Châlons-en-Champagne

  • 6 novembre 2014

Localisation

Toponymie

Châlons tire son nom du peuple gaulois des Catalaunes, installés sur l’oppidum (enceinte défensive) de La Cheppe dit Camp d’Attila, à seize kilomètres au nord-est de Châlons. Ses habitants se nomment Châlonnais.

Le nom de l’ancienne Catalaunum (ou Cathalaunum ou encore Civitas catuuellaunorum) gallo-romaine se francise au Moyen Âge en Chaalons en Champaigne puis, après l’invention de l’accent circonflexe, en Châlons en Champagne. Peu à peu, sous l’influence des géographes et des salons parisiens, le toponyme « sur Marne » se substitue à celui de « en Champagne » sur les cartes. Durant tout le XVIIIe siècle et jusqu’au début du XIXe siècle, les deux appellations cohabitent. Contrairement à une idée reçue, ce n’est pas la Révolution qui a changé le toponyme « en Champagne » en « sur Marne ». À partir des années 1980, un courant se dessine pour rendre à la ville son toponyme médiéval qu’elle retrouve définitivement le 29 décembre 1997. Le changement de nom, décidé une première fois en 1995, avait été annulé par le Conseil d’État le 4 avril 1997 pour vice de procédure, avant d’être rétabli l’année suivante.

Histoire

Châlons est bordée à l’ouest par la Marne, rivière qui se jette dans la Seine à la hauteur de Charenton-le-Pont. Anciennement, elle charriait jusqu’à Paris, pour la ravitailler, bois et grains, vins et moutons, transportant les hommes aussi. Durant tout le Moyen Âge, les habitants des villages alentour travaillèrent à élever une enceinte de pierre enfermant les cent six hectares de la ville. Cette limite séparait deux mondes qui le jour seulement entraient en contact pour une survie réciproque. Autour de la ville emmurée, la Champagne offrait à la vue de l’observateur ses vastes surfaces planes, blanches de la craie de son sol, ses légères ondulations, ses rivières faiblement encaissées. Ses pentes étaient encore au XVIIIe siècle recouvertes de pieds de vigne.

Carrefour des échanges ; étape du commerce lointain ; relais des pouvoirs royaux et seigneuriaux en pays avancé près de l’ennemi germanique, « car ycelle ville […] est assise en frontiere sur les pays d’Allemagne, de Barrois et d’autres estranges pays » ; place forte qui à toutes les époques dut malgré elle abriter une garnison ; ville de petite industrie drapante ; capitale d’une grosse région agricole : Châlons-en-Champagne tint jusqu’au XIXe siècle et tient encore aujourd’hui nombre de ces fonctions. La naissance de Châlons a été, comme il se doit, illustrée par des mythes sans nombre et de jolies images. L’un de leurs auteurs cherchant à expliquer l’implantation première près des bras de la Marne, écrivit que « Châlons comme Lutèce serait sortie de la boue ».

Cette ville moyenne marnaise est préfecture du département et de région, où elle est en position centrale. Siège des intendants de Champagne sous l’Ancien Régime, elle est devenue la préfecture par la volonté des révolutionnaires d’effacer l’importance historique de Reims, ville des sacres.

Capitale politique et religieuse, dominée par l’évêque-comte et les chanoines du chapitre Saint-Étienne, peuplée de clercs et d’officiers de plus en plus nombreux au fur et à mesure que progressait le xvie siècle, Châlons fut aussi une capitale économique grâce à la draperie et la tannerie. Dès l’époque moderne, elle prit le visage qu’elle a gardé jusqu’à nos jours ; de ville drapière, elle devint ville praticienne, administrative, dans une région où l’économie demeura profondément liée à l’activité agricole.

Antiquité

Si une présence humaine y est attestée dès l’époque néolithique, l’archéologie de son sol prouve l’existence d’une garnison de cavaliers dalmates, peut-être dès la fin du IIIe siècle de notre ère. Les Romains menacés sur leurs frontières créèrent le site de Châlons en tant que chef-lieu d’une civitas. La Bataille des champs Catalauniques (274) dite Bataille de Châlons (Châlons-en-Champagne), eut lieu en 274 ou 273, sans doute vers mai-juin, entre les forces romaines de l’empereur Aurélien et celles de l’empereur gaulois Tetricus. La victoire d’Aurélien entraîna la soumission définitive à Rome de la Gaule.

