Bordeaux

  • 9 octobre 2014

Localisation

Histoire

Préhistoire et Antiquité
Fondation de la cité Bordelaise

Palais Gallien
Des recherches en archéologie indiquent que la fondation de Bordeaux remonte au moins au vie siècle av. J.-C.57. En effet, une première agglomération a été décelée dès cette époque au bord de la Garonne sur la rive gauche de la Devèze.

Burdigala est fondée au ier siècle av. J.-C. par les Bituriges Vivisques (littéralement « Bituriges déplacés »), peuple gaulois de la région de Bourges qui contrôlait, depuis le port intérieur, le trafic de l’étain amené d’Armorique et de Bretagne (Grande-Bretagne, Cornouailles). Cette position de ville à dimension européenne sera confirmée par la République Romaine. Pendant la guerre des Gaules, un lieutenant de Jules César, Publius Crassus, est accueilli à Burdigala en 56 av. J.-C..

Une hypothèse avance que la région aurait dépendu au ier siècle av. J.-C. de la tribu des Santons qui l’auraient accordée aux Helvètes lors de leur projet de migration. Cette migration fut le prétexte de la Guerre des Gaules.

L’autorité romaine l’aurait donnée ensuite comme chef-lieu aux Bituriges Vivisques, fraction des BiturigesN 1, qui se seraient donc installés sur le site58 après la conquête de César. L’autre hypothèse avancée est l’installation au iiie siècle avant Jésus-Christ d’un groupe de la puissante tribu gauloise des Bituriges venus contrôler le commerce de l’étain59. On est alors au iiie siècle av. J.-C. ; BurdigalaN 2,N 3 en latin.

Les Archives de Bordeaux Métropole permettent au public de se plonger dans la mémoire historique de Bordeaux et de l’Aquitaine, sous des aspects très variés.

Palais des Piliers de Tutelle, Époque Romaine

Bordeaux par son comptoir de commerce, contrôle les routes de l’étain et du plomb entre les ports gaulois de la Loire et la République romaine. Elle est érigée en civitas administrée par un collège de magistrats. Burdigala se développe et finit par devenir une des villes les plus opulentes de la Gaule.

En 52 av. J.-C., le cardo et le decumanus (aujourd’hui rue Sainte-Catherine et rues Porte Dijeaux et Saint Rémy) sont tracés de long de l’îlot Saint-Christoly60 qui englobe l’espace situé entre les rivières Devèze et Peugue et la Place Pey-Berland61. On construisit aussi des aqueducs, des temples, un amphithéâtre et une curie. La ville devient le chef-lieu de la civitas des Vivisques, administrée par un collège de magistrats, avec le statut de cité pérégrine stipendiaire, le moins avantageux dans l’Empire romain. Sous l’Empire romain, Burdigala se développe et devient une des villes les plus opulentes de la Gaule. Les premiers plants de vigne à l’origine du vignoble bordelais sont implantés entre 40 et 60 sur les coteaux nord de la rive gauche de la Garonne.

En 56 av. J.-C., est accueilli à Bordeaux le lieutenant de César, Publius Crassus et, en 52 av. J.-C., Bordeaux se développe sous le mode du premier urbanisme romain. Ils plantent des vignes sur les bords de la Garonne et introduisent un plant ou des plants de vigne provenant du piémont Basco-pyreneen, bien adaptés au climat local, la « biturica ». Entre 40 et 60 sont implantés sur les coteaux nord de la rive gauche les premiers plants de vigne à l’origine du vignoble bordelais. Il semble que sous Vespasien elle passe du rang de cité pérégrine stipendiaire à celui de municipe de droit latin.

En 70, l’empereur Vespasien en fait la capitale administrative de la province romaine d’Aquitaine (des Pyrénées à la Loire) à la place de Mediolanum Santonum (Saintes). Il semble que sous le règne de cet empereur, la ville ait reçu le statut de municipe de droit latin62. La ville est particulièrement prospère sous la dynastie des Sévères (193-235). Elle englobe alors le mont Judaïque (actuel quartier Saint-Seurin). De cet âge d’or datent des monuments illustres dont le forum avec les Piliers de Tutelle et le Palais Gallien (amphithéâtre pouvant contenir 15 000 personnes sur ses gradins en bois).

