soleil fait une entrée triomphale dans Dunkerque. Vauban entreprend alors de fortifier la ville et développe son port, qui devient le plus grand port de guerre du royaume.

Dès 1670, Louis XIV encourage la course à Dunkerque. C’est à cette époque que Dunkerque va connaître le plus célèbre de ses corsaires : Jean Bart. Le 29 juin 1694, celui-ci sauve la France de la famine lors de la bataille du Texel.

En 1700 apparaît à Dunkerque la chambre de commerce qui fait prospérer les commerçants, la ville est alors une puissante place commerciale. Grâce aux fortifications de Vauban et à ses corsaires, la ville est imprenable par la mer.

Au xviiie siècle, le port de Dunkerque est une des plaques tournantes de la fraude avec les Anglais (smogglage), associé à Boulogne-sur-mer. Les contrebandiers viennent alors, par centaines, chercher des alcools et des produits de luxe. Le smogglage perdure jusqu’à la Révolution française, pour être ensuite mis en veille avec la guerre maritime contre l’Angleterre.

À la fin de la guerre de Sept Ans, la ville et son port furent le lieu de garnison d’une unité de soldats de marine, l’éphémère Régiment des Étrangers de Dunkerque.

De la Révolution française à 1914

Au cours de l’hiver 1788-1789, l’hiver est rude, les bateaux ne peuvent débarquer dans le port, la ville est alors affamée et la révolte monte. La ville se prépare à la guerre après la déclaration de guerre de l’Autriche. Le 23 août 1793, Frederick, duc d’York et Albany assiège la ville. Le 8 septembre, le général Jean Nicolas Houchard arrive à Dunkerque et libère la ville après la victoire lors de la bataille d’Hondschoote, Dunkerque reste française.

Le 4 frimaire de l’an II (soit le 24 novembre 1793), Dunkerque adopte l’abolition de tous les cultes, Dunkerque signifiant « église des dunes » est renommée Dune libre.

En 1838, on construit le phare à l’entrée ouest du port, et des bateaux-feux balisent les bancs de sable.

Au cours du xixe siècle, plusieurs personnages marquent l’histoire de la ville : Jean-Baptiste Trystrama 14 contribue à l’essor du port qui est tant un port de marchandise qu’un port de pêche, à la morue notamment, Gaspard Malo achète des terrains à l’est de Dunkerque, il y construit une station balnéaire qui deviendra Malo-les-Bains. Cette station balnéaire, aujourd’hui englobée dans l’agglomération, permet l’essor commercial de Dunkerque.

La voie ferrée arrive à Dunkerque en 1838, ce qui contribue très fortement au développement du port de Dunkerque, ainsi qu’à celle de la ville et de ses voisines, qui forment rapidement une agglomération.

Dans le cadre du Plan Freycinet, on construit à Dunkerque des darses. Quelques années avant 1900, on fait construire l’hôtel de ville actuel, sur son fronton figure Louis XIV entouré des Dunkerquois célèbres.

La ville se dote en 1896 d’un réseau de tramway, dont la dernière ligne fermera en 1952

Les deux Guerres mondiales

Le 1er août 1914 à 18h00, les cloches du beffroi sonnent le tocsin, la France vient de décréter la mobilisation générale face à la déclaration de guerre du Kaiser Guillaume II à la Russie, alliée de la République. Le 2 août 1914, Dunkerque est déclarée en état de siège à la suite de l’invasion de la Belgique par l’Allemagne. Le général Bidon, commandant du camp retranché ordonne l’inondation des poldersa 16. Grâce à la victoire alliée lors de la bataille de l’Yser, la ville reste française. Les Allemands ne réussissant pas à prendre la ville, Dunkerque est bombardée plusieurs fois par des zeppelins. La ville joue son rôle à l’arrière du front : son port sert de poste de ravitaillement, les chantiers navals lancent des cargosa 17, les établissements encore debout accueillent les blessés. La ville reçoit plusieurs distinctions à la fin de la guerre pour le comportement de ses habitants au cours de la Grande guerre.

En mai 1940, les forces franco-britanniques, prises en étau, sont obligées de battre en retraite vers Dunkerque. Commence alors la bataille de Dunkerque, les alliés tentent de tenir la « poche de Dunkerque » le temps nécessaire à l’évacuation des forces alliées par la mer au cours de l’opération Dynamo. Cette évacuation permet de soustraire 300 000 soldats aux mains nazies. La ville fut bombardée par l’aviation allemande pendant cette bataille.

Quelques années plus tard, elle sera à nouveau bombardée, cette fois par la Royal Air Force, lors de la libération. La garnison allemande, commandée par l’amiral Frisius, a transformé la ville en « place forte ». Malgré le siège de la ville par le général Liska, les unités allemandes ne capitulent que le 9 mai 1945, le lendemain de la Victoire.