Point stratégique situé à la rencontre de plusieurs bras de la Marne (rivière facile à traverser) et d’une route menant de Lyon à Boulogne, la ville survécut à l’effondrement du monde romain grâce à ses évêques. Faute de sources fiables, il est aussi difficile de retracer l’époque gallo-romaine que la période de la première évangélisation ; néanmoins les historiens s’accordent à voir en saint Memmie (320-340) le missionnaire de la région et le premier évêque de la Civitas Catalaunorum. Ainsi la création du diocèse de Châlons suivit-elle la paix religieuse de Constantin.

Moyen Âge
L’époque franque

Le cartulaire dit du chantre Warin, cartulaire du chapitre de la cathédrale, offre les principales sources châlonnaises pour le Haut Moyen Âge. L’époque carolingienne est dominée par la figure de l’évêque Erchanré. Celui-ci eut un rôle dans la structuration topographique de la ville en favorisant son extension à l’Est : il transféra les reliques de son prédécesseur saint Alpin dans l’ancienne église Saint-André. Charles le Chauve octroya plusieurs diplômes à l’Église de Châlons. L’un d’eux concernant la concession d’un atelier monétaire pose question et a probablement été interpolé.

Le XIe siècle et le début de l’essor

Le XIe siècle marque le début de l’essor économique et topographique de la ville, qui s’accéléra au XIIe siècle. La fondation de l’abbaye Saint-Pierre-aux-Monts, sous la houlette de Richard de Saint-Vanne, puis la fondation par l’évêque Roger III de l’abbaye de chanoines réguliers de Toussaint, jalonne cet essor, dans un diocèse où l’implantation monastique était auparavant faible. C’est au cours du XIe siècle que les évêques confièrent à leur chapitre et aux abbayes une série d’autels et un secteur de la ville : c’est là l’origine des différents bans qui consistèrent en plusieurs quartiers assez bien définis : ban du chapitre (ancienne terre de Rognon), ban de Toussaint, ban de Saint-Pierre.

Le grand essor du XIIe siècle

Au XIIe siècle, les évêques de Châlons favorisèrent l’implantation des Cisterciens et des Templiers dans leur diocèse. L’essor économique châlonnais centré sur la production textile s’accompagna d’un essor intellectuel (développement d’écoles, en particulier sous le pontificat de Guillaume de Champeaux), et d’une véritable floraison artistique dont les vitraux du trésor de la cathédrale et le cloître de Notre-Dame en Vaux sont sans doute les fleurons. L’essor des quartiers situés à l’est des remparts s’organisa autour de plusieurs axes dont la voie Rancienne ou rue Saint-Jacques et s’incarna dans la construction après 1157 de Notre-Dame-en-Vaux, centre d’un pèlerinage actif, comme en témoigne des récits de miracles contemporains mais retranscrits au XVIIe siècle par le père Charles Rapine. Si Notre-Dame devint rapidement le centre de l’activité commerciale, avec Saint-Alpin et la place du Marché au Blé, le ban Saint-Pierre, au nord-est devint le quartier industriel dévolu à la draperie, l’ancienne cité demeurant quartier ecclésiastique et intellectuel avec les grandes écoles.

L’évêque, seigneur de la ville

L’évêque du diocèse devint seigneur de la ville. Comme celui de Reims, il fit de sa seigneurie une enclave indépendante au centre du comté héréditaire de Champagne. Guy III de Joinville (1163-1191), qui aurait été le premier évêque à faire allusion à un pouvoir comtal, puis Pierre de Hans (1248-1261) « revendiquèrent » le titre de « comte » face au roi. Châtelain, haut justicier, l’évêque-comte de Châlons tenait ses plaids en déléguant prévôt et bailli, tandis que les fourches patibulaires étaient érigées hors la ville et le pilori dressé sur la place du marché aux blés. L’évêque logeait dans son palais, avait sa prison, son « escriptoire » dans la loge de la justice, où instrumentait également le tabellion. Il dominait les finances et la police de la ville ainsi que les corporations réunies sous des bannières. Quand le comté de Champagne passa à la couronne de France en 1304, grâce au mariage de Jeanne avec Philippe le Bel en 1284, l’évêque ne perdit pas ses droits. Si les possessions du comte de Champagne entouraient les biens de l’évêque-comte de Châlons, ce dernier ne lui était soumis en rien. Au contraire, le comte était le vassal de l’évêque.