Burdigala par son statut impérial d’« emporium » du monde romain, la ville devient l’un des plus grands comptoirs commerciaux de l’Empire attirant les navires de commerce grecs, bretons, ibères et celtes. L’étain, la céramique grecque, le cuivre d’Espagne, ou encore le blé et les produits méditerranéens constitue la matière principale du commerce du début du millénaire. Néanmoins le vin devient rapidement à être produit sur place après l’adaptation d’un cépage importé d’Albanie, la « biturica ».

Dans la perspective de répondre au trafic grandissant, un port intérieur est établi : le bassin Navigère. L’attractivité de la ville l’amène à s’étendre vers les plateaux de Saint-Michel, de Sainte-Eulalie et de Saint-Seurin afin d’accueillir une population de 20 000 habitants. Ainsi de « civitas stipendaria » (cité soumise à l’impôt), elle devient, au iie siècle, un « municipe » (cité dont les habitants jouissent de certains droits de la citoyenneté romaine). Cette prospérité amènenant de nombreuses invasions barbares, les légions romaines décident d’ériger des remparts de neuf mètres de hauteur entre 278 et 290, utilisant les pierres d’anciens monuments, ils réduisent l’espace de la ville d’une trentaine d’hectares. Après les invasions, Burdigala accueille 15 000 habitants. Ces nombreuses guerres donneront lieu à la création d’un empire gaulois sécessionniste en 260. Lors de la même année Tetricus, gouverneur de Burdigala, prend le pouvoir de la Gaule. Il est consacré dans sa cité en 270 et se maintient au pouvoir jusqu’au retour de la Gaule dans l’Empire Romain en 27463.

L’Empire Romain a compris l’époque le potentiel inépuissable que la Garonne offrait à la capitale régionale. Ce « castrum » voit le jour en 310. Il est percé de quatre portes, dont l’une, la « porta Navigera », permet aux bateaux d’accéder à la Garonne. Ausone, fils de l’empereur Valentinien, écrit à l’époque que L’enceinte carrée de ses murailles élève si haut ses tours superbes que leur sommet aérien perce les nues. On admire au dedans les rues qui se croisent, l’alignement des maisons et la largeur des places fidèles à leur nom ; puis les portes qui répondent en droite ligne aux carrefours. Rhéteur (professeur de rhétorique) à l’université de Burdigala, fondée en 286. Le rayonnement de cette institution moderne attire les savants du nord de l’Europe jusqu’à Athènes en passant par Syracuse (actuelle Sicile).

Du Moyen Âge à la Renaissance (ve siècle - xive siècle)
La fin de l’Empire Romain (ve siècle - xe siècle)

La position de Bordeaux, au carrefour entre les itinéraires commerciaux terrestres et fluviaux au cœur d’une riche région viticole, en a fait une des principales villes de France au cours du 1er millénaire}, avec des palais royaux, de riches abbayes et une cathédrale ; au cours du xiie siècle, Bordeaux est devenue un des premiers centres en Europe pour l’enseignement et le commerce international.

Au ve siècle, Bordeaux fut prise par les Wisigoths, et peu après par les Francs. Au plus tard après la division de la partie du royaume de Charibert Ier de Paris, en 567, Bordeaux appartenait à la Neustrie. Après le mariage du roi neustrien Chilperic Ier, la ville, ainsi que Cahors, Limoges, Béarn et Bigorre, furent cependant offerts en guise de dot à son épouse Gailswintha. Ces cinq villes étaient situées stratégiquement dans la région du beau-père Athanagild, le roi des Wisigoths. Après que Chilperic eut ordonné l’assassinat de sa femme, cet héritage est passé au royaume d’Austrasie, selon un règlement d’un Malberg convoqué par Guntram, roi de Bourgogne. Finalement, en 573, Chilperich, avec son fils Chlodwig en tant que commandant de l’armée, tente de reprendre les villes. Bien que la conquête de Bordeaux ait réussi à court terme, cependant, les troupes de Clovis furent de nouveau expulsées un mois plus tard par le margrave Austrasien Sigulf65.

Le Moyen Âge central (xie siècle - xive siècle)

Les remparts du xiiie siècle.
À la fin du ixe siècle, la ville est pillée par les « Normands » : une bande menée par le chef viking Hasting66 met le siège fin 847. Le roi d’Aquitaine Pépin II ne fait rien pour aider la ville, et c’est son neveu, roi de Francie occidentale, Charles le Chauve qui détruit une flottille de neuf drakkars sur la Dordogne, mais ne peut faire lever le siège. Bordeaux est prise en février 848.