De la reconstruction à nos jours

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la ville est détruite à plus de 70 %. Le port est totalement détruit, les habitants restant habitent dans des chalets. Théodore Leveau et Jean Niermans entreprennent la reconstruction de la ville.

En 1957, l’installation dans le port reconstruit de l’usine Usinor accélère la reconstruction de la ville. À la suite de son ouverture en 1963, l’agglomération passe très rapidement de 70 000 à 200 000 habitants.

Le 21 octobre 1968, la création de la communauté urbaine de Dunkerque (CUD) peu après celle du Grand port maritime de Dunkerque, permet à l’agglomération et particulièrement à Dunkerque d’acquérir un poids économique important.

En 1970, la commune fusionne avec la station balnéaire de Malo-les-Bains, afin de profiter de l’attrait économique de celle-ci. De son côté, la station balnéaire souhaite profiter des infrastructures (transport en commun, gestion des déchets…) de la ville voisine. Dunkerque fera de même en 1972 avec Petite-Synthe et Rosendaël. En 1980, la ville s’associe avec Mardyck afin d’agrandir son port. Elle perd la même année le quartier petit-synthois de l’Albeck qui intègre la ville de Grande-Synthe à la suite d’un référendum local.

En 1989, à la suite de la fermeture des chantiers navals, la ville et le CUD décident de retourner la ville sur son port et d’urbaniser les friches industrielles : c’est le projet Neptune.

La première phase de ce projet consiste en la rénovation des places de la ville et des axes de communications, en l’installation de l’université du Littoral et en l’augmentation de l’offre commerciale par la construction de complexes commerciaux (notamment le Pôle marine et le Centre Marine).

En 2003, un projet de fusion avec Saint-Pol-sur-Mer est discuté entre les administrations des deux villes. Le 19 décembre 2003, les conseils municipaux de Dunkerque et de Saint-Pol-sur-Mer ont délibéré en faveur d’une fusion-association qui créerait une nouvelle entité de94 187 habitants. Le préfet a exigé un référendum auprès de la population, bien que cette procédure ne soit pas encore obligatoire (elle l’est devenue depuis le 1er janvier 2005). La consultation a eu lieu le 5 décembre 2004, cette fois dans trois communes, Dunkerque, Saint-Pol-sur-Mer et Fort-Mardyck. Bien que le oui ait recueilli 54 % des suffrages exprimés, il n’a pas obtenu 25 % des inscrits comme la loi le demande, et le préfet a donc refusé la fusion45.

Commencée en 2005, la seconde phase se concentre sur la friche des chantiers navals. Elle consiste en son urbanisation afin de créer le quartier du « Grand Large ». On y construit des logements (1000 logements à terme), une patinoire, une maison de quartiers, un gymnase et le Fonds régional d’art contemporain. 235 logements sont construits en janvier 2011. Le projet a reçu une mention spéciale des équerres d’argent - prix d’architecture du Moniteur 201046.

Le projet Cœur d’Agglo vise lui à créer 30 000 m2 de surface commerciale et 1 500 logements. Ce projet a pour but de densifier l’offre commerciale et de logements du centre ville. Le tout doit être fini pour 2020-25.

En 2010, à la suite de la décision du Conseil d’État d’annuler l’arrêté du préfet, le projet de fusion est de nouveau à l’ordre du jour47. Le 7 décembre 2010, le préfet ayant autorisé les conseils municipaux à de nouveau statuer sur le sort du projet, les 3 conseils municipaux votent une nouvelle fois en faveur de la fusion-association. Le lendemain, le préfet ayant pris acte de la volonté des conseils municipaux, il accepte la fusion qui prend effet le 9 décembre 2010.

Lieux et monuments

La Tour du Leughenaer (xve siècle)Note 10 est à l’origine une tour ronde faisant partie des fortifications bourguignonnes de 1406. Sa forme actuelle, octogonale, est probablement due à son rattachement en 1548 à un petit château, elle sert alors de « tour à feu ». La tour est cédée par le roi à la société de pilote en 1754. La tour devenue trop vieille, elle doit être reconstruite en 1759, on ne conserve que le rez-de-chaussée de l’ancienne tour. Elle est isolée en 1793 lors de la destruction du petit château. À l’aube du xviiie siècle, en 1798, elle accueille le télégraphe de Chappe. En 1824, la tour devient un phare, le premier de Dunkerque, et on la rehausse pour cela d’un étage. En 1766, l’ouvrage est acquis par la ville, et en 1993 il est classé monument historique99

La chapelle Notre-Dame-des-Dunes (xve siècle) ou « Petite Chapelle » : au ixe siècle, le duc de Bourgogne décide l’érection d’une enceinte autour de Dunkerque alors ravagée par de multiples guerres. Lors de la construction de ces défenses, on trouve une statue de la Vierge près d’une source inconnue d’eau douce. Les villageois y voient alors une marque de protection céleste. On construit un oratoire appelé d’abord Notre-Dame de la Fontaine puis Notre-Dame-des-Dunes, qui résista aux sévices des guerres et invasions. En 1794, alors que la « Petite Chapelle » a été transformée en cartoucherie, elle est détruite par une explosion, la statuette de la Vierge ayant été préservée. En 1816, elle est reconstruite mais la source a disparu. En 1917, une promesse d’agrandissement est faite à la Vierge si la ville est épargnée par l’invasion imminente de la région, ce qui fut le cas. La promesse a été relevée en 1953.