L’évêque et la ville

Sous les Capétiens, douze pairies avaient été instituées, six ecclésiastiques et six laïques, le comte-évêque de Châlons faisait partie des 6 ecclésiastiques et à ce titre il participait au sacre du roi en lui donnant l’anneau. La cité était renommée. Point de passage des pèlerins s’arrêtant à Notre-Dame-en-Vaux, Châlons connut du XIIe au début du XIVe siècle une importante activité architecturale orientée vers l’art religieux. En effet, pendant ce « Moyen Âge florissant », on y édifia ou releva pas moins de quinze églises, deux abbayes, quatre couvents et sept hôpitaux. La prospérité économique qui servit de moteur à cet embellissement était alimentée par l’industrie drapière. Les draps de Châlons étaient réputés dans tout le bassin méditerranéen, grâce notamment aux Gênois. Mais dans les années 1320, l’importance du commerce des draps diminua et les marchands italiens se replièrent vers d’autres marchés.

L’évêque n’accorda jamais de charte de franchise aux bourgeois de Châlons afin qu’ils s’assemblassent en commune, bien que ceux-ci eussent fomenté maintes révoltes. Cependant en 1418, le duc de Bourgogne profita de l’absence de Louis de Bar, retenu au Concile de Constance, pour nommer une commission chargée de dénoncer les partisans du « conte d’Armignac ». Dès l’année suivante, ce conseil s’élargit ; ses membres désormais élus par une assemblée des habitants formèrent le premier Conseil de ville. De retour, l’évêque ne put que s’incliner en accordant aux bourgeois de Châlons le droit de se réunir sous l’autorité de son bailli. Assemblés le jour de la Saint-Martin d’hiver, les bourgeois traitaient des affaires en cours. Par la suite, ils parvinrent à regrouper des compétences diverses liées à la police et aux finances de la ville, comme la défense, les impôts, le maintien de l’ordre public, l’hygiène et la salubrité des rues mais jamais la justice, ce qui les distingue des premières communes. Les bourgeois n’oublièrent jamais de se placer sous la protection du roi de France. Cet « embryon » d’échevinage grignota peu à peu les pouvoirs temporels du premier des seigneurs de Châlons.

Premier des seigneurs, car l’espace urbain des XVe et XVIe siècles était découpé entre quatre bans d’une inégale étendue. Le ban de l’évêque couvrait les 3/5 de la ville. Des bornes dans les rues et les maisons le démarquaient de ses voisins, les autres seigneurs ecclésiastiques : le chapitre de la cathédrale Saint-Étienne, l’abbé et les religieux bénédictins de Saint-Pierre-aux-Monts, l’abbé et les chanoines réguliers de l’abbaye de Toussaints-en-l’Ile possédaient en effet en pleine propriété, avec quelques petits nobles et bons bourgeois, le reste des maisons de la ville.

Par ailleurs, la ville conservait une autorisation de 8 jours de foire en octobre, par les lettres patentes des rois Charles VII de France puis Louis XI, afin de s’accroître.

Les invasions revenaient régulièrement. Des Anglais menaçant les murs de la ville en 1429 à Charles Quint qui installa son camp à deux lieues de Châlons en 1544, pour finalement épargner un assaut à la ville, les Châlonnais durent toujours compter avec la présence des troupes royales à l’intérieur des remparts et dans la campagne immédiate, tandis que la soldatesque ennemie pillait son arrière-pays nourricier. Ces témoignages n’ont rien de surprenant, mais ils révèlent l’importance d’une cité, moyenne, emmurée, placée sur un axe de circulation stratégique. Dans ce plat pays, aucune colline, aucune forêt, ni même aucun terrain marécageux n’offraient de défense contre les invasions. À la ville revenait donc le devoir de défendre la frontière est du royaume, sans rechigner à la dépense.