L’épisode vaut à Pépin d’être déposé en juin 848 par les Grands d’Aquitaine, qui reconnaissent alors l’autorité directe de Charles le Chauve66. En 855, Bordeaux sera pillée pour la seconde fois par les Vikings67.

Au xiie siècle, Bordeaux s’agrandit et de nouvelles enceintes sont édifiées : en 1227 au sud, pour protéger les quartiers neufs (rue Neuve, la Rousselle...) ; en 1327, pour intégrer les nouveaux faubourgs (Sainte-Croix, Sainte-Eulalie, Saint-Michel).

Au cours du xiiie siècle, Bordeaux redevient prospère grâce au commerce du vin avec l’Angleterre. La cathédrale Saint-André et la Grosse cloche sont construites.

En 1453, à la suite de la bataille de Castillon, la ville redevient une possession française, et la guerre de Cent Ans s’achève. Mais la ville n’apprécie guère la tutelle du roi de France.

Charles VII décide en 1459 de faire de Bordeaux, restée assez anglophile, une ville royale et d’y faire édifier plusieurs forteresses pour dissuader les Bordelais de se révolter contre la monarchie : le fort Louis au sud, le fort du Hâ pour défendre la ville des attaques venant du sud et de l’ouest, et le château Trompette pour la protéger du côté de la Garonne. Le commerce du vin avec l’Angleterre s’arrête et le port maritime de Bordeaux repositionne ses relations commerciales avec les autres ports de l’Europe.

En 1462, le roi Louis XI rend ses libertés à la ville en lui donnant un parlement. Après avoir établi la paix en 1475, il choisit Bordeaux, notamment son port, pour le commerce avec les marchands anglais68.

De la Renaissance au siècle des Lumières (xive siècle - xviiie siècle)
Au xve et au xviie siècle : agitations et lente intégration au royaume de France

Plan de Bordeaux et de ses environs, par Hippolyte Matis (1716-1717).
Le début de la période moderne coïncide pour la ville de Bordeaux au basculement de la domination anglaise vers la domination française (1453). C’est une époque de profonds bouleversements dans tous les domaines :

dans le domaine politique, les larges libertés obtenues par la municipalité lors de la période anglaise sont confrontées à la mise en place d’un État puissant dans le royaume de France ;
dans le domaine économique, les relations privilégiées avec l’Angleterre, notamment dans la vente du vin, sont fragilisées ;
dans le domaine culturel, la ville participe aux évolutions de la Renaissance avec le développement de l’humanisme (illustré par Montaigne et La Boétie) et la division du christianisme (importance des guerres de religion dans le sud-ouest de la France).

Cela explique l’agitation que connaît la cité bordelaise durant les deux premiers siècles de la période moderne. En 1548, une grande révolte oppose les Bordelais au pouvoir royal. À la suite de la jacquerie des pitauds, la population se révolte contre la fiscalité (impôts des cinquante mille hommes de pied) et pour les libertés publiques. Les insurgés encerclent le 21 août le fort du Hâ et le château Trompette. Ils massacrent le gouverneur du roi Tristan de Moneins et vingt officiers des gabelles. Le roi Henri II ordonne au connétable Anne de Montmorency une répression exemplaire. La cité perd ses privilèges. Elle est désarmée, verse une amende et son parlement est suspendu. En ville, 140 personnes sont condamnées à mort[réf. nécessaire]. La répression s’étend ensuite dans les campagnes alentour où l’on pend les meneurs. Néanmoins, en 1549, Henri II amnistie la cité. Ces événements ont inspiré à Étienne de la Boétie son Discours de la servitude volontaire[réf. nécessaire].

Quinze ans plus tard, la ville est touchée par les guerres de religion. En 1562, Duras, capitaine protestant, échoue à prendre le château Trompette, avant d’être battu dans le Périgord par Monluc. Charles IX entre dans la ville le 9 avril 1565 lors de son tour de France royal (1564-1566), accompagné de la Cour et des Grands du royaume : son frère le duc d’Anjou, Henri de Navarre, les cardinaux de Bourbon et de Lorraine69. Ce voyage est entrepris pour tenter de reprendre en main un royaume miné par les conflits confessionnels. Les protestants ont été éliminés de la ville, et un syndicat ou ligue de bourgeois se met en place dès 1563 pour conserver la religion catholique. Le massacre de la Saint-Barthélemy (24 août 1572 à Paris) se répète à Bordeaux le 3 octobre, où les protestants sont exterminés, le Parlement ayant planifié les opérations et les massacreurs étant excités par les prêches des prêtres catholiques. Le lieutenant du roi tente d’empêcher les tueries, mais le maire laisse lui aussi faire, le bilan s’élève à 200 ou 300 morts70. En 1585, Montaigne est élu maire de Bordeaux par les Jurats. La ville s’apaise et trouve une nouvelle source de profit dans le commerce du pastel de Garonne.