L’église Saint-Éloi, église-halle (hallekerke) à cinq nefs (xvie siècle, façade néogothique du xixe siècle). Lieu de culte catholique situé au centre ville de Dunkerque. L’église fut ravagée par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, qui laissèrent debout la façade et les murs porteurs. Toute l’église fut restaurée de 2001 à 2006, et il fut décidé de laisser les impacts de balles comme part entière de l’histoire de cet édifice. Comme de nombreuses églises de Flandre, ce monument ne possède pas de clocher. À l’origine, l’église Saint-Éloi était accolée au beffroi qui constituait le clocher ou le campanile de l’édifice. À l’intérieur les ex-voto et autres inscriptions funéraires permettent de reconstituer la nationalité des maîtres de Dunkerque. Le néerlandais (comté de Flandre), l’espagnol (Pays-Bas espagnols) puis le français (Royaume de France) sont tous trois présents dans les inscriptions de l’église.

Le Beffroi (xve siècle) classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Il est construit aux alentours de 1440 en lieu et place d’une ancienne tour de guet101. Il est à l’origine rattaché à l’église Saint-Éloi et lui sert de clocher. La tour est aute de 58 mètres et est construite en brique dans le style gothique. En 1782, le beffroi est définitivement séparé de l’église. En 1835, on modifie son couronnement. Après la Première Guerre mondiale, le 15 avril 1923, on modifie la base afin qu’elle reçoive un cénotaphe à la mémoire des morts de la Grande Guerre, réalisé par Pierre Fritel. Le Beffroi sert toujours de clocher et abrite actuellement un carillon de 48 cloches datant de 1962 : le bourdon Jean Bart pèse 7 tonnes.

L’Hôtel de Ville (début du xxe siècle) classé au patrimoine mondial de l’Unesco, réalisé par Louis-Marie Cordonnier. Le vitrail en haut de la première volée de marches intérieure représente Jean Bart parmi son équipage sur le port au retour de la Bataille du Texel102. Dans son arrière-cour réside, ignorée de la plupart des Dunkerquois, la Porte monumentale datant du xviie siècle, du même style que la Porte de la Marine (reste des fortifications de Vauban) à l’entrée d’un des pôles commerciaux (CentreMarine)103

La statue de Jean Bart
Jean Bart meurt le 27 avril 1702 à environ 15h30, à la veille de partir en course. Un siècle et demi plus tard, les 7 et 8 septembre 1845, Dunkerque rend hommage à son héros en inaugurant une statue à son image créée par David d’Angers, représentant le corsaire épée à la main, la pointe de l’arme en direction de l’Angleterre. En 1903, on agrandit et surélève le socle de la statue. Enfin, au cours de l’année 1983, la municipalité fait placer autour de la statue, les armes de la ville de Dunkerque et le nom des 16 navires que commanda Jean Bart.

Les autres monuments dunkerquois
La tour de l’Armateur, méconnue de beaucoup de Dunkerquois car non-visitable, et peu visible (hormis depuis le haut des beffrois et des quais de la citadelle).
La digue du Braek qui protège sur 10 kilomètres les installations industrielles, érigée en 1965, est un haut lieu du tourisme industriel. Elle permet une vision unique et très impressionnante sur le site portuaire et industriel dunkerquois.
La citadelle d’anciens entrepôts et bâtiments industriels reconvertis en restaurants raffinés et bars branchés. S’y trouve également l’université du Littoral et le Musée portuaire. Le trois-mâts Duchesse Anne et le Sandettié, tous deux classés monuments historiques, y sont ancrés. L’hôtel de la communauté urbaine de Dunkerque se dresse sous la forme d’un étonnant édifice inauguré en 1988, au droit du quai des Hollandais.
Notre-Dame de l’Assomption
Le phare de Risban105 à l’entrée du port et le Feu de Saint-Pol
Le quartier excentrique, à Rosendaël, à quelques pas du stade tribut, avec ses maisons très particulières du début du siècle, ainsi que les villas malouines106 dans un style spécifique à la station balnéaire de Malo-les-Bains appartenant à Dunkerque.
L’arsenal de Marine, puis parc de la Marine, construit en 1686 par Vauban.