XVIe siècle, XVIIe et XVIIIe siècles

Avec les guerres de Religion, les troubles recommencèrent. Les bandes de mercenaires conduites par des gentilshommes, tel qu’Antoine de Croy, les armées de la Ligue et les troupes royales rançonnèrent, pillèrent la Champagne ou simplement se ravitaillèrent à Châlons. Toujours fidèle au pouvoir en place à Paris, puis ralliée à Henri IV, la cité en obtint divers dédommagements : la réduction de la taille contre l’effort de maintenir des murailles solides ; l’installation de tribunaux royaux et momentanément d’un Hôtel de la monnaie en plus de la Chambre des comptes. La reconnaissance des rois ne fut pas un vain mot. Les Châlonnais se déclarèrent très tôt en faveur d’Henri IV. Auparavant, en février 1589, le corps de ville avait refusé à l’évêque Cosme Clausse de rentrer dans sa ville, car « il venoit de tenir sur les fonts de batêmes un enfant du duc de Guise ». S’il existait des Châlonnais protestants et d’autres ligueurs, la majorité des notables resta toujours légitimiste par intérêt et pour contrer la puissance de l’évêque-comte. Cette attitude valut aux « bourgeois, manans et habitans de Chaalons en Champaigne » plus d’une lettre royale de remerciement. Le contenu de la missive d’Henri de Navarre datée du 29 octobre 1589 témoigne de la qualité des rapports du roi de France avec ses sujets loyalistes. En confirmant les installations précédentes et en flattant les bourgeois de Châlons, Henri IV confirma le rôle « administratif » de la « bonne ville » de Champagne.

En fin de compte, la tendance à la réduction des pouvoirs temporels de l’évêque prévalut. Le chapitre Saint-Étienne d’abord, les bourgeois ensuite, le roi de France enfin aux XVe et XVIe siècles parvinrent non sans certaines résistances à rabaisser les prétentions du prélat28, tandis qu’en restant fidèle à la royauté, la ville profita du transfert ou du démembrement d’institutions plus anciennes, créatrices de charges royales.

Que dire de la communauté des « bourgeois et habitans de la ville de Chaalons en Champaigne » ?

À ce jour, aucune étude de la démographie châlonnaise n’a été réalisée et les renseignements épars ne permettent pas de dresser une courbe de la population. Pourtant, une mention datée de l’année 1517 et provenant du registre des délibérations du Conseil de ville31 fournit une estimation de Châlonnais installés intra muros égale à 9 228 habitants. On était alors en période de disette. Les marchands de Troyes désirant s’approvisionner en grains à Châlons, un dénombrement de la population et des blés disponibles fut organisé à l’initiative des échevins et des conseillers de la ville. Selon quelle méthode ? Seuls nous sont parvenus les chiffres globaux, céréales et habitants. Doit-on s’en défier ? On devine aisément l’embarras des édiles face à la demande troyenne. N’avaient-ils pas intérêt à circonvenir ces quémandeurs en déclarant de faibles ressources céréalières pour une population pléthorique, et à gonfler le nombre de bouches à nourrir ? Cependant, un deuxième document vient corroborer le précédent. Il s’agit du rôle de la taille de 1518 qui contient 1 954 noms de taillables. Ce qui donne pour Châlons, soit une population de 8 793 habitants si l’on applique le coefficient 4,5, soit de 9 970 habitants avec le coefficient 533. En faisant la moyenne des deux, on obtient un total de 9 281 habitants, chiffre auquel nous nous rangeons. Sans perdre de vue les imperfections de ce mode de calcul. La population châlonnaise comportait un nombre important de religieux séculiers et réguliers exempts de la taille mais très souvent clients des notaires. Sur l’application de ce calcul34, qui a surtout pour but de faire apparaître un ordre de grandeur, le résultat obtenu est visiblement assez proche du chiffre annoncé par les édiles aux marchands venus de Troyes. Anne-Marie Couvret et Olivier Caruso ont d’ailleurs retenu ce chiffre tout en considérant que la population châlonnaise aurait dû plafonner au niveau des dix mille habitants pendant le XVIe siècle.