Pendant les luttes de la Fronde (1648-1653) entre la noblesse française et le roi, les bourgeois bordelais forment l’Assemblée de l’Ormée. Ce n’est qu’en août 1653 que Bordeaux est soumise par les armes et que le jeune Louis XIV y fait une entrée solennelle. En 1675, les parlementaires laissent se développer la révolte du papier timbré, provoquée par une hausse des impôts. Le Parlement est exilé plusieurs années dans le Gers, à Condom, et la ville doit loger à ses frais plusieurs régiments. Alors que la fonction de commissaire de police est supprimée après cette révolte, progressivement, une « police de proximité » se met en place, comme à Paris et à Toulouse71. En effet, depuis le xvie siècle à Bordeaux, les jurats ont créé la fonction de « dixainier », chargés de dénoncer au Jurat les contraventions aux ordonnances de police («  pour le nettoiement des rues, le port d’armes, et tardivement la déclaration des étrangers  » à la ville72). Depuis une ordonnance royale du 5 mai 1674, les dixainiers doivent veiller à ce que les habitants et hôteliers déclarent bien au Jurat les étrangers qu’ils hébergent72.

Du siècle des Lumières à l’époque Napoléonienne

Bordeaux connaît son second apogée du milieu du xviie siècle jusqu’à la Révolution française. Cette prospérité provient à nouveau de son port, qui va devenir le premier port du royaume. Ainsi, la ville compte 40 000 habitants en 1700, ce qui en fait l’un des centres urbains les plus importants du royaume71.

La traite des noirs, déjà initiée par les grandes compagnies portugaises ou anglaises notamment, va se développer peu à peu en France. Au même titre que Nantes, La Rochelle, Lorient et bien d’autres, Bordeaux devient un centre négrier et permet à certaines grandes familles de négociants de s’enrichir grâce au commerce colonial en droiture. À deux reprises pendant les décennies qui suivent, les guerres interrompent l’activité négrière — et affectent plus généralement le commerce de la capitale aquitaine — : les vaisseaux ennemis se font trop menaçants pendant la guerre de Succession d’Autriche de 1744 à 1748, puis pendant la guerre de Sept Ans de 1755 à 1762. Il faut dire qu’en 1743, six des huit navires de traites qui appareillent de Bordeaux sont pris par les Anglais73 ! Chaque fois, dès que la paix est rétablie, le trafic reprend au même rythme d’environ un départ tous les deux mois.

Progressivement, les négriers obtiennent des mesures d’encouragement d’un État soucieux de la bonne santé de ses colonies : exemptions fiscales, règlements protectionnistes, incitations financières au « troque » lointain (en Angola en 1777, sur la côte orientale d’Afrique en 1787). En 1768, le ministre Étienne-François de Choiseul récompense les Bordelais en ces termes : Le Roi étant informé que les négociants du port de Bordeaux se livrent avec beaucoup de zèle au commerce de la Traite des Nègres, qu’il résulte des états qui lui ont été présentés que, depuis le 30 avril 1767 jusqu’au 30 octobre de la même année, ils ont armé sept navires pour la côte de Guinée, qu’ils en ont actuellement six autres en armement pour le même objet ; et que si la traite était favorable, ils pourraient introduire 5 190 nègres aux colonies [...] ils jouiront de l’exemption du droit de livres par tête74.

De 1778 à 1783, la guerre d’Indépendance des États-Unis donne un nouveau coup de frein à cette expansion et on ne dénombre plus de départ de Bordeaux75.

Pendant cette période de prospérité pour la ville, les archevêques, les intendants et les gouverneurs installés par le roi, embellissent la ville, assèchent les faubourgs marécageux et insalubres et aménagent les anciens remparts. Les intendants Claude Boucher et Louis-Urbain-Aubert de Tourny font, à moindre échelle, ce que fit cent ans plus tard le baron Haussmann à Paris. L’architecte André Portier construit, à la place des portes fortifiées de la vieille ville, des arcs de triomphe majestueux comme la Porte d’Aquitaine (place de la Victoire), la porte Dijeaux (place Gambetta/ Rue Porte Dijeaux), la porte de la Monnaie (quai de la Monnaie) ou encore la porte de Bourgogne (place Bir-Hakeim). La ville se dote également d’un opéra construit par Victor Louis. À la demande de Tourny, l’architecte de Louis XV, Ange-Jacques Gabriel, crée le Jardin public, voulu comme un espace vert et un haut lieu de promenade qui rencontre très vite la faveur des Bordelais.