Au Moyen Âge, les marchands drapiers et les tanneurs animaient la cité. Ils avaient su en développant une activité industrielle créer une prospérité économique qui d’après certains historiens ne réapparut pas après la fin de la guerre de Cent Ans. Pour le xvie siècle, le contenu des minutes notariales indique les diverses activités des Châlonnais. Hormis le travail de la laine et du cuir, déjà en déclin depuis le xve siècle, aucune activité industrielle ne se développa réellement à l’époque moderne. L’absence de ressources métallifères ne permettait pas l’implantation d’une industrie minière et métallurgique ; le sol fut donc exploité aux seules fins agricoles. De fait, la composition sociale de la ville correspondait bien à celle d’une capitale agricole fondant sa richesse sur le commerce des blés, de la laine, du chanvre et des peaux. Quelques bourgeois tenaient la draperie et la tannerie et commencèrent à racheter les exploitations, les pièces de terre et de vigne à la paysannerie du Châlonnais. Laboureurs et vignerons côtoyaient une foule d’artisans travaillant dans l’industrie du textile et du cuir. En plus des corps de métiers que l’on rencontre traditionnellement en milieu urbain, liés à la construction et à l’alimentation, professions qui ne présentent aucune particularité à Châlons, les artisans se composaient surtout de pelletiers et mégissiers, tanneurs et corroyeurs de cuir, parcheminiers, gantiers et boursiers, bourreliers et selliers, auxquels on peut joindre les cordonniers et les savetiers. Les artisans du textile apparaissent en plus petit nombre à moins qu’ils n’aient été moins fortunés. Hormis les drapiers, bien représentés, les contrats nous révèlent quelques tisserands de toile, de chanvre, de lin, des cordiers et des chanvriers, des teinturiers. Soit maîtres dans leur atelier, soit marchands jetés sur les routes de Champagne, ces Châlonnais du « tiers commung » vivaient de l’exploitation des ressources de la campagne proche. Les tissus alimentaient la production locale écoulée auprès des couturiers, bonnetiers, chapeliers, chaussetiers, « saincturiers », brodeurs ou chasubliers présents en très petit nombre. Enfin, les « sergers », cardeurs et peigneurs de laine, tondeurs, foulons, lanneurs et quelques tisserands peu fortunés, pratiquement jamais mentionnés dans les actes notariés, composaient le monde laborieux de l’industrie châlonnaise.

Le monde de l’artisanat et de l’agriculture était encadré par les marchands bourgeois de Châlons qui peuplèrent le Conseil de ville dès 1418. Au siècle suivant s’imposèrent à leurs côtés les sergents royaux, les greffiers, les procureurs, les receveurs, les huissiers, attachés aux différents organes de la monarchie implantés dans la ville à partir de 1543. En 1554, douze notaires côtoyaient cinq licenciés ès lois dont un bailli, un prévôt et trois avocats40. En 1595, quinze puis seize notaires royaux instrumentaient à Châlons. La ville au temps des douze notaires royaux comptait dans ses murs l’évêque-comte et la cour épiscopale, le chapitre Saint-Étienne composé de quarante chanoines, deux abbayes, l’une de bénédictins à Saint-Pierre-aux-Monts, l’autre de chanoines réguliers de Saint-Augustin à Toussaints-en-l’Île, la collégiale Notre-Dame-en-Vaux rassemblant onze chanoines, treize paroisses (dès le XIIIe siècle) desservies par des prêtres, religieux de l’un des établissements châlonnais, les chapelains de l’ancienne congrégation, les trinitaires et trois couvents d’ordres mendiants. À cette liste il convient d’ajouter les cinq hôpitaux dont l’Hôtel-Dieu. Cette énumération impressionne ; pourtant il est impossible d’avoir une idée précise du nombre de religieux présents à Châlons au xvie siècle. Néanmoins, les séculiers fréquentaient suffisamment les notaires royaux pour qu’il soit justifié de les mentionner ici.

La cité de Châlons s’est développée à partir des bras dérivés de la Marne. Le noyau ancien compris entre ce cours d’eau et le Nau correspond au quartier de la cathédrale, du palais épiscopal, du vidamé et de l’Hôtel-Dieu. Cet espace, aux contours réguliers, densément peuplé, aux maisons serrées, abritait une grande partie des marchands et des officiers de la ville. On y note assez souvent la présence de notaires royaux. Entre le Nau et le Mau se développa ce qu’Anne-Marie Couvret hésite à appeler « le quartier des affaires ». Pourtant, ce quartier contenant la place du marché aux blés, de nombreuses hôtelleries, les rues du Change et des Lombards, la loge où se tenait la justice de l’évêque et l’échevinage, l’hôpital du Saint-Esprit où se réunissaient les membres du Conseil de ville fut bien, au moins à partir du XVe siècle, le centre de l’activité économique et politique de Châlons. Là encore, nous avons localisé des notaires royaux, en particulier sur la place du marché aux blés. Au-delà du Mau, l’habitat s’articule le long de trois axes rejoignant trois entrées principales de la ville : au nord en direction de Reims, la porte Saint-Jacques ; au sud-est en direction de Sainte-Menehould, la porte Saint-Jean ; au sud en direction de Vitry-le-François, la porte Sainte-Croix (elle fut dédiée à Marie-Antoinette d’Autriche lors de son arrivée en France et prit le nom de porte Dauphine) . D’une population moins dense, ce quartier, développé dès la fin du XIIe siècle, conserva pendant toute la période moderne des jardins intra muros.

Révolution française

Le 21 juin 1791, la famille royale fuit Paris. Elle fait étape à Châlons. La berline royale arrive avec quatre heures de retard. Les cavaliers détachés à Pont-de-Somme-Vesle las d’attendre le passage des voitures royales et menacés par les paysans, reçoivent l’ordre de leur jeune chef, le duc de Choiseul de se replier à travers champs et de gagner Varennes-en-Argonne en évitant les routes.

En septembre 1792, il est installé à Châlons au mont Saint-Michel un vaste camp militaire, le camp de Châlons, d’où partent les futurs vainqueurs de la bataille de Valmy. C’est l’écrivain et colonel d’artillerie Pierre Choderlos de Laclos qui l’organisa.

En 1792, les massacres de Septembre font un mort à Châlons, le 3 septembre, un vieillard octogénaire.

Une sainte locale s’appelait Pomme. Son nom était attribué sous l’Ancien Régime, et la tradition s’est perpétuée sous la Révolution française, renforcée par l’existence d’un jour du calendrier révolutionnaire de la Pomme.

XIXe et XXe siècles

Quartier du centre ancien de Châlons-en-Champagne détruit par les bombardements de la Luftwaffe en juin 1940.
Création en 1806 de l’École Impériale des Arts et Métiers. On lui doit dans sa section ébénisterie, le bureau du Ministre de l’Intérieur en 1812.

Quartier du centre ancien de Châlons-en-Champagne détruit par les bombardements de la Luftwaffe en juin 1940.
Création en 1806 de l’École Impériale des Arts et Métiers. On lui doit dans sa section ébénisterie, le bureau du Ministre de l’Intérieur en 1812.

Châlons est occupé du 5 février au 15 mars 1814. La ville est reprise par les cosaques le 17 mars.

Création du camp de Châlons par Napoléon III par décret du 15 novembre 1856, il l’inaugurera le 30 août 1857. Il y viendra chaque année jusqu’à la fin de l’Empire.

Napoléon III se rendit au camp de Châlons le 17 août 187048, durant les derniers jours de la guerre franco-prussienne de 1870 dans le but d’organiser la retraite générale de l’armée française. Seule l’armée d’Alsace commandée par le général Mac Mahon parvint à rallier la ville le 16 août 1870. L’armée de Lorraine, sous les ordres du général Bazaine, fut en effet prise au piège dans Metz après de nombreuses batailles dans ses environs.

Châlons est occupé du 4 septembre au 12 septembre 1914. Pendant cette occupation on compte cinquante mille bouteilles de vin de Champagne disparues des maisons de champagne de la rive gauche. Le 24 octobre 1921 est désigné à l’hôtel de ville le soldat inconnu américain, il repose au Cimetière national d’Arlington, près de Washington.

Le 10 juin 1940, durant la bataille de France, le centre-ville est bombardé par la Luftwaffe causant la mort de 44 victimes civiles et d’une trentaine de militaires logeant chez l’habitant et la destruction de 150 maisons. Elle est occupée le 12 juin 1940.

La ville est libérée le 29 août 1944 par les troupes du général Patton. Paul Anxionnaz, conseiller municipal de Châlons, est nommé le 31 janvier 1956 et jusqu’au 25 mai 1957, Secrétaire d’État aux Forces Armées (Marine) dans le gouvernement Guy Mollet.

L’équipe municipale des années 1995 décide de changer le nom de la commune, pour que Châlons-sur-Marne porte désormais le nom de Châlons-en-Champagne. La commune change de nom par le décret du 6 novembre 1995. Un habitant de la commune, soutenu par un collectif d’habitants, fait annuler le décret par un arrêt du Conseil-d’État du 4 avril 1997, l’arrêt Marchal. Le Conseil-d’État sanctionne le projet et donc annule le décret qui est "entaché d’incompétence". L’équipe municipale, réitère son projet, cette fois correctement préparé et la commune reprend en décembre 1997, le nom de Châlons-en-Champagne.

Administration

Pays France
Région Champagne-Ardenne (préfecture)
Département Marne

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