Gabriel construit aussi la vitrine de la ville : la place de la Bourse, alors appelée place Royale, magnifique ensemble xviiie siècle de type versaillais, qui donne sur les quais. Elle sert dans un premier temps d’écrin à la statue équestre du roi Louis XV, érigée en 1756. Cette-dernière fut fondue d’après un modèle sculpté par Lemoyne, et les bas reliefs de son piédestal, représentant la bataille de Fontenoy et la prise de Port-Mahon furent réalisés par Francin76. La flèche Saint-Michel est construite. Au mois d’août 1792, le conseil général de la commune de Bordeaux décide de la destruction de la statue qui est descendue de son piédestal le 25 août puis envoyée à Rochefort et fondue pour fabriquer des canons, les bas-reliefs célébrant deux grandes victoires françaises sont cependant conservés, ils sont aujourd’hui exposés au Musée d’Aquitaine77. Elle est remplacée en 1869 par la fontaine des Trois Grâces, réalisée d’après des plans de Louis Visconti78.

La ville devient une des capitales européennes des Lumières dont Montesquieu est le précurseur. La franc-maçonnerie bordelaise commence à se développer avec la création de la première loge anglaise en 1732. À la fin du xviiie siècle Bordeaux accueillait plus de 2 000 maçons. Bordeaux se rallie à la Révolution et devient le chef-lieu de la Gironde (1790). Un groupe politique, la Gironde, se forme. Au lendemain de l’exécution des Girondins (le 2 juin 1793), Bordeaux se soulève contre la Commune de Paris.

Dans ce période d’abolition de l’esclavage, plusieurs personnalités Bordelaises participent au courant abolitionniste de la traite négrière et de l’esclavage. Outre Montesquieu, André-Daniel Laffon de Ladebat, fils du banquier et armateur négrier Jacques-Alexandre Laffon de Ladebat, rédige en 1788 un Discours sur la nécessité et les moyens de détruire l’esclavage dans les colonies à l’Académie des sciences de Bordeaux. Cet ouvrage sera publié et lu quelques années plus tard en séance à l’Assemblée législative et sera exploité par la Société des amis des Noirs à laquelle il sera associé.

Dès son arrivée à Paris, le député bordelais girondin Armand Gensonné s’inscrit à la Société des amis des Noirs, dont l’objectif est d’obtenir l’égalité entre les hommes blancs et les hommes de couleur80. La Convention montagnarde abolit l’esclavage le 4 février 1794. Le 18 février, Tallien préside à Bordeaux la Fête de l’abolition pour célébrer d’événement, où les quelque deux cents Noirs habitant Bordeaux se joignent en liesse à la foule. La traite s’interrompt pour quelques années après cette loi — trêve aidée sans aucun doute par la reprise de la guerre avec l’Angleterre et sa marine toujours menaçante.

L’époque contemporaine

Jusqu’à la fin de l’Empire, plusieurs lois se succèdent qui mettront progressivement fin à la pratique : suspension provisoire par Napoléon le 25 mars 1815, pendant les Cent Jours, interdiction par Louis XVIII en 1818, renforcement des mesures répressives en 1827 et 1831, et abolition finale le 27 mars 184882.

La décroissance effective est plus rapide à Bordeaux qu’à Nantes : les négociants comprennent vite que le métier de négrier n’est plus aussi rentable, et devient même dangereux. Leur tradition négrière est de toute façon plus récente, moins prédominante dans l’activité économique de la ville. Surtout, l’indépendance de Saint-Domingue en 1804 a eu un effet dramatique pour le commerce maritime bordelais.

Aussi lorsque le gouvernement adresse aux ports concernés le décret d’application de la loi du 25 avril 1827, le capitaine du port de Bordeaux, Bergevin, peut répondre : Je crois à ce sujet, Monseigneur, faire observer à Votre Excellence, en l’honneur du Commerce de Bordeaux, qu’avant les décisions du gouvernement qui défendent la traite des noirs, les armateurs de cette ville avaient renoncé à cet infâme trafic et fait publier eux-mêmes cette noble détermination dans différents journaux. Il ajoute cependant — frappé d’amnésie sélective, ou négligeant en tout cas les quelque 5 % de navires armés pour la traite au long du xviiie siècle : de tout temps, Monseigneur, le commerce de Bordeaux, grand dans ses entreprises, a dédaigné la traite des noirs, pour expédier ses navires dans les mers du sud, de l’Inde et du Mexique. La traite prend fin à Bordeaux en 182684. Une ultime expédition isolée — et avortée — s’élance en 1837, celle du Voltigeur.

Après les guerres napoléoniennes, la cité se métamorphose à la Restauration avec la démolition du château Trompette, en 1816, remplacé par l’immense place des Quinconces (1818-1827), et la construction du premier pont sur la Garonne, le pont de pierre (1810-1822). Le faubourg rive droite de la Bastide connaît en conséquence ses premiers développements. La ville s’étend vers l’ouest avec la construction d’échoppes, maisons basses caractéristiques du paysage urbain bordelais.

Bordeaux poursuit sa modernisation (création des boulevards, démolition des vieux quartiers…). Elle continue son développement sur la rive droite (quartier de la Bastide) avec la construction du Pont de pierre par l’Empereur Napoléon Ier. Construit par le même architecte que ce dernier, l’Entrepôt Lainé est l’un des derniers témoignages de l’architecture portuaire du xixe siècle en Europe. L’hôpital Saint-André, fondé au xive siècle, est entièrement reconstruit en 182985.

Le 7 mai 1841, la première ligne de chemin de fer est ouverte entre Bordeaux et la Teste. Les trains partent alors de la première gare de Bordeaux, la gare Bordeaux-Ségur située rive gauche. En 1852, la ligne entre Bordeaux et Angoulême est ouverte permettant de relier Bordeaux à Paris. Les trains à destination de la capitale partent de la gare de Bordeaux-Orléans située rive droite. En 1855, la gare Saint-Jean est construite, ainsi que la voie ferrée de ceinture et la gare du Médoc (plus tard gare Saint-Louis puis Gare de Ravezies).

En 1858, le maire Antoine Gautier inaugure le premier système d’adduction d’eau de Bordeaux. L’eau est alors captée au Taillan, puis stockée rue Paulin dans un réservoir de 22 000 m3 avant de desservir les fontaines de la ville86. En 1870, Léon Gambetta forme un gouvernement à Tours qui se replie à Bordeaux. Antoine Alfred Eugène Chanzy rejoint le gouvernement à Bordeaux où il prône la poursuite de la résistance. Le maire de Bordeaux Camille Cousteau inaugure en février 1900 la première ligne de tramway électrique.

Le maire Adrien Marquet imprimera à la ville ouvrière une politique de transformation sociale en construisant ou en modernisant les équipements. Ainsi la municipalité de Bordeaux adopte en 1930 un important programme d’urbanisme appelé Plan Marquet qui permettra le développement de la cité en utilisant un vocabulaire architectural commun. Ce plan a aussi pour objectif d’engager des grands travaux afin d’atténuer les conséquences de la crise de 192988. La ville est alors créditée d’équipements publics d’une architecture Art-déco, comme la nouvelle Bourse du travail, la piscine Judaïque, le stade Lescure, le centre de tri postal Saint-Jean ou les abattoirs.

En 1940, pendant la Seconde Guerre mondiale, Paris étant menacée par l’avancée des armées allemandes, la ville accueille le gouvernement présidé par Paul Reynaud. Celui-ci s’installe au 17 rue Vital Carles, certains locaux de l’université sont réquisitionnés pour les différents ministères notamment le ministère de la défense. Auteur du Juste de Bordeaux, José-Alain Fralon écrit : Philippe Pétain et Pierre Laval s’installent à la mairie, Weygand, rue Vital-Carles. De Gaulle lui, est à l’hôtel Majestic. Tout près du quai Louis-XVIII.

Quelques jours plus tard, alors que le gouvernement français maintenant présidé par Philippe Pétain s’apprête à signer l’armistice, le consul du Portugal, Aristides de Sousa Mendes délivre, en neuf jours, des visas qui permettent à plus de 30 000 réfugiés de fuir l’avancée de l’armée allemande.

Administration

Pays France
Région Aquitaine (préfecture)
Département Gironde (préfecture)

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